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TS2 & Ts3 GEO. Cours ENTIER sur le continent américain (avec comparaison EU/Brésil)

Par Misterr

Le continent américain est marqué aujourd'hui par un désir d'unité. Mais malgré une même colonisation européenne, l'Amérique est caractérisée par deux mondes différents tant au niveau culturel, politique qu'économique. Le clivage entre l'Amérique du Nord anglo-saxonne et l'Amérique du Sud latine est l'une des discontinuités majeures du continent. Pourtant les relations sont anciennes et diverses, même si le poids des États-Unis est parfois lourd à supporter : " Si loin de Dieu, si près des États-Unis " écrit Porfiro Diaz, dictateur mexicain du XIXe siècle, à propos de son pays. L' impérialisme des États-Unis est de plus en plus dénoncé mais la relation est particulière, marquée par l' ambivalence entre attraction et répulsion, à l'image des constructions régionales.

Le continent est en effet marqué par la création d'associations régionales au poids inégal. Elles assurent le renforcement des liens commerciaux mais elles fédèrent aussi de fortes oppositions. Le continent est marqué par de fortes tensions. Dans ces structures, la puissance du nord, celle des États-Unis, se maintient face à l'affirmation du sud, en particulier du Brésil. Le désir des uns de rester le pôle central du système mondial et celui des autres de confirmer le stade de puissance régionale, voire mondiale, anime de nouvelles dynamiques géopolitiques, qui se lisent dans l'organisation du territoire des deux États.

aa Au-delà des disparités, l'intégration peut-elle se faire pour une zone plurielle ? Quels sont les contrastes et les dynamiques du continent américain ?

A. Un continent aux multiples contrastes

Deux Amériques de poids inégal se font face.

De grands contrastes de développement

  • entre nord et sud. Ex : 2013 IDH des États-Unis : 0,914 ; Brésil : 0,744;
  • entre espaces intégrés à la mondialisation (littoraux, métropoles) et les zones délaissées.

Les contrastes socio-économiques nets entre l'Amérique du nord développée et celle du sud qui l'est moins, mais aussi au sein de cette dernière : une des régions les plus inégalitaires du monde (villes)>> société duale.

Depuis le début du XXIe s., une " nouvelle Amérique ", émergente, est en marche, avec d'importants progrès économiques et sociaux.

De forts contrastes culturels : une Amérique latine catholique et métissée, + en + américanisée et le monde anglo-saxon protestant marqué par le multiculturalisme et l'essor de l'influence latino (1ère minorité du pays ; villes bilingues en Floride ou en Californie). Globalement, l'américanisation des modes de vie se lit sur l'ensemble du continent.

Les régimes politiques sont très différents : morcellement politique de l'Amérique latine. Les démocraties sont majoritaires mais les oppositions demeurent violentes entre régimes socialistes ( Cuba, Venezuela) et libéraux ( Colombie, Mexique).

B. Des modèles d'intégrations divergents.

A l'échelle continentale, l'intégration n'existe pas.

L' ALENA est née en 1994 autour des États-Unis du Canada et du Mexique.

Vaste zone de libre-échange de près de 474M d'habitants (2014), sur 21,5M km2, dont le RNB avoisine les 18000Md $ (= plus de 25% de la richesse produite dans le monde) >>> hausse des échanges entre les 3 États et la croissance de leur économie. Cela a permis les échanges de biens, de capitaux mais pas humains.

L'intégration : au bénéfice des États-Unis ( 75% des export canadiennes, 78% des mexicaines). Canada et Mexique sont très articulés aux EU et ont bénéficié de leur dynamisme.

V olonté de l'Amérique latine de s'émanciper de la tutelle des EU et de favoriser une intégration sud-américaine. Le Brésil joue ici un rôle fondamental

Le (Mercado Comun del Sur), créé en 1991, alternative à l'ALENA : rapprochement du Brésil et des pays du cône sud (Argentine, Uruguay, Paraguay, Venezuela)

L'intégration : à 275M de personnes, sur 13Mkm2 : union douanière en 1994 avec ouverture à de nouveaux partenaires. Elle connaît un essor des échanges commerciaux.

Toutefois : échanges asymétriques, au profit du Brésil. L'intégration peine à dépasser la défense des intérêts nationaux.

D'autres associations régionales existent mais fortes disparités entre membres et mauvaise connexion des réseaux de communication, la rare dynamisation des espaces transfrontaliers pénalisent.

Malgré tout, la volonté d'intégration politique est une réalité pour l'Amérique du S : rapprochement entre le MERCOSUR et la CAN, la communauté Andine des Nations, pour donner naissance en 2008 à l'Union des nations d'Am du Sud.

De gros efforts pour désenclaver et assurer l'interconnexion des territoires ( possible ouverture sur l'Atlantique pour la Bolivie et le Paraguay par exemple).

L'isthme centraméricain et les sont dominés par les EU. La large fragmentation politique stimule un désir d'unité mais le MCCA ( Marché Commun Centre-Américain) et le Caricom ( Communauté des Caraïbes) ne sont pas efficaces.

Toutefois une forte intégration entre les deux Amériques se développe. La forte pression des organisations internationales (OMC, FMI) favorise l'ouverture des frontières, assure la multiplication de contacts et échanges éco. Mais cette intégration sert surtout les intérêts des EU (accords bilatéraux) car les échanges intra régionaux d'Amérique latine restent faibles.

C. Un continent sous tensions

La volonté d'hégémonie des EU est la principale source de tensions. Cela stimule un puissant antiaméricanisme et une forte dénonciation de l'impérialisme :

  • L'Amérique latine, une " arrière-cour " des États-Unis (la doctrine Monroe et au XXe s. par la " diplomatie du $ ") ;
  • 1961 : " Alliance pour le progrès " instaurée pour aider les partenaires latino-américains et s'assurer de leur fidélité.

Aujourd'hui, l'Amérique latine prend ses distances : création de l'ALBA en 2005 (aube en français) : L'Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique une organisation politique, culturelle, sociale et économique pour promouvoir l'intégration des pays de l'Amérique latine et des Caraïbes, construite sur les principes de solidarité et de coopération.

Malgré tout : le poids du $, les interventions militaires, la lutte contre le trafic de drogue crée une dépendance par rapport aux EU. L'influence reste forte sur les voisins proches tandis que le cône sud est plus autonome.

De fortes tensions internes pénalisent encore le continent :

  • États défaillants (le trafic de drogue) sont dans la région, instables et fragiles ;
  • Les revendications des peuples indigènes (Canada, Bolivie) et guérillas encore actives ;
  • les inégalités sociales ;
  • les lenteurs de la réforme agraire (au Brésil) ;

>>> violence généralisée, notamment dans les bidonvilles, dont certains sont de véritables zones de non droit.

L'enclavement et le retard éco ( piémont des Andes, sur l'altiplano, dans la forêt dense), les guérillas ( FARC) ainsi que les conflits et trafics débordent du seul cadre national et sont même au cœur d'un véritable " système continental ".

Les tensions frontalières sont nombreuses. Le problème des tracés frontaliers autour de la Bolivie, entre le Pérou et l'Équateur, le Chili et l'Argentine ont été résolus très récemment. En revanche, la contestation de la délimitation de la ZEE entre Colombie et Venezuela ou entre petits États d'Amérique centrale, les puissantes oppositions autour des réserves pétrolières (Surinam/Guyana) génèrent des tensions entre États mais aussi avec des ethnies locales revendiquant leurs droits ancestraux.

A. Deux puissances : l'une se maintient , l'autre émerge.

Le PIB américain est 7 fois supérieur à celui du Brésil. Le Brésil est une puissance émergente en croissance rapide et marqué par une diversification économique de plus en plus forte.

Les deux États sont des pôles de production majeurs, qui ont mis en valeur des ressources naturelles variées ( fer, bauxite, hydrocarbures, charbon, espaces agricoles...). Ils disposent de sources d'énergie renouvelables ( hydroélectricité, biomasse, éthanol, solaire). Deux " fermes du monde " : Ce sont deux géants de l'IAA ( blé, soja, viande).

Un poids financier contrasté : Les EU sont la 1 ère puiss financ ( dollar, bourse, IDE) ; le Brésil est plus modeste.

Les EU, une hyperpuissance dans 4 domaines clé : l'économie, le militaire et diplomatique, le technique et la culture.

Les EU dominent les services et les technologies du futur (NTIC, biotechnologies). Ils estiment être un modèle de civilisation à diffuser au nom de la " destinée manifeste ". Un modèle attractif grâce au soft power : la diffusion de l'American way of life, l'attraction des touristes, des étudiants, MAIS ce modèle semble moins faire rêver : contesté et porte des limites :

  • internes (40M de pauvres, 45 % des dépenses militaires mondiales mais 16 % des dépenses de santé) ;
  • externes (ALBA, l'espionnage éco et ind ; système Echelon).

Il peut contrebalancer la domination des EU par son rôle international croissant mais peut-il être un centre majeur de la mondialisation rivalisant avec les EU ?

Une puissance émergente : armement nucléaire, critique l'impérialisme étatsunien, mène une politique étrangère indépendante ( par exemple vers l'Iran). C'est une puissance productive aux larges ressources naturelles et agricoles. C'est une puissance industrielle et commerciale. La 1ère puissance d'Amérique latine ( 50% du PIB de l'Amérique du Sud mais le PIB/hab est inférieur à l'Argentine). Il domine le MERCOSUR et espère promouvoir l'intégration latino-américaine ( UNASUR).

Le Brésil, un des leaders des émergents, veut s'affirmer à l'échelle du Sud. Il est leader de l'opposition à l'OMC depuis 2003, se fait le porte-parole du multilatéralisme. Il est proche des autres BRICS et manifeste un vif intérêt pour le Sud ( vers l'Afrique lusophone). Ce pays veut assumer des responsabilités globales : il s'appuie sur des entreprises de niveau mondial ( Vale 2ème dans les minerais, Petrobras, Embraer [aéronautique]) mais une économie principalement fondée sur les ressources naturelles : une puissante IAA ( 25% du PIB) : 1er prod de sucre, de café, d'oranges, le 2ème de soja et de tabac.

Un modèle culturel en devenir ( football, imaginaire collectif, musique/salsa). Mais son rôle mondial reste limité :

  • une méfiance des pays latino-américains envers le Brésil ;
  • membre du G20 mais veut participer au conseil de sécurité de l'ONU ;
  • forts contrastes internes : les inégalités y sont très fortes ;
  • éco qui souffre en 2015 : les économistes parlent d'un recul de près de 1% du PIB ;
  • scandale PETROBRAS fin 2014/2015 : corruption mélant le parti politique au pouvoir et le grand groupe pétrolier brésilien PETROBRAS.

B. Un territoire bien maîtrisé pour les uns, à maîtriser pour les autres.

Deux territoires conquis :

  • pays d'immigration dans lesquels les colons européens sont arrivés par la mer ;
  • La mise en valeur portée par la ruée vers l'or, le chemin de fer et la conquête de l'Ouest aux EU. Au Brésil, les cycles de mise en valeur ont généré un front pionnier autour d'axes de transport (la Transamazonienne) ;
  • Leur histoire est marquée par l'extermination des populations indigènes, le recours à l'esclavage.

Le peuplement s'est fait par vagues successives d'immigration :

  • Le Brésil caractérisé par un fort brassage démographique (43% de la population est métissée) tandis qu'aux EU, une forte ségrégation socio-spatiale à donné naissance à un multiculturalisme plus proche du salad bowl ;
  • La répartition de la population est inégale :
    • une faible densité moyenne (33,3 habt/km2 aux EU, 23,7 au B) ;
    • une forte mobilité interne ;
    • une forte urbanisation (85% au B, 83% aux EU)

L'ouverture sur le monde et la création de métropoles littorales puissantes ont favorisé la concentration des hommes et des activités sur les littoraux. Aux EU, 50% de la pop sont concentrés à l'est du 100ème méridien. Ce rapport est plus inégal au Brésil : le Sudeste brésilien ( Sao Paulo, Rio de J) et le Nordeste concentrent 70% de la population.

Au Brésil, les littoraux concentrent plus des 2/3 des richesses, les principales grandes villes, face au " cul de sac amazonien " (en cours de désenclavement). Le Nordeste est victime d'un maldéveloppement. Le Sudeste reste le cœur du pays ( 70% de la prod industrielle). Donc, ce pays est marqué par de profonds déséquilibres.

Aux États-Unis, les littoraux concentrent aussi la population, mais plus périphérique qu'au Brésil. Le Nord-Est reste le " centre " du pays (commande l'organisation du territoire).

Les espaces frontaliers sont inégalement valorisés :

  • des espaces moteurs aux EU (ALENA) ;
  • des périphéries intérieures peu actives au Brésil malgré le récent intérêt pour les marges amazoniennes.

Les marges du territoire sont des réserves de puissance. Aux États-Unis, cela correspond à l'Intérieur du territoire, à Hawaii, à l'Alaska. Ces périphéries peu peuplées sont des zones riches en ressources naturelles (terres agri, hydrocarbures). Au Brésil, c'est l'Amazonie. Elle équivaut à 54% du territoire du pays. Cet espace est victime d'une mise en valeur prédatrice pour l'environnement malgré l'essor récent des préoccupations liées au Développement durable.


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