La construction du nouveau canal reliant les océans Atlantique et Pacifique risque de priver les Etats-Unis de leur monopole dans la région, en donnant carte blanche aux pays émergents. L'ambitieux projet de construction du canal du Nicaragua, censé
constituer une alternative au canal de Panama, franchit une nouvelle
étape. L'étude de faisabilité du projet et un rapport d'experts relatif à
son impact socio-économique et environnemental, que les investisseurs
et les parties prenantes attendent depuis un moment, seront rendus
publics en mai, a annoncé le représentant commercial de la Russie au
Nicaragua Petr Pankratov.
L'idée de construire une voie
alternative reliant l'Atlantique et le Pacifique au Nicaragua existe
depuis plusieurs années. Mais sa réalisation est devenue possible sous
la présidence de Daniel Ortega, au pouvoir depuis 2007, qui a réussi à
attirer les investissements dans le pays. En 2012, l'Assemblée
nationale du Nicaragua a adopté le projet de la construction du Grand
canal interocéanique du Nicaragua. Ce n'est qu'en décembre 2014 que sa
mise en œuvre a finalement été lancée.
Le canal aura une
longueur d'environ 280 km et coûtera 50 milliards de dollars. Sa
construction, confiée à l'entreprise chinoise HK Nicaragua Canal
Development Investment (HKND), devrait être terminée vers 2019.
Outre la construction du canal, le projet comprend la construction
de l'infrastructure nécessaire, d'un aéroport international, des ports
et d'un oléoduc. Les autorités du pays y placent de grands espoirs.
Selon le fils du président nicaraguayen Laureano Ortega, la réalisation
du projet contribuera à redresser l'économie du pays via la création de
nouveaux emplois, la mise en place d'une zone de libre-échange, le
développement d'un réseau de transports et l'attrait des investissements
étrangers.
"Notre objectif est d'utiliser les possibilités du
canal au profit de notre pays, il ne s'agit surtout pas de transformer
le Nicaragua en annexe du canal", a indiqué M.Ortega dans l'interview
accordée à la chaîne de télévision russe REN-TV le 19 mai dernier.
Si le projet est réalisé, le Nicaragua deviendra un Etat de transit
numéro un dans la région, puisque les capacités du nouveau canal
dépasseront largement celles du canal de Panama.
"C'est un
projet d'une grande envergure, qui peut changer le commerce
international et apporter les bénéfices économiques et sociaux
non-négligeables au Nicaragua, à ses voisins et à l'ensemble de
l'Amérique latine", a déclaré le porte-parole de HKND Ronald
MacLean-Abaroa.
Les Etats-Unis, anciens propriétaires du canal
de Panama, ont toujours une grande influence dans la région. La perte du
monopole sur le commerce dans la zone leur porterait un coup
géopolitique dur. En plus, la montée en puissance de la Chine, qui
pourrait importer du pétrole et d'autres matières premières plus
facilement via le nouveau canal, est un scénario indésirable pour
Washington.
Les Etats-Unis cherchent à entraver la mise en œuvre
du projet. L'ambassade américaine à Managua a déjà exigé que les
autorités nicaraguayennes dévoilent les résultats d'un suivi écologique
et des appels d'offres. Selon les Etats-Unis, la construction du canal
pourrait provoquer une catastrophe écologique. Pourtant, en dépit des
tentatives de l'Amérique du Nord de sauvegarder son hégémonie, il
devient de plus en plus évident que l'époque du monde unipolaire est
révolue.
Source: SputnikNews