La sclérose en plaques (SEP) est une maladie neurologique qui se manifeste par des paralysies, des engourdissements, des pertes de vision, des déficits d’équilibre et de la marche pouvant mener à un handicap chronique. La maladie qui touche le cerveau et la moelle épinière, est caractérisée par une attaque inflammatoire du système immunitaire du corps contre la myéline, le revêtement protecteur qui entoure les fibres nerveuses. Une fois la myéline lésée, les cellules nerveuses deviennent très sensibles et commencent à se détruire, les signaux électriques ne peuvent plus être transmis et ce dysfonctionnement grave entraîne ces symptômes handicapants, allant d’un engourdissement des membres à la paralysie ou la cécité. Aujourd’hui, 2,3 millions de personnes (diagnostiquées) seraient atteintes de SEP dans le monde, une estimation en hausse de 9,5 % vs 2008. La maladie touche deux fois plus les femmes que les hommes, voire 3 fois plus dans certains pays. Les jeunes ne sont pas épargnés et jusqu’à 5% des patients atteints ont aujourd’hui moins de 18 ans. Il n’existe pas aujourd’hui de traitement efficace. Une récente étude publiée dans la revue Nature a néanmoins suggéré que 2 molécules déjà connues, le "miconazole" et le "clobétasol" pourraient traiter la sclérose en plaques » à la source » en évitant la démyélinisation et en "remyélinisant", grâce à la production de nouveaux oligodendrocytes.
L’équipe du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) et l’auteur principal, le Dr Alexandre Prat, professeur de neurosciences pensent ici avoir trouvé une thérapie capable d’arrêter la progression de la maladie.
En 2008, l’équipe avait identifié une molécule d’adhésion cellulaire, appelée MCAM (Melanoma Cell Adhesion Molecule), qui joue un rôle crucial dans le dérèglement du système immunitaire observé dans la sclérose en plaques en autorisant la migration de lymphocytes à travers la barrière hémato-encéphalique jusqu’au système nerveux central, des » fuites » caractéristiques de la sclérose en plaques : ce sont ces lymphocytes qui attaquent le cerveau en détruisant la gaine de myéline qui protège les neurones.
L’équipe montre qu’en bloquant l’interaction de cette molécule d’adhésion MCAM, elle peut réduire l’activité de la maladie :
In vitro, bloquer MCAM limite la migration des lymphocytes T CD8 + à travers les cellules endothéliales de la barrière hémato-encéphalique
In vivo, bloquer ou diminuer les niveaux de MCAM réduit les déficits neurologiques chroniques et la progression de la maladie chez des souris modèles de SEP : Les chercheurs observent une diminution d’environ 50% de la maladie sur les souris atteintes d’une forme de sclérose en plaques appelée » encéphalomyélite auto-immune expérimentale « , une version animale expérimentale de la maladie démyélinisante du système nerveux central.
» On peut freiner la maladie dès les premiers symptômes « , explique l’auteur principal. Un résultat d’autant plus intéressant que la SEP se développe chez la plupart des patients en 2 phases. Pendant 10 à 15 ans, il y a des poussées de symptômes entrecoupées de rémissions. Par la suite, la maladie progresse et le handicap s’aggrave.
Un anticorps monoclonal qui bloque la molécule MCAM, appelé PRX003, vient, justement, d’être développé par la biotech Prothena (Irlande), qui prévoit d’entamer prochainement les essais cliniques.
Sources : Communiqué UdeM Découverte d’un traitement pour bloquer la progression de la sclérose en plaques et Annals of Neurology May 2015 DOI: 10.1002/ana.24415 MCAM+ CD8 T lymphocytes mediate CNS inflammation (Visuels Prothena)
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