L'étranger, le fou, le dieu... au fondement de l'individu ?

Publié le 19 mai 2015 par Detoursdesmondes


Mon retour à São Paulo ce printemps est prétexte pour évoquer brièvement une grande figure de l'ethnologie que fut Roger Bastide. En effet, agrégé de philosophie en 1924, il occupa la chaire de sociologie de l'université de São Paulo nouvellement créée, et ce de 1938 à 1957. Il succèdait ainsi à un autre grande figure : Claude Lévi-Strauss.
Il travailla essentiellement sur les religions africaines au Brésil et en Afrique. Il publia entre autres en 1958 Le Condomblé de Bahia : rite Nagô et en 1960 : Les religions africaines au Brésil.
A la suite de mes recherches sur Michel Leiris l'année dernière, m'étant notamment intéressée à son travail sur les cultes de possession chez les Zar d'Ethiopie, il m'a semblé intéressant de poser la question "Quid des cultes de possession dans le monde entier?"
D'où bien sûr, lorsqu'on est au Brésil, les noms de Pierre Verger, Alfred Métraux et Roger Bastide qui s'imposent dans les recherches autour du candomblé et plus généralement des cultes afro-brésiliens.
Or, si Michel Leiris avait approché les cultes de possession comme un homme de lettre fasciné par l'univers du théâtre et de l'opéra ; Roger Bastide, qui dès avant sa venue au Brésil voulait étudier les phénomènes de possessions et de transes mystiques, approcha ces derniers avec une vision de sociologue : il réhabilita en quelque sorte la transe. Ne pas la considérer comme une chose anormale mais comme un évènement s'inscrivant pleinement dans un ensemble culturel, telle est probablement une des grandes leçons qu'il fut le premier à tirer.


Depuis, les recherches sur les états modifiés de conscience ont beaucoup progressé... et il est un autre chemin qui m'intéresse pour l'étude du corps et de la personne, déjà entamée dans l'aire océanienne, qui est celui des "hommes-limites" tels les chamanes que nous pouvons rencontrer dans les domaines sibériens, mongoles... une autre histoire ...
Pour l'heure rendons hommage à ces hommes (Bastide, Verger, Métraux...) dont les trajectoires ethnographiques et humaines ont largement contribué à la reconnaissance de la population afro-américaines, et comme je l'évoquais récemment, à l'importance de l'héritage africain dans ses cultures et son histoire.
Photo 1 : Roger Bastide © T.D.R
Photo 2 : © Pierre Verger