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Plusieurs définitions ont été proposées au fil du temps par les spécialistes de cette question (Freud, Kinsey, Masters et Johnson).
De nos jours, la médecine sexuelle le définit comme un "processus neuro-psycho-biologique qui précède et accompagne l’excitation sexuelle et incite à avoir un comportement sexuel". On distingue le désir spontané, le désir déclenché par des stimulations externes et le désir déclenché par les pensées. Des centres cérébraux sont impliqués et différents neuromédiateurs peuvent le favoriser ou bien l’inhiber. Il n'y a en réalité que très peu de différences physiologiques entre hommes et femmes.
La norme n’est évidemment pas définissable mais nous pouvons nous aider de statistiques. En moyenne, nos contemporains ont 2 rapports sexuels par semaine et seulement 13% des hommes et des femmes en ont moins d’un par mois. Aujourd’hui, dans notre société, le mot d’ordre est de désirer à tout âge.
Les hommes ont peut-être plus de pulsions de par leurs hormones, mais ils ont surtout une autre vision de la sexualité du fait de l’éducation et de la société en général. Désir et plaisir ont toujours été valorisés chez l’homme.
Chez la femme, au contraire, tout a été fait pour limiter au maximum le comportement sexuel. Les femmes n’ont jamais été encouragées à entretenir leur libido. La femme est toujours élevée dans l’idée du grand amour et poussée à n’envisager sa sexualité qu’au travers des sentiments. De même, il est encore très ancré dans l’imaginaire collectif que l’homme a "des besoins" tandis que, pour la femme "tout est dans la tête", la représentation de la femme "maman" ou "putain" étant encore très présente.
Enfin, hommes et femmes ont l’idée que la sexualité est une chose naturelle qui va de soi alors qu’elle est éminemment culturelle et qu’elle nécessite donc de se construire et d’évoluer tout au long de la vie.
Beaucoup de couples sont en souffrance en raison d’un manque de désir du côté féminin, occasionnant la frustration de l’un et la culpabilité de l’autre. Plus encore que pour tout autre trouble sexuel, la demande d’aide en sexologie intervient souvent alors que la situation est critique dans le couple, l’homme étant en général le principal instigateur de cette démarche.
Ce trouble peut être révélateur de problèmes de santé: les hormones sont très impliquées, mais toute maladie chronique et beaucoup de traitements médicamenteux peuvent causer des difficultés sexuelles. Parfois, il faut en chercher l’origine dans des conflits de couple ou lorsque le partenaire a lui-même des problèmes sexuels. Enfin, les causes peuvent être psychologiques : anxiété, dépression, trouble psychiatrique, ou simplement difficulté à se détendre et lâcher prise, mauvaise image de soi et notamment de son corps.
En analysant les raisons de la baisse de désir, on se rend compte que, très souvent, elle est simplement lié au mode de vie des couples. Si, pour une femme, la sexualité est une chose facile et évidente lors d’une rencontre amoureuse, ce n’est pas le cas après un certain temps de vie commune où le couple va faire passer toutes les autres préoccupations avant celle de son intimité (travail, loisirs, amis, famille,...) et les facteurs de routine interviennent comme des poisons progressifs de la sexualité. Il n’y a plus autant de temps passé ensemble, les relations sexuelles ont lieu toujours au même moment, le soir ou le week-end, et plus ou moins selon les mêmes modalités (lieu, approche, préliminaires, etc).
L’homme est souvent demandeur face à une femme qui ne se sent pas prête à une relation intime, elle n’a pas de réaction physique lorsqu’il l’approche, ne se donne pas le temps de se laisser aller, refuse quelques fois, ou va faire l’amour "pour lui faire plaisir" sans ressenti positif, ce qui renforcera son manque d’envie; et plus les relations sexuelles seront espacées, moins elle pourra en avoir envie. S’ajoute à cela que beaucoup de femmes ne se reconnaissent pas dans l’image actuelle, véhiculée par les médias, de femme désirante à tout moment, ce qui les déstabilise.
Les moyens thérapeutiques actuels reposent sur les sexothérapies. Celles-ci sont largement inspirées des thérapies cognitivo-comportementales et intéressent autant la femme que le couple. Elles agissent à trois niveaux : les pensées, les comportements et les émotions, dimensions en interaction permanente. En complément, sont utilisées les différentes techniques de relaxation ou le mindfulness.
Alors que de nombreux traitements médicamenteux sont actuellement disponibles pour les problèmes sexuels masculins, il n’y a encore rien de cet ordre pour les femmes, mais des recherches en cours peuvent aboutir dans les prochaines années à la mise sur le marché de molécules susceptibles d'améliorer la qualité de vie sexuelle.
Un médicament en soi ne pourra jamais répondre à la complexité des différentes situations cliniques mais il sera sans doute une aide précieuse permettant de sortir du cercle vicieux de l’échec et libérer la parole, trop peu de femmes consultant encore pour ce problème qui, au-delà de leur vie sexuelle, impacte négativement toute leur vie de femme.
Autant chez l'homme que chez la femme, le désir sexuel fluctue au cours de la vie. Une baisse prolongée du désir sexuel peut avoir une incidence sur la psyché et l'estime de soi, et mettre les relations conjugales à rude épreuve. L’intensité du désir dépend grandement de la qualité de la relation de couple, de la santé physique, de la disposition d'esprit ou encore des événements qui jalonnent la vie (une grossesse, un deuil, etc). Le sexologue pourra grandement aider à dénouer des situations malheureuses.
Dr Carol Burte
Sexologue
Cannes
* www.wim.mc
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