10 mai 2015, c'est le jour du trail des Forts de Besançon 2015. 19 km et un objectif secret : le Fortissimo de Bronze (inf. 2h15). Voici, donc, le récit de cette belle journée. Un peu de lecture, certes, mais toutes ces émotions méritaient bien d'être racontées.
J'ai fait de belles petites courses en ce début d'année, avec, curieusement, deux petits podiums par catégorie (Trail de Pignan et Trail des Terrasses du Lodévois). Mais pas de "vrai" trail. Il faut dire que je suis à la lettre les directives : un entraînement régulier mais très PROGRESSIF. Je respecte également les périodes de repos, et au besoin, si une douleur se fait sentir, j'ajoute quelques jours de récupération.
Je bichonne le genou, et pour le moment il me le rend plutôt bien.
Mais la date fatidique approche, mon objectif 2015 : la Corse, et depuis ma reprise active, mon entraînement se décompose en deux phases. Une première jusqu'à la semaine dernière, où je me forgeais de bonnes gambettes solides et m'entraînais pour un trail de 20 km (première étape, capitale pour la suite...), et une deuxième phase qui n'est autre que la préparation spécifique pour le Tavignanu Trail en juillet.
Voilà pour vous situer mon état d'esprit, ce 19km des trails des Forts de Besançon, c'est un peu comme un bac blanc pour d'abord jauger les capacités du genou et ensuite vérifier les bénéfices de l'entraînement.
Il est 5h, je sors difficilement de mon lit. Je n'avais pas envie d'y aller seule, alors je suis la plus heureuse quand j'apprends que ma maman m'accompagne. Il faut dire, elle assure ma maman ! Les affaires sont prêtes depuis la veille, je prends le temps de déjeuner, de faire un premier pipi de stress et hop c'est parti pour Besançon.
La ville est à peine réveillée lorsqu'on arrive, mais plus on se rapproche du centre, plus l'effervescence de la course se fait sentir. Voitures cherchant une place où se garer, coureurs s'échauffant, accompagnateurs prêts à suivre leurs protégés.
3500 coureurs sont attendus, pour 3 parcours, alors autant vous dire que ça me change de mes petites courses locales !
Hop, une place ! Ah ben voilà, on a déjà de la chance, on est tout près du départ. Un petit tour au centre de course (dans un immense hangar désinfecté) pour récupérer le dossard et faire un coucou à Sisi (Sylvaine Cussot, toute fraîche et prête à en découdre avec le grand parcours, 47km, faisant parti du TTN) et je scrute toute la zone pour trouver des toilettes. Ah. Ok. Je les ai trouvé... 3 WC pour... 3500 coureurs ??? Euh il semblerait que les organisateurs n'aient pas pensé à tout ! Et mes 3 à 5 pipi de stress alors ?? On est en ville, pas beaucoup d'arbre pour se cacher et je ne fais pas pipi debout moi !
Je sors de là juste à temps pour voir le départ du 47km. Maman est plutôt impressionnée, et il y a de quoi ! Beaucoup de vaillants traileurs ici déjà et un très haut niveau annoncé ! Je finis de me préparer, un dernier débrief avec maman pour checker les points de rencontre et me voilà dans le couloir de départ. Beaucoup de monde, beaucoup de stress ! Je suis entourée par de grands gaillards, je me sens seule et petite là au milieu.
Je n'ai pas spécialement cherché à me placer, mais il me semble bien être (trop) loin de la ligne de départ.
A priori, il y a 3 km de plat en bord du Doubs donc ça devrait bien passer. Le décompte commence avec la petite musique qui va bien.
10... 9... 8... 7... 6... 5... 4... 3... 2... 1...
GOOOOOO ah ben non ça bouchonne... 1300 coureurs c'est long à partir ! Après une bonne minute j'arrive enfin à trottiner, mais pas de quoi affoler le chrono. Quelques dizaines de mètres sur le bitume et me voilà déjà en bord du Doubs où là, surprise, moi qui m'attendait à une piste bien large, ça ressemble plutôt à un sentier étroit. Alors forcément, ça (re)bouchonne ! 3 km ainsi, c'est un peu long, je slalome et suis un Mr tout de Salomon équipé qui se fraye un chemin à droite ou à gauche pour tenter de doubler bon nombre de coureurs (mal placés au départ ?).
Avec un échauffement léger, et ces zigzags pour rattraper un peu mon retard, j'ai le coeur qui s'emballe et j'ai bien du mal à démarrer la première bosse. Les jambes sont pas trop là, mais je garde un petit rythme correct.
Cette première ascension va être assez longue en fait, et même en haut, sur le plateau, je n'en vois pas le bout. Ou est donc ce premier fort ?
Je finis par retrouver un peu de force, les premières fortifications apparaissent, et il en est de même pour la première descente. A peine la descente entamée, j'aperçois maman qui commence à trottiner avec moi.
Vous avez bien compris... Vous vous imaginez bien qu'autour de moi, tout le monde a rigolé ! Mais qu'est ce que vous voulez, c'est ça d'avoir une super maman supportrice !
Dans la descente, encore des bouchons au niveau de passages étroits, ça commence à m'agacer je ne cours pas à mon allure et ne cesse de freiner/accélérer.
On passe du fort, en pleine nature, à la ville et la voie pavée qui longe et contourne le centre de Besançon. Là c'est tout plat mais large, hop on lâche les chevaux ! Un nouveau coucou à maman qui a galopé pour venir me retrouver ici, après quoi c'est Goldman qui m'accompagne dans ces 4 km de voie pavée. Je suis pas trop mal même si je commence à sentir les jambes lourdes (presque 12 km, presque mon maximum depuis ma reprise !). Je me mets à cogiter.
Il reste deux bonnes bosses, et encore 6km. Dit comme ça, c'est rien, mais arrivée au pied du fort de Chaudanne je me dis que ça ne va pas être une mince affaire.
Des escaliers d'abord et un sentier qui grimpe raide ! C'est très dur à ce moment là pour moi, je n'ai plus de jus ! Je calme le jeu, tente de m'alimenter et prends mon mal en patience.
Nous voilà au ravitaillement, j'ai tout sur moi alors je ne m'arrête pas mais marche quelques instants pour retrouver un semblant de fraîcheur et repartir en "bon état" dans la descente. Je me fais doubler au début, puis les jambes commencent à repartir.
Sur ce trail, au total il n'y a pas tant que ça de déniv (600mD+), mais à chaque fois ce sont des pentes de 15-20%, voire plus !
Quelques secondes de répit, le temps de traverser le Doubs et on attaque le dernier gros morceau, la Citadelle de Vauban. Ah oui... ça grimpe encore sec, même plus raide qu'avant, et en plus c'est sur une route goudronnée ! Aie c'est dur... Je dois faire peine à voir parce qu'un gentil coureur me donne une tape dans le dos et m'encourage. On commence à parler et me dis que la montée est presque fini. Je regarde le chrono, 1h55. Ah ben la barre des 2h15 (pour avoir un diplôme FORTISSIMO de BRONZE :-) ) est peut-être encore jouable !
J'accélère, passe au milieu des singes, perroquets et je ne sais quelles autres espèces et je file vers la descente.
Là, surprise ! Maman est là, elle me dit que je fais un super chrono ! J'en suis à 2h de course, je vais peut-être pouvoir réaliser mon objectif même avec tous ces bouchons qui ont gâché mon début de course. Je cavale, non je dévale cette descente jusqu'aux escaliers où là encore ça bouchonne... Il en fallait bien une petite dernière non ? Du coup j'ai les jambes coupées, je n'arrive même pas à dépasser les 11km/h dans la dernière ligne droite !
Mon chrono ! Que dit mon chrono ? Vite j'arrête ma montre et... fin du suspens : 2h09'53" !!! Et ben là je suis ravie ! Contrat rempli avec un joli tee-shirt à la clé :-)
Je retrouve maman quelques minutes plus tard, ma super maman venue pour m'encourager. On se raconte notre matinée allongées au soleil le long du couloir d'arrivée à attendre les coureurs... et une Sisi qui m'aura fait attendre !^^
Fin de cette première phase de reprise donc. Un niveau bel et bien franchi, même s'il reste encore du boulot pour la Corse :-) Le Trail des Forts de Besançon est surement un évènement à voir et à faire au moins une fois. Les passages dans les fortifications, bien que compliqués vu le nombre important de coureurs, reste un moment typique très surprenant et plaisant. On se rapproche plus d'un Urban Trail, mais je ne suis pas déçue d'être venue et compte bien ramener mon compagnon l'année prochaine !