du 27 mai au 11 juillet 2015
Vernissage mardi 26 mai à 19 h
Ma première rencontre avec l'auto-cross eut lieu lors d'une déambulation photographique en septembre 2012 sur le territoire des flandres, française et belge. Attaché depuis longtemps à ce paysage où se côtoient collines et plaines, et qui me renvoie à l'imaginaire de la peinture du romantisme allemand mais aussi aux tableaux de la peinture flamande, de Joachim Patinir à Pieter Brueghel, en passant par Jérome Bosch, je cherchais alors une façon de traiter de ces paysages dans mon travail personnel. Il s'est offert à mes yeux ce jour-là, non loin de Kemmel en Belgique, une scène atypique, tout droit sortie d'un fantasme. Une voiture tournait à toute vitesse dans un champ, à proximité de la route, sans but apparent. Elle y creusait le sol en formant un cercle infini. Hypnotique, ce mouvement circulaire tombait pour moi dans le registre du Land Art, comme une intervention volontaire sur le paysage, la volonté d'inscrire une trace, un tracé même, de sculpter dans la matière même du paysage. Ce geste sculptural semblait réunir des notions qui habitent ma recherche artistique depuis toujours, et notamment la manière dont l'homme investit le territoire qu'il habite et construit des paysages.
L'auto-cross, et par la suite le "Big Bangers", se sont très vite imposés à moi comme motif principal pour aborder ce territoire, un point de bascule entre deux imaginaires à la fois proches et lointains, celui de la peinture flamande avec sa représentation du désordre et du chaos, et celui des films d'anticipation mettant en scène l'apocalypse, ou une vision chaotique du futur, comme Blade Runner, ou Terminator.L'auto-cross est une pratique amateur de courses de voitures, dans laquelle les chocs entre concurrents sont permis et même recherchés. Ce sport populaire a donné naissance à des pratiques indépendantes, où des passionnés se retrouvent dans des champs, notamment sur le territoire des flandres, comme pour un combat clandestin. Le Big Bangers, dérivé de l'auto-cross, est plus encadré, car se pratiquant, en Belgique en tout cas, sur un circuit privé (situé à Ploegsteert). Mais le Big Bangers, comme son nom semble l'indiquer, est aussi beaucoup plus violent. Il n'y a en soit d'autre but que la destruction atteignant son paroxysme lors des sessions "Unlimited Bangers". Même en compétition, ce sport amateur n'engendre aucun gain pour les participants. L'enjeu pourrait se résumer en une phrase, celle annotée sur le capot d'une Jaguar que j'ai récupéré "Not for a trophy but a good crash".
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