l'Histoire de France ne doit pas être une proie pour les ennemis de l'évolution sociétale
Après avoir zappé brièvement sur Mots croisés hier soir (sur la 2), j'étais assez stupéfait d'un passage sur l'enseignement de l'histoire pendant lequel Bruckner nous délivrait son message pontifiant du " c'était mieux avant ", ainsi que du pugilat entre une prof d'histoire particulièrement désagréable et manifestement bien réac ( Barbara Lefebvre, Professeure d'histoire-géo à Saint-Cloud) et Nicolas Offenstadt (Historien, maître de conf. à Paris-I). Reliant ce passage dans mon cortex paresseux à ce que j'ai pu lire et entendre au sujet de l'enseignement de l'histoire pendant toute ma vie, m'est apparue soudain cette évidence de la tension idéologique forte que suscite cette matière, moins neutre qu'il n'y parait de prime abord pour qui ne s'y intéresse pas, ou peu. C'est une erreur fondamentale pour tout militant, qu'il soit politique, syndical, associatif, ou pour la défense des droits humains. Car l'ennemi est là, qui cherche à s'en emparer. On peut d'ailleurs observer à quel point cet enseignement est bien vite revisité, remanié, et censuré dès qu'un gouvernement d'essence non démocratique arrive au pouvoir. Et sans même aller jusque là, regarder la manière dont l'extrême droite (et maintenant, la droite sarkozyste) n'a eu de cesse de tenter de récupérer assez obsessionnellement, petit à petit, des symboles historiques pour en faire son héritage exclusif . Ce qui est abusif quand on creuse un peu en se documentant rationnellement, que ce soit à propos de Jeanne d'Arc ou de Jaurès pour seuls exemples connus. Et ce phénomène va jusqu'à tenter de se réapproprier l'histoire en la revisitant et en la remodelant afin qu'elle corresponde à son schéma idéologique intérieur, fut-il perverti, comme c'est le cas des révisionnistes, et de l'histoire de la Shoah. Et l'on va jusqu'à penser contre toute raison et toute preuve irréfutable que les chambres à gaz n'ont jamais existé... Ces gens là ne sont pas dans le domaine de la raison, mais de l'émotion. Du fantasme historique. Aussi, c'est avec grand plaisir que j'ai découvert, le hasard fait si bien les choses, dès ce matin, cet article particulièrement intéressant que je vous invite à lire sur Rue89 :
Il y a certainement, et c'est à mon sens sa place exacte, une vision plus progressiste (c'est à dire non figée sur des clichés et des émotions qui n'ont rien à voir avec la réalité de l'Histoire vivante, en constante évolution) et plus ouverte de l'Histoire, qu'il convient d'explorer assez régulièrement pour ne pas être en reste face aux idéologues aux petits pieds, qui profitent de notre inculture historique pour nous vendre leur soupe frelatée. Et de ce genre là, ils sont légion, que ce soit en philosophie, en politique, dans le paysage médiatique (et j'y inclus les réseaux sociaux, défouloir émotionnel et idéologique formidable dans lequel on trouve à boire et à manger... ou à vomir) et culturel de notre pays.
Ne leur laissons pas le champ libre. L'histoire est aussi un combat, perpétuel, contre l'obscurantisme, d'où qu'il vienne. C'est une science en perpétuel mouvement, qui ne doit être ni arrêtée, ni figée, ni même accaparée par quelque courant idéologique ou spirituel que ce soit. Le sens critique doit toujours y conserver une place de choix. Et de cela, les réacs de tous poils ne veulent surtout pas. Ils ne détestent rien tant que le changement... Nous devons donc les combattre également sur ce terrain là.
(Poil au bras).
C'est à lire, en complément : Pour une critique de gauche des nouveaux programmes d'histoire