Le sénat a donc adopté sa version de la loi Macron, avec notamment l'extension du travail dominical aux commerces de biens culturels. Ces prochains jours, il devrait sortir de la commission mixte paritaire, composée des représentants des deux assemblées, une seule version de la loi qui sera soumise au vote de l'assemblée nationale.
Il y a de grands risques que le texte qui sera présenté à l'assemblée nationale ressemble à la version votée par le Sénat. Le gouvernement Valls y est favorable, et je ne pense pas que le députés frondeurs socialistes osent en plein congrès du parti s'y opposer frontalement tant le rapport de forces leur est très défavorable.
L'aile gôche du PS ressort laminée du dernier congrès avec moins d'un tiers des voix exprimées. Elle n'a pas su convaincre, ou plutôt, il lui était impossible de l'emporter dans ce parti qui compte essentiellement des professionnels de la politique... complètement déconnectés des réalités sociales, et qui, pour la plupart, n'ont jamais durablement travaillé en qualité de salariés ou de fonctionnaires lambda, ni connu la précarité.
L'amendement portant extension du travail dominical aux commerces de biens culturels pris par la droite avec le soutien de Macron et de Valls révèle combien le gouvernement est sensible aux doléances du patronat. A contrario, il est resté totalement imperméable aux arguments des syndicats, aux témoignages des salariés usés par des cadences infernales et par une organisation du travail à flux tendus, ainsi qu'aux études relatives à l'impact du dimanche sur les salariés :
« Aux Champs-Élysées, le rythme pour un salarié est d’au moins quatorze dimanches dans l’année, avec en moyenne un sur trois travaillé. Une cadence destructrice. Sur « la plus belle avenue du monde », Didier Tatard constate que les risques psychosociaux ont explosé. « Cela conduit à des attitudes dépressives, à des burn-out. Ça fait dix-huit ans que les gens n’ont plus de vie de famille, ils sont déstructurés socialement. » Christian Lauliac, élu SUD au comité d’entreprise, acquiesce : « On est tellement fatigués que, pendant nos jours de congés, on ne fait parfois pas grand-chose. » Employé dans l’enseigne depuis 2001 aux rayons vidéo et musiques de films, il a aussi développé une tendinite au genou à force de se baisser et de se relever pour chercher des DVD dans les tiroirs. »[1]
La loi Macron illustre la philosophie du quinquennat en cours, l'oligarchie et les profits d'abord, les salariés après et la régression sociale toujours :
« Des acquis qui pourraient être remis en cause par la loi Macron. En 2001, un accord a été signé à la Fnac, stipulant que le travail dominical est indemnisé à 200 %. Mais tous les magasins ne sont pas logés à la même enseigne. À Toulouse, André Chapuis, délégué syndical central CGT pour Fnac Relais (boutiques de province), précise : « Nous sommes payés sur la base d’un forfait de 70 euros brut par jour, ce qui n’est pas énorme ! » Avec une augmentation collective des salaires de 0 % en 2014, des revenus à peine au-dessus du smic, certains employés de la Fnac sont contraints d’aller au charbon le dimanche pour mettre du beurre dans les épinards. »
C'est donc ce modèle antisocial que la loi Macron va généraliser... Après, il ne restera plus à la droite et à l'extrême droite qu'à imposer les boulots à deux euros de l'heure aux chômeurs, puis l'esclavage, non ?
Note
[1] L'Humanité : Le travail du dimanche cache déjà une forêt de précarité