Agnès Saal, ex-PDG de l'INA, le 31 juillet 2014. (Photo Dominique Faget. AFP)
Entre la révélation fin avril du montant de ses notes de taxi et aujourd'hui, Agnès Saal a démissionné de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), puis a été repêchée en obtenant un poste au ministère de la Culture. Pour ceux qui n'auraient pas suivi, retour sur la chronologie des événements.
Mercredi 21 avril. A la veille d'un conseil d'administration, un courrier anonyme de 36 pages est envoyé au domicile des administrateurs de l'INA. Le document présente des factures et relevés de courses de la société de taxis G7 pour un total de 40 915 euros. Entre mai 2014 et mars 2015, Agnès Saal a dépensé au moins 32 000 euros, en plus d'un abonnement de 7 000 euros.
Lundi 26 avril. Le Figaro révèle que la PDG de l'INA a dépensé 40 000 euros en frais de taxi. Une partie de ces dépenses émanaient du fils d'Agnès Saal, qui avait confié son code G7 professionnel à sa progéniture. Qui ne s'est pas gênée pour faire exploser les kilomètres : avec 6 700 euros de frais de taxi en dix mois, le fiston n'a manifestement pas trop pris le métro.
Mardi 27 avril. L'information est reprise à peu près partout (à Libé, on en profite pour se demander où on peut aller avec 40 000 euros de taxis). Acculée, Agnès Saal s'engage à rembourser les courses de son rejeton, ainsi qu'une partie des 7 800 euros facturés les week-ends, correspondant aux trajets privés. Le soir même, elle démissionne, à la demande de la ministre de la Culture, Fleur Pellerin. Qui déclenche, dans la foulée, une enquête administrative, soit, en d'autres termes, une procédure disciplinaire.
Mercredi 20 mai. Le directeur général de l'Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (Ifcic), Laurent Vallet, est nommé à la tête de l'INA en Conseil des ministres. Le même jour, le Monde révèle qu'Agnès Saal a été réintégrée au ministère de la Culture, son affectation d'origine. L'ancienne PDG est en effet fonctionnaire. Selon le quotidien du soir, Agnès Saal est rattachée au secrétariat général du ministère et a un titre de "chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences", "un titre qui n'est pas particulièrement prestigieux, sans avantage attaché à la fonction", précise le journal.
Jeudi 21 mai. La ministre de la Culture s'exprime. "Je comprends très bien l'émotion que suscite cette réintégration même si, en réalité, il s'agit uniquement de l'application du droit de la fonction publique", explique Fleur Pellerin au micro de RTL. Ce "n'est pas une création de poste et donc un privilège qui aurait été donné à Agnès Saal [...] Il ne faut pas donner l'impression qu'Agnès Saal n'a pas été sanctionnée. Il y a eu une réelle sanction puisqu'elle était présidente de l'INA, elle est aujourd'hui chargée de mission", insiste-t-elle.
Selon le Point, qui cite des sources rue de Valois, en attendant les résultats de l'enquête, il aurait été aussi possible de "placer Agnès Saal en vacances aux frais du contribuable", ce qui n'a "pas été jugé souhaitable". "C'est donc un petit placard qui a été trouvé pour la patronne déchue de l'INA (chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) en attendant la suite des procédures" écrit le journaliste.
Et maintenant ? "Un conseil de discipline devra statuer sur les suites à donner à l'enquête que nous sommes en train de conduire", a précisé la ministre. "Cette réintégration ne l'exonère pas des procédures disciplinaires qui seront engagées en temps voulu", avait-on déclaré auparavant au ministère.
La Cour des comptes pourrait aussi contrôler les dépenses de l'INA, ce qui pourrait englober, selon la période choisie, celle des dépenses d'Agnès Saal, ajoute le Point. Une procédure devant la Cour de discipline budgétaire et financière pourrait ainsi être entamée.