Il ne m’est demandé en somme qu’un seul geste pour rester digne de la vie – et quelle qu’ait été la souffrance que j’ai subie: m’incliner. Cette loi secrète semble jouer dans toute vie.
Lorsque, après une relation malheureuse (parents, époux, amants, etc.), je me détourne et m’éloigne sans un regard, la relation est certes coupée mais ce qui demeure, c’est la dépendance. Même si la relation vivante est sectionnée, le lien têtu de l’inachevé, du malaise ou de la malédiction persiste.
Il n’y a qu’une délivrance à la dépendance maléfique: c’est l’hommage rendu. Et la conscience d’une reliance universelle.
Chaque être tente à sa façon la difficile traversée de la vie. Le succès obtenu n’est pas un critère. C’est l’élan, l’espérance secrète au plus profond de la personne, que nous saluons quand nous nous inclinons.
A ignorer cette loi du respect dû à chaque âme, le monde s’enfonce dans l’agonie. Chacun réclame et encaisse son dû sans dire merci, les fesses et les mâchoires serrées, le coeur sec.
Des mercenaires, des brokers, des chicaneurs et des blasés ont débarqué là où la Vie invite des danseurs, des voltigeurs, des adorateurs, des porteurs de flambeaux.Christiane Singer – N’oublie pas les chevaux écumants du passé.