Chronique « Roi Ours »
Scénario et dessin de Mobidic,
Public conseillé : Tout public (à partir de 12 ans)
Style : Comte
Paru aux éditions Delcourt, le 13 mai 2015, 112 pages couleurs, 16.95 euros
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L’Histoire
Dans la forêt profonde, une tribu indienne se rassemble. Ils attachent en offrande, Xipil, la fille du Chaman au totem de la Déesse Caïman.
Mais la jeune fille est sauvée par le Roi Ours. Bienveillant, le dieu la détache, puis s’en va. En retournant sur ses pas, Xipil est attaquée par Antli, son amoureux. Effrayé par la colère des dieux, Antli s’apprête à la tuer, avant d’’être arrêté et démembré par le roi Ours.
Pour assurer sa protection, le Dieu propose à Xipil de la prendre pour femme…
Ce que j’en pense
Il est de ces albums qu’on attend pas et qui vous embarque malgré vous dans une lecture quasi hypnotique. “Roi-Ours” est de ce bois-là !
La jeune dessinatrice belge Mobidic (pseudo en hommage à l’oeuvre de Herman Melville, bien entendu) nous offre une fable indienne à sa sauce. Si “Luuna” (de Crisse & Keramidas) avait déjà creusé le sillon avec succès, Mobidic se lance dans une version personnelle et plus “adulte”.
Malgré un point de départ plutôt simplet (pour éviter la mort, la jeune Xipili devient la promise du Roi Ours.), elle travaille un scénario long et subtil en variant les registres (drame, intrigues et même humour).
Avec une ambiance onirique façon “Miyasaki” (voir “Princesse Mononoké” , “Le voyage de Chihiro”…), Mobidic nous plonge dans un monde animiste pleinement assumé. Rois des animaux géants, esprits de la forêt doués de la parole, le postulat “fantastique” est amené avec le plus grand naturel et ne parait jamais artificiel ou ridicule.
Rejetée par les hommes, Xipil rentre dans sa nouvelle tribu. Accueillie par la “Mère des singes”, une imposante et maternelle femelle gorille maternelle, la “Déesse Caïman”, aussi rusée que perverse, des loups gigantesques et même un dragon… Tout ce petit monde n’a d’ yeux que pour la nouvelle venue !
Mais qu’attend donc le Roi Ours d’elle et saura-t-il la protéger ? On a beau être né Dieux, on en est pas plus sages. Centre des querelles et des luttes de pouvoirs, la jeune fille aura sa place à trouver…
L’univers graphique est responsable en grande partie, du charme que j’ai resenti à la lecture de cet album. Son dessin semi-réaliste est tout en délicatesse. Malgré un encrage assez présent, l’élégance et la finesse de son trait restent perceptibles.
Véritable polyphonie graphique, c’est un enchantement visuel chatoyant et poétique !
Mise en couleurs, matières, lumières, tout est travaillé pour créer des ambiances profondes et prégnantes qui vibrent longtemps dans la pupille.
Le résultat, pour une première oeuvre, est juste incroyable ! Moi, je suis fan et je le proclame bien haut. Vive Dominique, euh, vive Mobidic !