Car c'est à cette époque, 1953, que se situe "Carol". Todd Haynes lui est donc fidèle puisqu'elle demeure véritablement l'incarnation de l'Amérique resplendissante. Aussi parvient-il à l'évoquer à merveille dans la première partie de son film. D'autant qu'elle se déroule lors des préparatifs de Noël, période clés dans la cellule familiale tipyque. Il capte et transmet cette atmosphère avec une distinction pleine d'élégance et de communicabilité touchante. En petite vendeuse modèle, Rooney Mara n'est pas sans rappeler Audrey Hepburn par son visage fin et juvénile, ce qui colle parfaitement à l'époque.Alors que Todd Haynes, couronné dans les festivals internationaux, est très original dans ses sujets, son écriture et son traitement, avec "Carol" - adapté de Patricia Highsmith qui a sorti ce roman sous le pseudonyme de Claire Morgan -, il reste d'une sagesse extrême, à l'image des années 50 américaines qu'il évoque. C'est sans doute là que l'originalité demeure.
Face à elle, Cate Blanchett incarne toute l'aristocratie de la côte Est. Sophistiquée, tirée à quatre épingles, au langage choisi, elle incarne l'inaccessible. C'est pourtant elle qui va séduire Thérèse (Rooney Mara) qui ne va se faire prier par cette femme en rupture de sentiments, et qui retrouve en elle sa propre déception des hommes. Tout cela marcherait à merveille s'il y avait un peu plus d'audace dans la mise en scène.
source: Culturebox