Il y a cinquante ans, un insecticide de l’entreprise américaine Monsanto, le DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) était utilisé partout dans le monde jusqu’à ce que le livre “Printemps silencieux”, écrit en 1962 par le biologiste Rachel Carson, démontre qu’il était cancérigène. Une décennie plus tard, ce produit était interdit aux Etats-Unis.
Aujourd’hui, les meilleurs spécialistes mondiaux du cancer lancent un cri d’alerte à propos d’un autre désherbant, le Roundup, fabriqué encore par Monsanto et qui est probablement cancérigène...
Le Roundup est le nom commercial de l’herbicide produit et commercialisé par Monsanto dont l’élément de base est le glyphosate. Il est couramment utilisé comme désherbant agricole, domestique et urbain. Sur de grandes surfaces cultivées, dans les pays où cela est autorisé, il peut être diffusé par épandage aérien.
On retrouve des traces de ce produit dans les champs, les jardins, les rues, les aires de jeux d’enfants et bien sûr dans la nourriture. Près de 50% des fruits et des légumes produits par l’agriculture intensive contiennent en effet des résidus qui finissent dans nos organismes, apportés par les aliments consommés mais aussi par l’eau et l’air. De plus, son usage massif par les agriculteurs depuis la fin des années 1990 a conduit à l'apparition de mauvaises herbes résistantes au glyphosate.
Aux Etats-Unis, une étude publiée en 2011 par l’US Geological Survey a montré que dans certaines régions, le glyphosate était présent à des niveaux mesurables dans les trois quarts des échantillons analysés d’air et d’eau de pluie.
En Colombie, le glyphosate est notamment utilisé par le gouvernement pour détruire les champs de coca produisant de la drogue. Ces actions détruisent aussi des milliers d'hectares de forêt tropicale, parfois classés réserves naturelles, comme la forêt du Putumayo, et des exploitations agricoles légales.
En France, c’est le pesticide de synthèse le plus utilisé. Il s’en est répandu plus de 8 000 tonnes en 2011, loin devant les 2 700 tonnes du deuxième fongicide le plus populaire, le mancozèbe. Selon le rapport rendu en 2010 par l’Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), «le glyphosate est en France le principal responsable du déclassement de la qualité des eaux ».
Mais en plus de ses propriétés toxiques et irritantes déjà connues, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a publié en mars 2015 une monographie classant le glyphosate parmi les « cancérogènes probables ou possibles » pour l’Homme. Cette classification repose sur des indications limitées de cancérogénicité chez l’homme et des indications suffisantes de cancérogénicité chez l’animal de laboratoire. L’évaluation des risques a été faite à partir d’études sur les expositions agricoles menées aux États-Unis, au Canada et en Suède. Les chercheurs ont méticuleusement passé en revue des publications indépendantes, en éliminant toutes les études commanditées par les multinationales en quête d’une validation de leur produit.
Depuis, la firme Monsanto fait tout pour que l’agence de l’OMS retire ce rapport, déclarant que le CIRC ignorait des études qui considèrent le glyphosate sans danger. Dans un communiqué, la société, basée dans le Missouri, a protesté, en termes crus, contre l’avis du CIRC et fustigé la « science poubelle » (junk science, dans le texte) de l’agence intergouvernementale. Et dans une lettre datée du 20 mars dernier, Monsanto intime même à Margaret Chan, la directrice générale de l’OMS, de faire « rectifier » l’opinion du CIRC.
Certains pays ont déjà interdit le glyphosate. L’UE, les États-Unis, le Canada et le Brésil sont en train de réévaluer son autorisation. De leur côté, les Pays-Bas, le Sri Lanka et le Salvador envisagent une interdiction totale pure et simple.
En France, deux ONG, France nature environnement (FNE) et Générations futures ont réclamé le retrait de la vente du Roundup, certaines que les experts européens et allemands ne pourront pas ignorer l’avis du CIRC, pas plus que d’autres travaux récents sur des risques autres que le cancer.
Mais l’interdiction totale du glyphosate sera longue et difficile. La plupart du temps les autorités de réglementation s’en remettent à des évaluations réalisées par les multinationales et 58% des groupes scientifiques de l’Agence européenne de sécurité des aliments entretiennent des relations avec le secteur privé. La composition particulière par exemple du groupe d’experts « Pesticides » de l’agence allemande est significative : le tiers des membres de ce comité sont directement salariés… par des géants de l’agrochimie ou des biotechnologies !
Aujourd’hui, il faut avant tout protéger la santé des citoyens européens, s’assurer que les consommateurs ne sont pas utilisés comme cobayes et continuer le combat pour une agriculture raisonnable et durable dont le monde a besoin.
Si le glyphosate peut être nocif, il faut faire valoir le principe de précaution dès maintenant et ne pas tolérer ce produit sur nos étalages pendant encore dix ans !
Pétition à l'attention de M. Vytenis Andriukaitis, Commissaire européen à la santé, aux administrations responsables aux États-Unis, au Canada, au Brésil ainsi qu'aux ministres et aux autorités en charge des politiques sanitaires et environnementalesEn tant que citoyens du monde entier, nous sommes inquiets d'apprendre que le glyphosate est "probablement cancérigène". Nous vous demandons d'appliquer le principe de précaution et de suspendre immédiatement l'autorisation de ce produit, que l'on retrouve dans des herbicides tels que le Roundup de Monsanto.
Nous vous demandons également d'inclure les travaux du Centre international de recherche contre le cancer dans vos évaluations de sécurité en cours, qui doivent être transparentes, se baser sur des études indépendantes et être évaluées par des chercheurs indépendants sans conflit d'intérêts. Par ailleurs, vous devez garantir la non-exposition des personnes à ce produit tant que son innocuité n'est pas démontrée.
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