genre: drame
année: 1983
durée: 1h54
l'histoire: En 1966, dans la petite ville de Tulsa en Oklahoma. Ponyboy, Sodapop et Darrel appartiennent à la bande desGreasers, des jeunes délinquants issus des quartiers défavorisés. Leurs rivaux sont les Socs, des fils de bourgeois. Suite à une bagarre violente, Ponyboy et Johnny tentent d'échapper à la police.
La critique :
A l'origine, le scénario de Outsiders, réalisé par Francis Ford Coppola en 1983, est l'adaptation d'un roman d'une adolescente, S.E. Hinton. Le début des années 1980 est une période difficile pour le cinéaste. Après avoir signé plusieurs chefs d'oeuvre, entre autres, Apocalypse Now, Conversation secrète, Le Parrain et sa suite, Le Parrain 2e Partie, Francis Ford Coppola consacre un énorme budget pour la réalisation de Coup de Coeur en 1982. Mais le film est un désastre commercial et le cinéaste se retrouve ruiné.
Pour rembourser ses dettes, il accepte de réaliser deux films de commande: Outsiders en 1983 et Rusty James l'année suivante.
Hélas, malgré de bonnes critiques de la part des médias et de la presse cinéma, les deux longs-métrages sont boudés par le public et ne rencontrent pas le succès escompté. Parallèlement, d'autres cinéastes de la même génération, notamment George Lucas et Steven Spielberg, continuent de triompher au cinéma. De son côté, George Lucas peut se reposer sur ses lauriers avec la saga Star Wars.
Quant à Steven Spielberg, il est déjà devenu un réalisateur culte avec Les Dents de la Mer, E.T. L'Extra-Terrestre ou encore Indiana Jones et les Aventuriers de l'Arche Perdue. Francis Ford Coppola sombre alors dans la dépression, mais ne s'arrête pas pour autant.
Si, encore une fois, Outsiders et Rusty James sont deux films de commande, le cinéaste s'investit totalement à l'ouvrage. Nous sommes au début des années 1980, pendant la présidence de Ronald Reagan. La jeunesse est en rébellion contre une société qui apparaît comme de plus en plus totalitaire et omnipotente. En même temps, ce sujet n'est pas nouveau au cinéma.
Le malaise vécu par la société américaine date déjà des années 1950. Certains films ont déjà souligné cette incompréhension et même cette dichotomie entre les adolescents et le monde calibré et étriqué des adultes. C'est par exemple le cas de La Fureur de Vivre, source d'inspiration de Outsiders, mais pas seulement. Outsiders est aussi un vibrant hommage à un autre grand classique du noble Septième Art : Autant En Emporte le Vent.
Au niveau de la distribution, Outsiders réunit C. Thomas Howell, Ralph Maccio, Patrick Swayze, Matt Dillon, Rob Lowe, Tom Cruise, Emilio Estevez et Diane Lane. La fille de Francis Ford Coppola, Sofia, effectue une courte apparition. Premier constat, dans ce casting, on repère de futures vedettes du grand écran. Tom Cruise et Patrick Swayze ne sont pas encore les stars qu'ils deviendront par la suite.
Ils sont encore méconnus à l'époque, en tout cas, aux yeux du grand public. Quant à C. Thomas Howell, qui tient le rôle principal (Ponyboy Curtis), il va connaître une carrière en dents de scie. Outsiders reste probablement son plus beau rôle au cinéma. Le film permet aussi de découvrir Matt Dillon, qui va devenir l'acteur fétiche de Coppola. En effet, en 1984, Matt Dillon sera la vedette de Rusty James.
Pour Coppola, Outsiders lui permet d'évoquer sa propre adolescence. C'est aussi un film personnel et important pour le cinéaste. Attention, SPOILERS ! Les jeunes des quartiers pauvres, les Greasers, s'opposent aux jeunes fils de bourgeois, les Socs. Ceux-ci se battent souvent car ils ne s'aiment pas. Ponyboy, le personnage principal, et Sodapop, son grand frère très beau et sexy, racontent leur histoire. Il rencontre Sherry Valance, communément appelée Cherry à cause de ses cheveux rouges.
Elle lui démontre que les Socs ne sont pas tous pareils. Lors d'une bataille, Johnny, le meilleur ami de Ponyboy, tue un Soc, Bob. C'est alors que Johnny et Ponyboy s'aventurent dans une course effrénée à l'aide de Dallas, une sorte de Mentor pour eux.
Comme je l'ai déjà souligné, Outsiders possède de solides références, entre autres, La Fureur de Vivre et Autant en emporte le vent. D'ailleurs, le dernier film cité est carrément évoqué par les héros de l'histoire. Tout du moins, c'est l'oeuvre originale (donc le roman) qui fait le bonheur de nos adolescents rétifs et rebelles. Enfin bonheur... C'est vraiment à relativiser. Outsiders a une vraie revendication sociale à travers le portrait de ces jeunes délaissés par la société.
Le film oppose deux classes d'adolescents à travers une lutte acharnée et même mortelle : les Greasers et les Socs. Les Greasers sont les dignes représentants du nouveau prolétariat. Ils sont les nouveaux parents pauvres de notre société moderne. Quant aux Socs, ils représentent évidemment la bourgeoisie triomphante.
En gros, même si les Greasers remportent largement la prochaine bagarre, les Socs seront toujours vainqueurs parce qu'ils ont de l'argent. En résumé, ce sont les Socs qui détiennent le capital, alors que les Greasers n'ont rien et sont destinés à rester des éternels "losers". Impossible de ne pas y voir une métaphore sur la lutte des classes, la reproduction sociale et d'un prolétariat condamné à rester où il est, ou au pire, à sombrer dans la délinquance et la case "prison".
C'est par exemple le cas de Dallas (Matt Dillon), mais peut-être encore plus de Johnny (Ralph). Le cas de ce jeune adolescent, devenu un véritable paria, n'est pas sans rappeler le personnage de Plato dans La Fureur de Vivre.
Johnny va suivre lui aussi la même trajectoire funeste. Pourtant, malgré son ton à la fois mélancolique et poétique, Outsiders tranche par ses images colorées et de toute beauté. Sur ce dernier point, Francis Ford Coppola confère au coucher de soleil une aura particulière. Il est bien question ici d'innocence et de pureté.
Le passage de l'adolescence à l'âge adulte est symbolisé par ce même coucher de soleil, annonçant des jours probablement plus sombres.
En dehors de ses qualités esthétiques, Outsiders peut aussi s'appuyer sur ses interprètes, tous magistraux, en particulier C. Thomas Howell, Matt Dillon et Ralph Maccio. Bref, Francis Ford Coppola signe à nouveau une petite pépite. Certes, Outsiders n'est pas forcément aussi beau et fascinant que ses modèles (encore une fois, La Fureur de Vivre et Autant en Emporte le Vent. Et j'aurais pu aussi rajouter La Nuit du Chasseur). Néanmoins, le film a trouvé son public avec les années. Il fait même figure de film culte aujourd'hui.
Note: 16/20
Alice In Oliver