Que peut-il y avoir de pire que la réécriture, encore et encore, des origines des principaux héros, qui ont déjà été proposé à de multiples reprises au cours de carrières longues et bien remplies? A ceci je répondrais : de nouvelles origines sans aucun fondement, juste pour le plaisir de rajouter un peu de piment dans une généalogie tendant au fade ces dernières années. Au risque de trop en mettre, et d'avoir un plat indigeste. Kieron Gillen (le même qui signe Uber, chroniqué en début de semaine sur ce site) est passé à coté de son run sur Iron Man, c'est un fait. Car l'auteur n'avait rien d'intéressant à raconter, car il semblait improviser mois après mois, car il s'est laissé prendre la main par les pontes de Marvel qui lui demandaient de l'inattendu, au point de pondre un truc absurde et aberrant. Dans cette aventure discutable, c'est un robot, l'Enregistreur 451, qui apporte à Tony une révélation qu'aucun lecteur, même le plus fantasque, n'avait eu l'idée d'imaginer. Non, les parents de notre héros milliardaire ne sont pas forcément ceux que l'on croit. Tony a été adopté! Alors là je dis non. Tout d'abord car l'alcoolisme semblait jusque là une sorte d'héritage familial. Que nous avions pu lire les rapports entre père et fils, souvent en filigranes, au fil des ans, et que la figure d'Howard Stark ne ressemble normalement en rien à cet aventurier ici dépeint qui lorgne plus vers un James Bond d'autrefois que vers un Pdg froid et soûlard qui marque à jamais sa progéniture au plus profond de sa psyché. Pire encore, l'adoption de Tony ne sert en fait que de leurre, pour tromper l'ennemi sur ce qui s'est véritablement passé, à savoir toute une série de manipulations génétiques in grembo sur l'enfant porté par Maria Stark, un certain Arno, le frère dont personne n'avait jusque là connaissance. Kieron, cette fois c'est toi qui a trop bu.
C'est l'archiviste rigellien 451 qui a tout manigancé depuis le départ. Première couleuvre qui ne passe pas. Arno Stark entre donc en scène sur un coup de théâtre douteux dont personne ne voyait l'intérêt. En dépit du clin d'oeil au Iron Man 2020 imaginé dans les années 80 (qui aujourd'hui ne fait plus très futuriste, et pour cause, on y est presque...) qui portait le même prénom, pourquoi ce rebondissement, vers quel développement? Aucune empathie avec le personnage de Tony Stark, aucune évolution rationnelle de l'action qui se contente d'empiler les secrets et de les faire exploser au plein jour sans tenir compte de la vraisemblance, Kieron Gillen massacre la série qui avait déjà pris un tournant dangereux avec le départ pour Stark dans l'espace, aux cotés des Gardiens de la Galaxie. Une bonne idée de départ, mais traitée avec superficialité et sans inspiration. Au dessin, Greg Land reste égal à lui même, avec des figures photocopies, des poses et des expressions sorties tout droit d'un copier coller d'épisodes du passé (d'autres séries même). C'est son truc, mais c'est irritant. Je préfère Dale Eaglesham par exemple, qui donne un coté massif et plus puissant à ses héros, bien plus original. Je me rends compte, en rédigeant les dernières lignes de cette chronique acerbe, que je vous ai spoilié grande partie de l'intrigue, mais comme cette histoire a déjà été présentée en kiosque dans les pages du mensuel Iron Man, et qu'il s'agit d'un truc que vous feriez mieux d'oublier aussi vite que vous l'auriez lu (éventuellement, autrement personne ne vous en voudra), je pense être pardonné. Tony Stark, je sais que tu peux être parfois un véritable enfoiré, mais tu ne méritais tout de même pas ça...
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