genre: art martiaux
année: 2003
durée: 1h56
l'histoire : Japon, 19 ème siècle, Zatoichi, le voyageur aveugle et combattant emérite arrive dans une petite ville ou règnent la violence, et fait la connaissance de deux geishas ivre de vengeance, qu’il va décider d’aider.
La critique :
Au début des années 60, le personnage de Zatoichi et son interprète, Shintaro Katsu, deviennent extrêmement populaires dans toute l’Asie grace au long métrage La Légende De Zatoichi : Le Masseur Aveugle, première aventure qui donnera naissance à une longue saga composée de 26 longs métrages et une série télé, le tout s'étalant sur près de vingt ans.
L’idée de reprendre le rôle du masseur aveugle dans un nouveau long métrage au début des années 2000 apparaît donc comme une véritable folie, tant le personnage demeure indissociable de son interprète.
Ce dont est conscient le réalisateur Takeshi Kitano, raison pour laquelle il choisit de se démarquer quelque peu du personnage d’origine : "Zatoichi, incarné par Katsu avait les cheveux sombres, était habillé dans un kimono très coloré et portait une canne-épée marron. Cette apparence physique avait très bien fonctionné en son temps mais je tenais à m'en éloigner de manière ostentatoire. Mon Zatoichi est un homme plus coquet et excentrique. Ses cheveux sont blond platine et sa canne-épée d'un beau rouge sang. De même, en termes de caractère et de mentalité, il est nettement plus détaché des autres personnages sur le plan émotionnel. Le Zatoichi de Shintaro Katsu avait un côté réconfortant dans les relations qu'il avait avec les villageois. Le mien ne se mêle pas vraiment aux gentils. Il se contente de pourfendre les méchants."
Lorsque Chieko Saito, une amie intime de Shintaro Katsu, commence à évoquer ce projet à Kitano, celui ci commence d’ailleurs par refuser : " Le projet m'intéressa immédiatement, car je n'avais à ce jour jamais travaillé sur un film historique et en costumes. Mais lorsqu'elle a ajouté qu'elle souhaitait que je reprenne le rôle titre, j'ai paniqué. Il n'était pas question que je remplace Shintaro Katsu dans ce personnage qu'il avait marqué de sa personnalité. J'ai donc poliment décliné l'offre, mais c'était sans compter sur la ténacité de Madame Saito ». Le réalisateur décide donc de faire table rase de la version précédente et choisit de se réapproprier l’univers et le personnage de Zatoichi.
L’histoire se situe au début du XIXe siècle, et commence au moment où Zatoichi, masseur aveugle itinérant, arrive dans un village où règne la violence. Trois bandes rivales se font la guerre et les habitants en subissent les conséquences.
L’homme fait également la connaissance de deux Geishas, en fait une sœur et un frère travesti, venus effectuer une vengeance sanglante contre les hommes qui ont massacré leurs parents, qu’il va finir par aider. Avec Zatoichi, Kitano signe une version très singulière des aventures de ce personnage. Outre le coté physique (Zatoichi est désormais blond, petit, mais son apparente fragilité n’est qu’une façade) et les quelques aménagements (notamment dans la scène final où on découvre qu’il n’est pas aveugle), le réalisateur se permet également d’aborder des thèmes jamais évoqués dans le genre, comme la pédophilie (le petit garçon obligé de vendre son corps à des hommes pour pouvoir manger) à travers des personnages jamais unilatéraux. Dans le village où débarque le masseur, la méchanceté règne plus que la gentillesse, mais tout le monde a ses raisons qui les poussent à la cruauté.
Je pense en particulier à ce samouraï contraint de s’engager comme garde du corps et de tuer pour avoir assez d’argent et soigner son épouse mourante.
Avec son film, Takeshi Kitano s’autorise toutes les libertés, et surprend souvent, notamment dans un final où le film part soudainement en comédie musicale avec la plupart des acteurs qui dansent face caméra. Le problème est qu’en voulant multiplier les situations et les personnages, Takeshi Kitano finit parfois par perdre complètement de vue que le véritable héros de l’histoire doit être Zatoichi, qui se retrouve à de nombreuses reprises relégué au second plan.
Au final, cette version, malgré ses imperfections, notamment ce côté brouillon dont j’ai parlé plus haut, mérite le coup d’œil, même si on était en droit d’attendre un peu plus de la part de Kitano.
Note: 14/20
TITI70