Attention ! Soyons précis sur ces mots. J'aurai dû écrire "deux vins de paysans", tant cela me rappelle ce que le Père de Jean-François Coche-Dury me disait (en dehors de sa phrase célèbre, avec l'accent : "François, tu causes beaucoup mais tu sais pas grand chose") sur le "vin d'ivrogne". Un vin simple, réservé au personnel, un vin qui se faisait tout seul, on n'avait pas le temps de le travailler, et qui était tout bêtement un vin de fruit, un vin "{tu le} bois sans soif", bref, un vin qui serait certainement interdit de nos jours par des colonnes de haineux, vindicatifs, malfaisants.
C'était à l'hôtel I Castelli à Alba, toujours dirigé par Monsieur Cane son propriétaire et qui a enfin pu réaliser son restaurant en terrasse, avec piscine, jouissant de vues 360°. Certes, c'est moderne, les amoureux transis cherchant à assurer leur nuit y seront en situation délicate, mais le sage de passage y trouvera tout ce dont il peut avoir besoin. La cuisine, les vins (température parfaite), tout est là pour non seulement le cardinal de passage vaquant de paroisse en paroisse, mais aussi pour l'athée convaincu style Onfray ou mon ami zwingliste de gauche… quoique…
Moins de € 16 pour un Barbaresco, c'est déjà un exploit Mais un tel vin, qui se boit avec une facilité déconcertante, est totalement aux antipodes de ce qui se faisait à Barbaresco pendant des lustres. Une finesse exemplaire, pas de bois, aucune charge, aucune lourdeur, du fruit, en veux-tu, en voilà, bref : un petit chef d'oeuvre si on reste bien dans cette catégorie :
vino de contadino. Vous dire que j'ai aimé, c'est en-dessous de la réalité. J'espère que demain tôt matin, vers 8H00, je pourrai faire connaissance de ce vigneron probablement connu seulement de quelques amateurs refusant d'en parler pour se le garder en jalousie.
Ce "Sori Parisa" Dolcetto di Diano d'Alba est effectivement plus qu'étonnant. Autour de 2.000 bouteilles par an, là encore restant quasi en totalité dans la région, et vin préféré de Cane. Je fus quand même surpris par un côté "sucre" en milieu de bouche, mais là encore on est baigné dans les vins de "
bois sans soif " dont on est sûr qu'ils ne vous donnent pas une gueule de bois, tant ils semblent d'un naturel confondant.
Faites comme bibi : demandez simplement au chef de vous préparer un "pasta" comme il le sent à ce moment Pas besoin de dessin : on est au niveau de la Ciau sur ce plat, et la petite
carne cruda d'entrée fut un rappel puissant sur cette cuisine piémontaise qui est, de loin, la plus belle d'Italie. Cela ne se discute pas. Point. Bon : domani, seconde journée de la vente aux enchères de
Pandolfini avec une présentation de
Sassicaia à 11H00 avec le
Marquis Nicolo Incisa della Rocchetta, là encore un homme au-dessus du lot. Aujourd'hui, ce fut le moment
Solaia. Comment dire ? Le
Marquis Piero Antinori qui parle un italien à la perfection (
je veux dire par là que je comprenais absolument tout ce qu'il disait) a réussi, avec
Renzo Cotarella et l'avocat du GJE il maestro
Paolo Barrachino, à raconter l'histoire de cette création d'un nouveau cru en 1978 sans une modestie excessive qui serait trace d'orgueil, mais avec un réel sentiment d'amour pour ce vin de référence où chaque millésime surprend, étonne, peut décevoir, peut enthousiasmer (comme le 97 et le 04). Comment ne pas aimer les italiens et l'Italie ?