Magazine Cinéma

Rosetta - 4/10

Par Aelezig

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Un film de Luc et Jean-Pierre Dardenne (1999 - Belgique, France) avec Emile Dequenne, Fabrizio Rongione, Olivier Gourmet, Anne Yernaux

Misérabiliste, heureusement illuminé par Dequenne.

L'histoire : Rosetta est une jeune fille en colère. En colère contre sa mère, épave alcoolique qui échange ses faveurs sexuelles contre des bouteilles ; en colère contre cette caravane pourrie dans laquelle elles vivent ; en colère contre les patrons qui ne lui donnent que des mois d'essais ou la licencient sans explication ; en colère contre le monde. Elle voudrait tellement trouver un vrai job et vivre normalement...

Mon avis : Pfff... Deuxième Dardenne en trois jours. Deuxième prise de tête. J'ai regardé jusqu'au bout, je ne sais pas pourquoi, sans doute pour Emilie Dequenne, fabuleuse, mais mal m'en a pris : ça finit en queue de poisson, j'ai rien compris !

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La réalisation est déjà très space. Caméra à l'épaule ; voire sur la tête, tellement elle bouge. Elle suit la gamine de très près, et comme celle-ci est une boule d'énergie, le cadreur a du mal à suivre (ou il fait exprès, dans quel but, je sais pas). Gros plan sur la joue gauche, descente sur le bras, la main, retour flottant vers le visage, puis sur les pieds, zap sur les cailloux car Rosetta est déjà barrée ailleurs, hop on attrape un bout de jupe qui flotte au vent. Ca m'énerve ! Quel intérêt ? Au moins dans Deux jours, une nuit, la façon de filmer correspond mieux à mon sens de l'esthétique. Par contre, idem, l'intrigue est extrêmement répétitive : crises de rage contre sa mère, déambulations sur les trottoirs mouillés pour trouver du boulot, retour dans la forêt où elle cache ses bottes en caoutchouc pour pouvoir aller braconner du poisson, et hop retour à la case départ, etc. etc. etc. 

Zola racontait aussi le misérabilisme, mais il nous contait de vraies histoires. Les personnages avaient un passé, un présent, un avenir. On peut les situer, les analyser, les comprendre. Ici, rien. Comment en sont-elles arrivées là ? Mystère. La mine renfrognée de Rosetta et ses coups de poings vengeurs mériteraient explication, ne serait-ce que pour éprouver un minimum de sympathie pour elle. Elle est si dure (elle songe à laisser son copain se noyer... pour lui piquer son boulot), si intransigeante, si têtue... (c'est peut-être pour ça qu'elle n'arrive pas à garder ses jobs, les patrons n'aiment que les béni-oui-oui, sourire au lèvres et bien peignés). En même temps, elle est si sincère dans sa recherche d'emploi et elle joue (avec rudesse) les mamans envers sa propre mère... On pourrait s'attacher à elle, se dire qu'elle n'a pas eu de chance, qu'on pourrait l'aider... mais on a peur de se prendre une beigne !

Heureusement que la prodigieuse Emilie Dequenne donne le change ! Malgré ses sourcils froncés et sa hargne permanente, sa peau si lumineuse, comme celle d'un bébé et son regard intense font passer quelque chose... C'est un peu comme Sandrine Bonnaire dans Sans toit ni loi, une tête à claque, mais avec une étincelle qui nous empêche toujours de la laisser tomber. On retrouve aussi le côté borné du personnage, parfois incompréhensible, et le même style documentariste, qui pose des questions certes, mais nous ôte l'envie d'y réfléchir tant on manque de renseignements sur le pourquoi de la situation. 

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En tous cas, pour le moment, je ne comprends rien au cinéma des Dardenne...

Comme le disait 2 Flics à Miami tout récemment, en commentaire de Deux jours, une nuit des mêmes frères Dardenne : autant voir un docu sur la situation de l'emploi et des personnes en précarité ! J'ai beaucoup de mal avec ces films qui suivent du quotidien misérabiliste (donc sans une once d'humour, de dérision, de réflexion), presque minute par minute, en caméra agitée, de gens qui vivent... des actions, des gestes.

M'intéresse pas. Et pourtant... dans le genre drame social, il y a Ken Loach bien sûr, que j'adore, mais aussi quelques pépites, comme la merveilleuse Louise Wimmer, dont le personnage porte en elle un optimisme fiérot qui empêche le film de tomber dans le pathos absolu.

Malgré la Palme d'Or à Cannes et l'engouement de la critique, le public lui n'a pas vraiment adhéré : les commentaires sur le net sont très durs.

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Le seul atout du film : avoir révélé le talent d'Emilie Dequenne (prix d'interprétatino à Cannes), qui ne s'est jamais démenti depuis.


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