Les parisiens les empruntent quotidiennement tout en les ignorant largement. Et pourtant, ils sont d’une utilité incommensurable et souvent d’une grande richesse architecturale. Ces grands délaissés sont au nombre de 37 ! 37 ponts pour franchir les 13 kilomètres de Seine à Paris (sans compter les trois ponts du Bois de Boulogne, sur le territoire de la commune de Paris, comme son nom ne l’indique pas). 5 ne sont accessibles qu’aux piétons et 2 sont des ponts ferroviaires.
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Henri IV décida, lors de la construction du Pont Neuf de laisser le tablier vierge de toute habitation. Aujourd’hui, c’est le plus vieux pont de Paris : les travaux ont débuté en 1578. Achevé en 1604 (après une grande pause de 11 ans pour cause de guerre), il est l’un des plus longs de la ville, avec ses 238 mètres. Il est également le premier possédant des trottoirs. Vu de la Seine, vous pourrez admirer les 385 mascarons – j’avoue que je ne les ai pas comptés – tous différents, que l’on doit au grand sculpteur Germain Pilon.
Autre « vieux » pont, le Pont au change, du nom des nombreux changeurs de monnaies qui l’encombraient au Moyen Age. Si l’actuel pont date du règne de Napoléon III, il remplace un ouvrage édifié en 1647. Et si nous remontons la généalogie, le premier pont construit à cet endroit date de Charles le Chauve, on parlait du Grand Pont, par opposition au Petit Pont (actuel Petit Pont – Cardinal Lustiger) qui lui a été construit à l’origine… par les Romains.Autre pont particulièrement réussi, le Pont Alexandre III : tout en puissance et en majesté. La première pierre est posée par Nicolas II en 1896, fils d’Alexandre III, tsar de toutes les Russies. Il est inauguré par Emile Loubet pour l’exposition universelle de Paris de 1900 (celle de la construction du Grand et du Petit Palais, de la garde d’Orsay, de la gare de Lyon, etc). Ne comportant qu’une seule arche de 107 mètres, il est richement décoré : candélabres en bronze, parement « végétal » doré et surtout quatre pylônes d’entrée représentant les quatre renommées (La Renommée des arts, celle des sciences, la Renommée au combat et Pégase tenu par la Renommée de la Guerre) aux pieds desquelles sont placés quatre groupes symbolisant la France à différentes époques (Moyen-Age, Renaissance, Louis XIV et moderne).
Beaucoup plus récent, l’actuel Pont des Arts a été construit entre 1982 et 1984. Vue de la Seine, sa silhouette est particulièrement élégante, avec ses sept arches régulières. Seul hic, depuis quelques années, la mode est au « cadenas d’amour » : c’est moche et ça alourdit la structure.
En descendant la Seine, nous trouvons le Pont de l’Alma qui n’a aucun intérêt architectural sauf pour les adorateurs du béton armé, mis à part le fait qu’il ait conservé le zouave de l’ancien pont (il y avait aussi un chasseur à pied, un grenadier et un artilleur) : 5 mètres de haut, 8 tonnes, il sert d’indicateur aux crues de la Seine. Les pieds dans l’eau, l’alerte est donnée ! En 1910, il avait de l’eau aux épaules (mais il était placé plus bas…).
En poursuivant vers l’aval, nous trouvons le Pont Mirabeau surtout connu grâce à Apollinaire. Il possède quatre imposantes sculptures représentant: la Ville de Paris, le Commerce, la Navigation et l’Abondance, inauguré en 1896.Pour les amateurs de records et de statistiques, quelques chiffres pour finir. Le pont le plus haut ? Le pont du Garigliano. Le plus bas ? Le Pont des Invalides. Le plus large ? Le pont Alexandre III, avec 40 mètres. Le plus long ? Le Pont aval, 312 mètres – bon, aucun autre intérêt, il supporte le périph’…
Désormais, ami parisien, ami visiteur, quand vous franchirez un pont, prêtez-y attention !