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[Critique] TERMINATOR 2 : Le Jugement Dernier

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] TERMINATOR 2 : Le Jugement Dernier

Titre original : Terminator 2 : Judgement Day

Note:

★
★
★
★
★

Origine : États-Unis/France
Réalisateur : James Cameron
Distribution : Arnold Schwarzenegger, Edward Furlong, Linda Hamilton, Robert Patrick, Joe Morton, Earl Boen, Xander Berkeley…
Genre : Science-Fiction/Fantastique/Action/Suite/Saga
Date de sortie : 16 octobre 1991

Le Pitch :
En 2029, après l’échec dans sa tentative d’éliminer Sarah Connor, Skynet programme un nouveau Terminator encore plus perfectionné et l’envoie en 1995, afin de s’attaquer cette fois-ci au jeune John Connor, le futur chef de la résistance humaine dans la guerre contre les machines. La résistance qui riposte en envoyant un T-800 reprogrammé pour protéger John. Une lutte à mort s’engage alors, dans le présent, entre deux générations de Terminator…

La Critique :
Attention, on parle ici de l’un des meilleurs films de l’histoire du cinéma. Rien de moins. En 1991, James Cameron a bouleversé son monde. Non content d’avoir, avec le premier Terminator, posé de nouvelles règles, le voici qui nous fait son Francis Ford Coppola et qui réalise le Parrain 2 de la science-fiction. Une monumentale claque dans la tronche. Le film de tous les records. Un classique n’ayant absolument rien perdu de sa puissance. Le meilleur volet de la saga.

La sortie de Terminator 2 défraya réellement la chronique. Film le plus cher produit (100 millions de dollars et des « poussières ») jusqu’alors, il permit également à Arnold Schwarzenegger d’empocher entre 12 et 15 millions qui finit d’entériner son image de poids lourd du box office mondial. Il révéla également le jeune Edward Furlong, alias John Connor, et tant pis si par la suite, le comédien ne fut pas tout le temps à la hauteur des espoirs que le public avait placé en lui. Blockbuster parmi les blockbusters, Terminator 2 mit la concurrence au tapis et fut pendant longtemps le garant d’une excellence propre à un spectacle malin, et superbement mis en image par un type réellement visionnaire en pleine possession de ses moyens.
C’est bien simple : tout s’imbrique à la perfection.

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Suite directe, mais aussi, d’une certaine façon, remake déguisé du premier volet, Terminator 2 tient véritablement de l’exploit sur un plan purement narratif. Car oui, ce n’était pas forcément gagné dès le départ. Alors que le premier opus faisait preuve d’une noirceur à toute épreuve, à peine éclairée d’une mince lueur d’espoir, et tenait à certains moment carrément du film d’horreur, Terminator 2 choisit d’inclure dans l’équation de l’humour, d’alléger la violence et de faire de Schwarzenegger, un gentil Terminator. Un robot reprogrammé par la résistance pour protéger John Connor, qui a la stricte consigne de ne tuer personne. Une machine implacable transformée par Cameron en une espèce de père de substitution pour un jeune adolescent paumé en manque de repères. D’emblée, le parti-pris surprend et caresse un peu les fans de la franchise à rebrousse-poils. Mais à l’arrivée, ça fonctionne. Arnold ne tire plus dans la tête mais dans les rotules et balance de bonnes punchlines comme seul le cinéma de l’époque en avait le secret. En face par contre, le T-1000, nouvel antagoniste en métal liquide interprété par un glacial Robert Patrick, massacre tous ceux qui ont le malheur de se retrouver en travers de sa route. En apparence plus « léger » que son prédécesseur, T2 ne l’est finalement pas tant que cela, car il compense. Il utilise notamment l’image de gentil d’Arnold et en joue pour faire de lui l’ultime rempart contre un mal plus puissant, plus perfectionné et plus malin. L’opposition entre les deux Terminator, qui ne tardent pas à se mettre joyeusement sur la carcasse, tient alors toutes ses promesses et offre de grands moments d’anthologie rentrés depuis dans la légende de la science-fiction contemporaine. Que l’on parle du face à face dans le fameux couloir, de la course camion/moto, ou encore de la bataille finale dans la fonderie, Terminator 2 table à fond les ballons sur ses deux cyborgs, en utilisant tour à tour les forces et les faiblesses de chacun pour organiser une sorte de déclinaison ultra rentre-dedans du combat de David contre Goliath.
Il convient aussi de souligner la sensibilité de ce géant de fer capable d’apprendre. Ce coup-ci, Cameron fait d’Arnold, un monstre de Frankenstein bien-veillant. Il détourne les codes du mythe de Prométhée pour faire de sa créature charismatique le garant d’une espoir ténu mais bien réel. Au fur et à mesure qu’il observe les humains, et même si sa condition lui interdit tout attachement affectif, le T-800 fait contre-poids avec le désespoir d’une Sarah Connor pour sa part transformée en furie hallucinée, lancée dans une lutte à mort contre une menace qu’elle sait concrète et fatale. Un durcissement de ton du côté du personnage dont Linda Hamilton profite pour livrer une prestation à tomber à la renverse, tout en rage et en émotions en fleur de peau. Les muscles saillants, les traits émaciés, la comédienne explose tout sur son passage au propre comme au figuré, monte dans les tours en permanence et réussit l’exploit de ne jamais tomber dans la surenchère, tout en rendant logique une évolution en adéquation totale avec les enjeux posés dans le premier épisode. Le trio qu’elle forme avec Schwarzie et un Edward Furlong parfait en tous points, est l’un des nombreux points forts du métrage. Ensemble, ils mènent la danse face à Robert Patrick, seul garant de la menace implacable des machines contre l’espèce humaine.

L’Apocalypse selon James Cameron s’apparente à un raz de marée complètement fou. Rythmé par la musique toujours aussi pertinente de Brad Fiedel à laquelle s’ajoute le furieux You Could Be Mine des Guns N’ Roses, Terminator 2 pousse à nouveau tous les compteurs dans le rouge. Techniquement, car il est impossible de ne pas parler des innovations techniques que le film a apporté, le show est sans précédent. Trois compagnies furent sollicitées pour mettre en image les désirs de Cameron, à savoir Fantasy II Films Effets, 4-Ward et surtout ILM, qui fut chargé de donner vie au T-1000, le Terminator fait de métal liquide. Le représentant d’une nouvelle technologie (le morphing) aussi effrayant que spectaculaire, garant de l’aspect révolutionnaire du film.
Pourtant, si Terminator 2 a fait avancer les effets-spéciaux au cinéma de manière considérable, James Cameron a aussi tenu à ne pas entièrement se reposer sur les ordinateurs. La sœur jumelle de Linda Hamilton fut par exemple appelée pour certaines scènes et tout ce que l’on peut voir en matière de poursuites routières fut vraiment réalisé. À l’écran, le mélange est parfait. Homogène, presque lyrique, sans aucune concession et d’une maîtrise technique exceptionnelle. James Cameron a bien sûr lui aussi évolué. Dans sa façon d’inclure de nouvelles données jusqu’alors inaccessibles, compte tenu des avancées technologiques, mais aussi dans sa façon de réaliser. En donnant l’impression de ne s’imposer aucune limite, le cinéaste prouve une nouvelle fois qu’il fait partie d’un cercle très restreint. On peut même avancer qu’en 1991, personne ne s’est encore hissé à son niveau. Il écrit l’histoire. Il refait le monde selon sa volonté. Redéfinit les contours d’un cinéma en pleine mutation.

Épopée anthologique rock and roll, lancée à 300 km/h sur une autoroute dédiée à sa grandeur, Terminator 2 : Le Jugement Dernier a, à l’instar de son prédécesseur, remarquablement vieilli. Même les effets-spéciaux les plus aboutis, aujourd’hui rendus obsolètes par les nouvelles technologies, font toujours mouche. Comble du comble, Terminator 2 rend même certains films très récents totalement ringards. Grâce à la minutie d’un réalisateur ayant résisté à la tentation de ne pas se laisser déborder par un trop plein d’effets, T2 est devenu une sorte de roc. Un insubmersible fabuleux. Un film à la croisée des genres, qui propose un éventail jubilatoire d’émotions et de sensations. Le redécouvrir aujourd’hui en HD va dans ce sens et prouve si besoin était la modernité de ce chef-d’œuvre total et définitif.

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Studio Canal


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