Je suis allé au Brésil en 2008 et en 2011. Chaque fois, au-delà de l'explosion de couleurs, de goûts, de métissages et d'odeurs, la musique était partout. Enivrante, à chaque coin de rue ; dans les bus, les bateaux, les auberges ou les restos ; comme si les Brésiliens s'abreuvent des notes de musique comme ils consomment la cachaça, les haricots et la viande.
Au-delà de Gilberto Gil, les classiques
La " musique brésilienne " telle qu'on l'entend traditionnellement, est une musique métissée, hétéroclite et riche, héritée des traditions amérindiennes, européennes (surtout portuguaises), et africaines. La " samba " et la " bossa " sont les deux courants les plus connus et pour tous les néophytes qui voudraient découvrir le " Top 10 " des chansons brésiliennes les plus emblématiques, je les invite à lire ce post de David Abiker.
Et si je devais n'en retenir qu'une, ce serait " Águas de Março " d'Elis Regina.
Mais ces classiques sont un pantheon - dans le marbre, éternelles, mais loin des créations contemporaines qui racontent bien mieux le Brésil d'aujourd'hui.
La nouvelle vague des sons brésiliens
Je suis loin d'être un spécialiste de la question ; mais je suis curieux, je lis beaucoup, et je me permets de reprendre les sélections des journalistes du Monde, de FIP et de Telerama, que je trouve les plus en accord avec mes goûts personnels.
Il y a Metá Metá. Un trio de Sao Paulo fondé en 1999 qui transcende les genre musicaux - du jazz, de l'afro-punk, du métal, de la samba, du Candomblé, des chants religieux, pour un résultat qui décoiffe.
Il y a aussi Criolo - " Sans doute la plus importante figure de la musique actuelle au Brésil " selon l'un des papes de la musique traditionnelle brésilienne, Caetano Velolso (cité par FIP). C'est du rap et du hip-hop, qui raconte les problèmes sociaux et les tranches de vies des habitants des quartiers périphériques de São Paulo - dans un mélange jazzy/rock/électro, loin du rap US ou FR qui raconte les tranches de vies de bagnoles de luxe. Dans le même style, citons également Racionais Mc's.
Il y a enfin Lucas Santtana - à l'origine un joueur de flûte traversière qui fait aujourd'hui " la synthèse électro-acoustique des musiques traditionnelles brésiliennes et de la pop, l'électro ou beats hip hop " pour reprendre les mots de FIP.
Le festival Rock In Rio pour une plongée dans les oreilles des Brésiliens
Mais tous ces artistes, s'ils nourrissent les fins gourmets de la musique brésilienne, ne sont probablement pas les plus représentatifs des goûts musicaux de la plupart des Brésiliens. Pour ceux qui auraient envie de vraiment plonger au coeur de leur univers musical, c'est probablement au festival Rock in Rio Brasil qu'il faudrait aller ; un festival internationalement reconnu qui a vendu 700 000 tickets en 4 jours lors de sa précédente édition, en 2011.
Le climax du festival sera probablement Rihanna le 26 septembre prochain - bête de scène pop-rock / hip-hop qui séduit les Brésiliens (et le reste des Sud-Américains, nombreux à venir) par sa pêche très latino, ses costumes osés dignes des carnavals de Rio, et l'énergie qu'elle déploie on stage. Les tickets pour ce prochain concert de Rihanna sont d'ailleurs déjà tous partis.
Il n'y aura pas de baile funk (la musique par excellence des soirées des favelas de Rio), de Karol Conka, de Siba ou de Rodrigo Amarante (les nouveaux chouchous de la presse musicale indé) au festival Rock in Rio. Mais Queen, Joyce Candido, Metallica, Republica, Elton John, Joâo Sabia, System of a down, Queens of the Stone Age, Slipknot ou Mauricio Baia - un mélange plus représentatif des playlists actuelles des Brésiliens, un mix entre stars internationales et jeunes pousses de la scène populaire brésilienne auxquels le festival offre une visibilité mondiale.