Du 21 au 24 mai 2015, la galerie 42b accueillait pour sa première exposition l'artiste HOPARE. Ce qui laissait bien peu de temps pour aller voir le magnifique travail de très jeune artiste. Mais il n'était pas question que je rate ça.
Hopare est un artiste complet qui mêle abstraction et figuration dans une dynamique faisant ressurgir les souvenirs du futurisme Italien du début du XXe siècle. La modernité, la vitesse, le mouvement, l'homme nouveau, ses rapports avec la ville, une énergie vitale tout simplement, semblent animer les œuvres de ce jeune graffeur de talent. Les lanières de couleurs s'entrelacent pour faire surgir les formes et les visages de leurs supports. Hopare voyage et avance avec sa " roue " caractéristique et il nous permet de le suivre sur cette route empreinte de poésie et de magie, dans son univers coloré et organique qui tranche avec la grisaille quotidienne des rues où il prend place.
Ses portraits sont particulièrement touchants grâce à cette technique particulière de fins " rubans de soie " délimités par des " fils de nylon " noir avec un maximum de détails. Les couleurs sont vaporeuses et aériennes, elles se soumettent au mouvement de la ligne, ligne et structure si importantes dans le graffiti. C'est aussi cette linéarité souple qui donne ce cachet particulier au travail d'Hopare, une sensibilité à l'autre qui permet de s'identifier au modèle atemporel représenté.
Catherine Martin-Fauconnier (Docteur en histoire de l'art et maître de conférence à l'isfec Aquitaine)
Depuis quelques temps déjà je suis cet artiste sans le connaître vraiment. Je sais seulement que ses oeuvres me plaisent et que lorsque j'ai la chance d'en croiser une sur un mur je suis admirative. J'aime ses portraits toujours très colorés avec ces lignes noires qui donnent du relief aux visages et semblent leur donner vie. Alors là, imaginez mon plaisir à avoir sous les yeux tous ces visages incroyables. Mais aussi de pouvoir rencontrer l'artiste.
Ce plaisir commence dès que l'on arrive dans le petit passage qui mène à la galerie. Parmi les feuilles et les vieilles pierres se dresse la porte noire de la galerie. Par l'ouverture on aperçoit déjà un premier visage. On devine alors que ce qui nous attend à l'intérieur va être vraiment beau. On entre ensuite dans une grande pièce aux murs blancs sur lesquels sont installées les superbes réalisations d'HOPARE. Je fais le tour, lentement toute au bonheur de la découverte, détaillant chaque portrait. Grace à cette expo, j'apprends qu'HOPARE ça n'est pas seulement des portraits mais aussi des oeuvres plus abstraites et également des dessins au crayon. Il a également travaillé sur la carrosserie d'une Harley Davidson.
Pour mieux comprendre cette exposition, je discute un moment avec Catherine Mikolajczak qui nous accueille avec le sourire, ravie de nous parler de l'artiste, de ses oeuvres et du travail de toute une équipe pour réaliser cette magnifique exposition.
J'ai également échangé quelques mots avec HOPARE qui était présent pour signer le catalogue d'exposition. J'ai eu la surprise découvrir un tout jeune homme de 25 ans. J'avoue que je m'attendais à rencontrer un homme plus vieux. Surement à cause de la maturité qui se dégage de ses oeuvres. Mais il faut dire qu'il n'est pas venu au dessin hier ! Il a commencé alors qu'il n'avait que 12 ans. Toutes ces années lui ont donc permis d'arriver aujourd'hui à un travail très abouti.
Pour préparer cette exposition il a passé 5 mois en atelier (avec une petite coupure de quelques jours pour faire un saut à Hong-Kong ! ). Même s'il est très heureux de faire cette expo, il dit avoir hâte de retourner dans la rue car c'est quand même là qu'il aime travailler. Il a d'ailleurs prévu de réaliser une oeuvre sur un mur parisien dans les jours à venir...
Pourquoi " La rue a du charme " ? " Je peins dans la rue depuis que j'ai 12 ans. Pour moi, la rue c'est un lieu à part, un lieu d'échanges, d'initiation et de vie. C'est de là que je puise toute mon inspiration. Ces dernières années j'ai été amené à beaucoup voyager pour peindre. J'ai rencontré des hommes, des femmes, croisé leurs regards, observé leur humanité. Et peu importe le pays, je m'en suis imprégné de toutes ces atmosphères, ces émotions vécues, de toutes ces rencontres pour pouvoir les transposer sur mes toiles.
Aujourd'hui, riche de tout cela, je rentre en atelier pour me souvenir et offrir en mai prochain ma vision de la rue, tout ce que j'y ai ressenti durant toutes ces années. Reproduire ce visage, ce mouvement dont j'ai hérité, cet univers et tout ce que j'ai pu y vivre. Rendre hommage à la rue et à tout ce qu'elle m'a apporté. La rue c'est une galerie...C'est ma galerie. La rue est tout simplement pleine de charme. "
Pour vous quitter je reste dans la douceur de ces visages de femmes avec William Fitzsimmons.