La nouvelle a semé l’émoi sur les réseaux sociaux : Quebecor cède les magasins Archambault à Renaud-Bray. Pourtant, cette nouvelle m’a laissé assez indifférent, et ce, pour plusieurs raisons.
Analysons la situation. Selon ce que les médias ont rapporté, Quebecor cède :
- Les 14 magasins Archambault
- Le portail transactionnel archambault.ca
- La librairie anglophone Paragraphe (située à Montréal sur McGill College, angle Sherbrooke)
Toutefois, Quebecor conserve :
- Les 18 maisons d’éditions, dont Les Éditions de l’Homme, Libre expression, L’Hexagone, VLB Éditeur et Les Éditions du Trécarré pour ne nommer que celles-ci,
- La maison d’édition scolaire Les Éditions CEC
- Ainsi que le réseau de distribution A. D. P.
Une analyse rapide de la situation permet de constater que Quebecor, en vendant les 14 magasins, s’est départi de ses charges les plus lourdes pour ne conserver que les plus légères. Autrement dit, Quebecor a vendu ce qui générait le plus coûts et les plus faibles profits. De plus, un lecteur moindrement au fait des tendances de fond relativement au secteur de la vente au détail, à plus forte raison du secteur de la vente de musique, des films et des livres, sait qu’il s’agit d’un secteur qui périclite lentement et qui sera porté au cours des prochaines années à complètement devoir être repensé. Quelques messages textes plus tard à mon bon ami Pierre-Yves McSween et j’avais la confirmation que cette partie de mon analyse tenait bien la route.
Quant au portail archambault.ca, il s’agit là aussi d’un dédoublement de structure puisque Renaud-Bray dispose déjà d’une solution de vente en ligne.
Ainsi, la question est la suivante : en achetant les 14 magasins Archambault, quel avantage compétitif Renaud-Bray va-t-il chercher?
Pour trouver la réponse, une analyse par le truchement de Google Maps s’impose. Le site Web des deux entreprises permet d’obtenir les adresses de leurs magasins respectifs. En analysant la distance qui sépare chaque succursale de Archambault de celle de Renaud-Bray, voici ce que l’on obtient :
- Dans huit cas, un magasin Renaud-Bray est situé dans un rayon de moins de 1 km d’un magasin Archambault (Anjou, Québec, Gatineau, Laval, Montréal (Place des arts), Sherbrooke, Sainte-Foy, Trois-Rivières). Dans certains cas, les deux magasins sont situés dans le même centre commercial.
- Dans deux cas, une distance entre 2 et 3 km sépare les deux magasins (Montréal centre-ville, Brossard)
- Dans deux cas, une distance supérieure à 10 km sépare les deux magasins (Sainte-Dorothée, Boucherville)
- Pour Chicoutimi et Saint-Georges de Beauce, il n’existe qu’un magasin Archambault.
Autrement dit, en se procurant les 14 magasins Archambault, Pierre Renaud s’est payé deux succursales, l’une à Chicoutimi et l’autre à Saint-Georges de Beauce, ainsi qu’une méga structure qui sera tout un défi à intégrer et à rentabiliser compte tenu du contexte actuel du secteur de la vente au détail. Surtout qu’en ce qui a trait à la vente de livres et de disques, ce n’est désormais plus le super magasin qui est la voie de l’avenir, mais bien le petit magasin local qui occupe un marché de niche. Au final, c’est Quebecor qui sort gagnant de cette transaction, car elle a réussi à se débarrasser d’un modèle d’affaires dont les beaux jours sont loin derrières et dont les coûts sont probablement aussi élevés que les revenus.