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MARYLAND (Critique)

Publié le 21 mai 2015 par Cliffhanger @cliffhangertwit
MARYLAND (Critique)MARYLAND (Critique)

SYNOPSIS: De retour d'Afghanistan, Vincent, victime de troubles de stress post-traumatique, est chargé d'assurer la sécurité de Jessie, la femme d'un riche homme d'affaires libanais, dans sa propriété " Maryland ". Tandis qu'il éprouve une étrange fascination pour la femme qu'il doit protéger, Vincent est sujet à des angoisses et des hallucinations. Malgré le calme apparent qui règne sur " Maryland ", Vincent perçoit une menace extérieure...

On avait connu Alice Winocour lors du Festival de Cannes 2012 avec Augustine, un premier long-métrage singulier, audacieux et prometteur pour la suite de sa carrière. Sujet atypique (relation entre le médecin Charcot et Augustine, sa patiente la plus célèbre, pour explorer le thème de l'hystérie), narration risquée avec élaboration du récit via le point de vue de la jeune fille, propos incarné sur la condition des femmes à cette époque, mise en scène libre et déterminée, casting convaincant et bien dirigé ( Vincent Lindon, Soko), Alice Winocour avait frappé fort. La cinéaste française est aujourd'hui de retour sur la croisette avec Maryland, un film de genre ambitieux présenté au Certain Regard et porté par le tandem Matthias Schoenaerts / Diane Kruger. Alors, alors ? Avec son pitch à la Man on fire/Bodyguard virant au Panic Room, sur fond d'atmosphère et de dynamique à la Drive - un ex-soldat peu prolixe, en proie à un stress post-traumatique, est chargé d'assurer la sécurité d'une femme et de son enfant dans une immense villa, nommée Maryland, bientôt assiégée par des inconnus - Alice Winocour espérait pouvoir redonner ses lettres de noblesse au film de genre en France. C'est à moitié réussi (la mise en scène, Matthias Schoenaerts, la musique), à moitié raté (le scénario, Diane Kruger). Winocour brasse les genres de la même manière que Winding Refn le faisait avec Drive (thriller atmosphérique, romance, film d'action, gore, drame intimiste, voire même home invasion movie) et impose une relative efficacité par la tension créée, bien alimentée grâce à une réalisation au cordeau (travail sonore, montage corrosif au poil pour retranscrire l'affolement, image léchée, jeux sur les focus et l'arrière-plan, musique électro d'ambiance signée Gesaffeltein, artiste également fan de Drive semble-t-il), mais faillit par ailleurs sur certains points. Les composants sous-tendant la romance sont très faibles par exemple - pas de bol pour Diane Kruger qui hérite d'un rôle assez ingrat - avec une sous-écriture du personnage féminin, une alchimie peu évidente et des dialogues creux. On a bien du mal à croire à la fascination que présente Vincent , héros du film, pour cette femme.

MARYLAND (Critique)

De même, la coupure en deux actes bien distincts, séparés par une scène d'action intense et efficace (une tentative d'enlèvement à bord d'une berline), est franchement délétère. En conséquence, il y a un gros soucis de rythme, avec une première partie un peu ronflante et répétitive, centrée sur la paranoïa de Vincent (crises d'angoisse aiguë à répétition), et une seconde moitié beaucoup plus nerveuse, mais dénuée de toute psychologie. On est ainsi déconcertés par l'absence d'exploration de certaines pistes (les conséquences du trauma lié à cette séquence), ou au contraire, par la présence de données inutiles, comme la surveillance des flics face à l'activité mafieuse du mari de Kruger (ce qui fait lorgner le film du côté d'une mauvaise production EuropaCorp type Taken 3 ou Le Transporteur 2), ou surlignées ( Vincent est mentalement torturé par son passage en Afghanistan, on a compris), bien que heureusement, Winocour se rattrape en s'abstenant d'offrir davantage d'informations concernant le motif des assaillants. Concernant les poussées gores, tandis qu'elles prenaient tout à fait un sens dans Drive, permettant au film de gagner en intensité, ici on se demande bien pourquoi Maryland accumule autant d'effets de style sur la fin : cela n'est pas réellement nécessaire au récit, si ce n'est pour accentuer la brutalité de Vincent, mais sa caractérisation initiale suffisait. On déplore enfin la laideur du décor choisi, ainsi qu'une relative mauvaise gestion des espaces à l'intérieur de ce lieu, avec une difficulté de repérage des différentes pièces de la grande baraque. S'agissant du casting, Matthias Schoenaerts a de la prestance et livre une prestation convenable, sur un registre très proche de Bullhead et De rouille et d'os (le bourru bourrin). Diane Kruger déçoit quant à elle dans la peau de l'épouse menacée, faute à l'écriture de son personnage qui manque de relief. Maryland est le second long-métrage d' Alice Winocour et connait des problèmes de scénario mais on saluera tout de même la cinéaste pour son audace de ne jamais aller là où on l'attend et d'essayer.

MARYLAND (Critique)

Titre Original: MARYLAND

Réalisé par: Alice Winocour

Genre: Drame

Sortie le: Prochainement

Distribué par: Mars Distribution

MARYLAND (Critique)
MOYEN

Catégories: Critiques Cinéma

Tagged as: 68ème Festival de Cannes, Alice Winocour, Diane Kruger, Maryland, MARYLAND CRITIQUE, MARYLAND FESTIVAL DE CANNES, MARYLAND UN CERTAIN REGARD, matthias schoenaerts, Michaël Daubert, Paul Hamy, Percy Kemp, Victor Pontecorvo


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