Ce n’est pas avec des outils de management dépassés que l’on peut construire un monde nouveau : c’est ce qu’a expliqué le belge Frédéric Laloux lors de son intervention à l’occasion du 3ème Ouishare Fest, la grand-messe de l’économie collaborative, orientée plus particulièrement cette année vers la question de la transition.
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Frédéric Laloux a identifié et étudié douze pionniers qui, chacun de son côté, partant du constat que les vieilles méthodes ne leur convenaient plus, ont cherché à réinventer la structure organisationnelle et le mode de fonctionnement de l’entreprise. Les douze entreprises en question sont aussi variées que FAVI (une société industrielle spécialisée dans l’injection d’alliages cuivreux), la clinique d’Heiligenfeld ou l’entreprise textile Patagonia. Ce qui est étonnant est que, sans que ces pionniers se connaissent ou se soient en aucune façon concertés, leurs expérimentations se ressemblent toutes énormément. Il ne s’agit donc pas d’utopie, mais bien d’un mouvement qui est déjà en marche : l’invention en actes d’un nouveau paradigme managérial.
Concrètement, trois principes se retrouvent dans chacune de ces entreprises.
Le premier est le self-management : la pyramide hiérarchique disparaît au profit de l’intelligence collective. Il ne s’agit pas d’une absence de structure, mais d’une nouvelle organisation en réseau, plus proche de celle l’on retrouve dans les connexions des neurones par exemple.
Le second est la plénitude : un concept qui semble relever de la spiritualité ou du ressenti, mais qui se traduit très concrètement par la possibilité d’être soi-même au travail. Lorsqu’ils cessent de porter un masque soi-disant « professionnel », les employés donnent beaucoup plus à l’organisation (et au monde). Ils sont aussi plus heureux – au point que certains regrettent de ne pas retrouver dans leur environnement familial la même atmosphère d’écoute active et bienveillante qu’au travail.
Enfin, le troisième est le passage de « prédire et contrôler » à « sentir et répondre ». Aucune des entreprises pionnières étudiées par Frédéric Laloux n’avait de plan stratégique global. On sait depuis Steve Blank que rédiger un business plan est contre-productif si l’on cherche à innover, mais peut-être peut-on aller jusqu’à se débarrasser des budgets prévisionnels et du management par objectifs ? Comme une espèce vivante, l’entreprise peut évoluer collectivement sans plan préétabli.
La traduction française de l’ouvrage de Frédéric Laloux Reinventing Organizations paraîtra aux Editions Diateino le 22 octobre 2015. En attendant, vous pouvez découvrir un bel exemple de réinvention de l’entreprise, avec le pari de Vineet Nayar : mettre les employés d’abord, les clients ensuite.
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