L’hebdomadaire La France Agricole publie cette semaine un dossier de 7 pages sur le thème de la cohabitation entre agriculteurs et abeilles, dont les populations ont fortement diminué ces dernières années. Mis en cause, les pesticides néonicotinoïdes ont non seulement la particularité de tuer les insectes qui s’en approchent, mais aussi de les attirer irrésistiblement, comme un fumeur vers une cigarette, selon une étude dont le quotidien Le Monde fait écho ( Abeilles et bourdons sont irrésistiblement attirés par les pesticides qui les tuent, Stéphane Foucart, 23/04/2015). Si les Etats Unis entreprennent de réguler, voir interdire, l’utilisation de molécules dangereuses (Etats-Unis : premières mesures contre les pesticides tueurs d’abeilles, 09/04/2015, Stéphane Foucart), les pratiques instaurées en France restent fidèles au modèle industriel favorisant la monoculture et l’utilisation d’engrais et pesticides, et le moratoire de décembre 2013 sur certains usages de néonicotinoïdes doit être réétudié d’ici la fin de l’année. La loi avance et recule et pendant ce temps les populations d’ abeilles et insectes pollinisateurs, indispensables à la production agricole continuent d’être mises en danger : l’agriculture se tire une balle dans le pied .
«Travailleuses, utiles, solidaires…, très précieuses dans l’évolution et le brassage génétique des plantes, les abeilles ont tout pour entretenir des affinités avec le monde agricole.Une étude conduite voilà quelques années dans le Tarn-et-Garonne, quatrième verger de France mais pas seulement, montrait que 40 % de la valeur de la production agricole du département était attribuable à l’activité des insectes pollinisateurs…» explique Eric Maerten dans l’éditorial de la France Agricole de cette semaine.
L’hebdo consacre un dossier de sept pages qui montre les intérêts entre agriculteurs et apiculteurs, tant écologiques qu’économiques.
Les besoins en pollinisation augmentent, les abeilles sont menacées. L’agriculture a besoin de l’apiculture et inversement. De nombreuses alternatives, certaines en apparence anodines et simples à réaliser, invitent à nouveau les abeilles et la biodiversité dans nos paysages. Des initiatives fleurissent dans le Gers, Les-Alpes-de-Haute-Provence, le Lot-et-Garonne, la Somme, l’Aisne, la Vendée, l’Eure-et-Loir…
Comment? En leur créant un habitat favorable grâce à des moyens simples qui participent à la sauvegarde de la biodiversité, enjeu essentiel tant pour l’écologie que pour l’économie et que favorise cette coopération entre agriculteurs et apiculteurs. C’est ainsi que le programme Lu’Harmony, qui fédère 1700 agriculteurs produisant de la farine de blé pour les biscuiteries LU, a consulté des experts indépendants, parmi lesquels l’association NOE Biodiversité, pour mettre en place des primes incitant à l’achat de semences fleuries. Au total en 2014, les surfaces mellifères de cette charte ont représenté 700 ha, soit 4,5 % des surfaces de couvert à intérêt apicole recensées en France par le Réseau biodiversité pour les abeilles. Dans toute la France, les initiatives fleurissent : ouverture de ruche, de mise en relation, notamment par le biais du site beewapi.com , spécialisé dans la mise en relation directe entre agriculteurs et apiculteurs.