Are You Here // De Matthew Weiner. Avec Owen Wilson, Zach Galifianakis et Amy Poehler.
Avoir créé une brillante série ne veut pas dire que l’on peut récidiver à chaque fois. Matthew Weiner, grand créateur de Mad Men, sort des années 60 pour revenir à nos années et nous raconter une nouvelle histoire de fuite masculine. En effet, nous suivons les aventures de deux colocataires qui fuient les responsabilité de leur vie adulte. C’est un peu comme Don qui a fuit ses responsabilités de militaire, de père, de mari, etc. Are You Here reprend donc une partie de la genèse de Mad Men au travers d’une histoire complètement différente. Je pense que l’un des problèmes de ce film c’est de ne laisser aucune impression finale. L’histoire n’est pas mauvaise, le casting est plutôt convaincant - Owen Wilson le premier - mais il manque quelque chose et c’est simplement l’envie de se souvenir de ce que l’on a vu. Au bout de deux heures de film on se rend finalement compte que sans être complètement ennuyeux, le film n’était pas très intéressant et ne laisse aucune véritable impression au spectateur. J’aurais adoré être surpris, que le bon casting utilise l’étendue de ses talents afin de nous toucher comme il se doit (car oui, Are You Here n’est pas une comédie mais un film assez dramatique).
Deux colocataires trentenaires (un présentateur météo coureur de jupons et un bon-à-rien) fuient les responsabilités de la vie adulte. Lorsque le père d'un des deux décède, leur vie bascule : le bon-à-rien devient propriétaire d'un magasin, d'une maison de campagne et de millions de dollars au dépend de sa sœur, qui elle n'a rien obtenu.
Matthew Weiner maîtrise bien son sujet mais ne parvient pas à le mettre en scène dans le meilleur des univers. Ce qui a fait la force de Mad Men ce n’est pas que son personnage de Don c’est aussi son univers atypique. En effet, le monde de la publicité était un angle intelligent qui permettait de jouer la carte de l’évasion, de la créativité, etc. tout en jouissant également d’une vision sociale de l’époque et de la façon dont chacun pouvait être perçu. Le résultat dans Are You Here est tout autre. En effet, le film nous plonge dans un univers rasoir déjà vu dans tout un tas de comédies indépendantes. Cela ne change donc pas vraiment le terrain de jeu. De plus, les interactions entre les personnages manquent d’ampleur et l’on se sent donc très rapidement enfermés. Ce n’est pas mauvais car le film regorge de bons petits moments mais rien n’est mémorable. La vie de ces personnages n’a rien de pérenne et malgré toute la bonne volonté du monde, rien ne colle vraiment comme on aurait probablement pu le souhaiter. Matthew Weiner met tout cela en scène comme un épisode de Mad Men. L’utilisation de couleurs chaudes est quelque chose qu’il semble apprécier (et qui au fond colle plutôt bien à l’univers de Are You Here).
Mais ce n’est pas suffisant non plus pour créer une certaine once d’originalité. Alors que le film se veut plus dramatique que comique, je trouve dommage que Matthew Weiner ait opté pour la fin heureuse dans le sens où Mad Men n’est pas une série à la fin heureuse par exemple. Mais justement, le film est en partie fainéant, comme si le scénariste avait eu du mal à condenser ce qu’il voulait raconter en 2h de film, et qu’il fallait prendre ces 2h comme une introduction à quelque chose d’autre, une introspection des personnages plus importante pourrait être à venir et nous permettre de voir les choses autrement. Owen Wilson est clairement le meilleur élément de ce film et il apporte beaucoup. Il montre ici un jeu beaucoup plus nuancé que ce qu’il a pour habitude de jouer dans bon nombre de films américains très classiques. Même avec tout ce que Are You Here peut faire de sympathique, le film ne parvient pas à séduire complètement mais l’on ne s’en rend par chance compte qu’une fois celui-ci terminé. C’est à ce moment là que l’on prend conscience du fait que l’on a peut-être perdu 2h de sa vie mais bon, ce n’est pas comme si j’étais à 2h près quand je vois le temps que j’ai perdu pour des trucs bien pires.
Note : 4.5/10. En bref, déception qui, une fois vue, laisse une impression de film légèrement raté.