"Je pense de plus en plus sérieusement à manger votre femme."
Bien qu'il m'ait moins marqué que son prédécesseur et que ça faisait un petit moment également que je ne l'avais pas revu, je gardais pourtant un bon souvenir d' "Hannibal". Du coup, c'est d'une certaine façon assez confiant que je me suis mis à mettre le dvd de ce long métrage dans mon lecteur.
Et finalement après mon visionnage, je dois me rendre à l'évidence que mon ressenti est peut-être un tantinet moins bon que le souvenir que j'en avais gardé. Le film n'est pas détestable non plus mais le scénario écrit par David Mamet et Steven Zaillian d'après l’œuvre de Thomas Harris possède quand même trop de maladresses pour avoir su vraiment me transporter avec lui. Le début est assez poussif (ça commence à vraiment me plaire à partir de l'heure de film...) et il y a plusieurs petits détails qui font que par moment, j'ai été détaché.
La pseudo romance (puisque cela n'en est pas une) entre Lecter et Starling est par exemple lourde et totalement hors sujet. La psychologie de Lecter semble nettement moins subtile, le scénario est carrément moins fin dans sa construction. Malgré cela, j'ai quand même réussi à aller jusqu'au bout en ayant la sensation d'avoir vu un bon film sympathique mais je suis quand même resté sur ma faim à l'image du dîner final, qui est tellement risible, que sa parodie dans la franchise "Scary movie" sonne comme une évidence.
Si le scénario qui se laisse quand même suivre est moins intense, c'est aussi le cas pour la distribution à commencer par un Anthony Hopkins en Hannibal Lecter qui m'ait apparu totalement sous exploité pendant une bonne heure et parfois grotesque dans l'heure suivante. Ce n'est pas trop la faute du comédien qui reprend bien son personnage (même si cette fois-ci, il fait quand même moins naturel) mais plus de la faute du scénario. Quoiqu'il en soit, dès qu'il est à l'écran, il s'impose assez aisément et il continue de m'offrir un petit plaisir coupable de voir un tel psychopathe.
Face à lui, Julianne Moore s'en sort bien en Clarice Starling. Elle n'arrive jamais à nous faire oublier Jodie Foster qui manque cruellement tant elle avait su s'accaparer le personnage mais Julianne Moore fait quand même ce qu'il faut pour ne pas être totalement ridicule. Si ce côté forte tête ne lui va pas toujours bien, j'ai quand même pris du plaisir à la voir évoluer à l'écran et à cause de cette première heure trop lourde, c'est quand même frustrant de voir qu'on ne l'ait pas plus mis en avant.
Derrière ce duo, on va retrouver des seconds rôles importants comme Ray Liotta en Paul Krendler. Il y a écrit "salaud de service" sur son front et c'est ce qu'on lui demande donc tant mieux mais le comédien a quand même été déjà plus inspiré. Il cabotine à fond, joue un personnage très creux et l'acteur réussit pas vraiment à faire en sorte qu'on le trouve intéressant. Même chose pour Gary Oldman en Mason Verger. L’acteur est alourdi par un maquillage bien trop lourd et parfois grotesque, ce n’est clairement pas le rôle de sa filmographie que je lui préfère. Heureusement que dans sa voix il réussit à lui donner un petit quelque chose pour le rendre intéressant, c'est ce qui permet à son personnage de ne pas sombrer davantage dans le ridicule.
Après, l'ensemble du casting est au final un peu à l'image du film. Les comédiens ne sont pas détestables mais on n’a pas de surprises et on aurait aimé quelque chose de plus consistant. Même une simple réapparition comme Frankie Faison en Barney est mal fichu (non mais sérieux c'est quoi cette scène avec les pigeons ???). Giancarlo Giannini en Inspecteur Rinaldo Pazzi est lui aussi une bonne caricature du policier bourru et une caricature de l'italien... Contrairement à ce que mon écrit peut laisser paraître, c'est vraiment pas mauvais mais c'est loin d'être suffisant quand même pour autant.
Même la réalisation de Ridley Scott me laisse sur ma faim. Le cinéaste sait filmer donc le résultat se laisse regarder et on a déjà vu bien pire mais à force de vouloir trop stylisé son œuvre, il en oublie son sujet principal. A force de vouloir trop en faire dans ses effets de style, on en oublierait presque le scénario avec cette mise en scène lourde qui étouffe tout. C'est aussi le cas du point de vue de la photographie ainsi que l'exploitation de la lumière. C'est encore plus flagrant dans ses décors et notamment Florence qui est presque montré comme une ville fade façon carte postale au point de tuer toute forme d'ambiance.
Ça joue d'ailleurs sur mon ressenti de la première heure du film car dès qu'on retourne aux États-Unis, c'est toujours lourd mais là, le côté "carte postale" s'efface un peu. Alors oui, les cadrages sont sympas, oui il y a des prises de vues intéressante mais j'ai plus ressenti ça comme une démonstration inutile plutôt que comme une réalisation fondé. Comme si cela ne suffisait pas, il y a aussi d'autres maladresses comme les sangliers ou encore le maquillage de Mason Verger (pour ne citer que ses deux exemples) qui nous ferait presque penser à une série B. Quant à la bande originale composée par Hans Zimmer et Steve Jablonsky, on a déjà vu mieux mais au moins elle colle au film.
Pour résumer, ma note ressentie concernant "Hannibal" aurait pu être légèrement plus basse. En effet, le long métrage possède beaucoup trop de défauts et de maladresses pour espérer atteindre à mes yeux le niveau de la précédente adaptation cinématographique des aventures d'Hannibal Lecter. La psychologie de Lecter est quasiment abandonné, le jeu du chat et de la souris avec Clarice se transforme en une "union" risible", les acteurs font le minimum syndical et Ridley Scott fait du zèle dans sa réalisation en oubliant son sujet ainsi que son ambiance. Comme si cela ne suffisait pas, la première heure très poussive m'a empêché de vraiment adhérer à cette nouvelle lecture du mythe. Maintenant, malgré tout ça, j'ai quand même un plaisir coupable de revoir Anthony Hopkins en Lecter ce qui fait que j'ai réussi à suivre sans trop me forcer. Le mythe de Lecter à suffit pour cette fois-ci et joue pour beaucoup à ma note ressentie un peu plus élevé que ce qu'elle devrait être mais ce n'est vraiment pas le long métrage que je m’étais gardé en souvenir et après mon visionnage, malgré un certain plaisir, je suis quand même resté sur ma faim. Dommage...
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