American Crime // Saison 1. Episodes 10 et 11. Episode Ten / Episode Eleven.
SEASON FINALE
A la surprise générale, ABC a décidé de donner une seconde saison à American Crime. Etant donné que cette série est construite sur un format anthologique, la série de John Ridley racontera l’année prochaine une histoire de crime aux Etats-Unis complètement différente de celle que l’on a pu voir dans la première saison de American Crime. Mais je suppose qu’il va garder l’angle d’approche de cette année, celle de la diversité. Quand on interroge le créateur de la série sur la diversité qu’il a voulu proposer dans sa série, entre afro-américains, blancs, latinos, etc. on voit que finalement son but est bien plus grand puisqu’il s’est assuré qu’il y a toutes les cultures et races représentées au sein de son staff d’écriture. Ces deux derniers épisodes sont à la hauteur des attentes et concluent la saison de façon aussi surprenante qu’efficace. L’avant dernier épisode de la saison permet de conclure l’histoire de façon intelligente et de révéler que finalement le crime du fils de Barb n’était pas vraiment un crime de race, mais un crime d’amour. Cet épisode rappelle aussi qu’il est difficile de faire son deuil et American Crime est une série aussi au sujet du deuil et de ses étapes. Barb est le personnage le plus emblématique de la série de ce point de vue là car elle est passée par un état de déni, de rage, et puis maintenant d’apaisement (ou en tout cas en partie). La façon dont Barb a évolué au fil des épisodes est l’une des évolutions les plus intelligentes et intéressantes de la série.
Elle est passée par un état de dépression jusqu’à finalement accepter la mort de son fils. Barb a laissé tombé son idée, celle de la justice qu’elle pensait être juste, elle a même abandonné son histoire, et elle a aussi abandonné le fait qu’il pourrait y avoir une sorte de sauvetage possible de sa famille brisée par ce crime. Barb est dépressive, et elle ne se sent plus vraiment elle-même avec le pistolet qu’elle a acheté (et que Russ va utiliser pour tuer celui que Aubry aimait avant que cette dernière ne décide de mettre fin à ses jours en apprenant cette nouvelle). Barb n’a pas toujours totalement accepté ce qui s’est passé mais elle tente finalement d’oublier ou en tout cas de comprendre que finalement ce n’est pas de sa faute. Aubry va par ailleurs évoluer après sa confession de l’épisode précédent. La conclusion de l’épisode 1.10 est une occasion en or de donner à Aubry ce qu’il fallait pour faire évoluer son histoire et surtout conclure son histoire aussi sale que violente. Car Aubry est finalement un personnage violent, que ses parents ont appris à découvrir pendant qu’elle n’était plus conscience jusqu’à ce que finalement tout change.
Alonzo tente désespérément de libérer Tony de la détention juvénile, vendant son entreprise afin de prendre un avocat et de supplier les gens de servir de témoins. Alonzo veut retrouver sa famille et cela se comprend. C’est quelque chose de touchant là aussi que American Crime maîtrise toujours aussi bien. John Ridley a su créer une série vraiment intelligente dans sa façon de gérer le deuil de chacun mais pas seulement. Il en fait de même avec Aliyah et Carter. Aliyah continue d’être un véhicule pour un message supplémentaire. La série n’a eu de cesse de mettre cette dernière en avant et accessoirement son voile qui est très important à la fois dans sa démonstration religieuse mais aussi de ce en quoi elle croit (et ce peu importe si cela gène les autres). L’histoire qu’elle partage avec Carter est complètement différente mais c’est aussi une histoire touchante car finalement Carter est libre, contrairement à Aubry, etc. Tout cela aurait pu être confus dans une série qui ne sait pas trop dans quelle direction aller. A côté, la déportation d’Hector est un autre moment important de l’avant dernier épisode. C’est une bonne chose que la série n’ait de cesse de parler des problèmes raciaux dans un pays qui se veut une terre d’accueil pour toutes les cultures.
Depuis le début de la saison, American Crime n’a eu de cesse de parler de ce problème qu’il y a chez les américains, le fait que la réalité du pays est complètement différente de ce qu’ils cherchent à vendre aux autres cultures et aux autres pays. La race est forcément un frein pour beaucoup à faire quoi que ce soit. Dans le dernier épisode, la série trouve un moyen de donner une conclusion à chacun des personnages mais une conclusion favorable. Comme si finalement tout le monde avait la conclusion qu’il méritait. Car tout est fluide et va dans le bon sens dans celui où la vraie justice. Car on ne sait finalement pas trop où est-ce que la vraie justice est réellement avec American Crime, chacun pourrait presque avoir raison (ou presque). En tout cas, dans sa façon d’explorer ce qu’est un « American Crime », la série est brillante. Elle aime nous surprendre, nous prendre de court et c’est forcément tout cela qui commence dans le dernier épisode avec la confession d’Aubry. La mort de cette dernière, s’étant suicidée en prison, est quelque chose d’assez intéressant qui fonctionne d’ailleurs très bien. Russ de son côté a pris le relai de l’histoire de Barb quand cette dernière a acheté un pistolet. Sauf que le but de ce pistolet pour Barb est différent du but de Russ. Ce dernier veut la vengeance quand Barb voulait simplement se protéger des représailles. Aubry, Russ et Carter méritaient-ils de mourir ? C’est la bonne question.
De même que Barb et Mark méritaient-ils une seconde chance, et par extension Gwen ? Sans parler du fait que finalement chacun a sa part de responsabilité. Et c’est là la question que American Crime peut poser et qui est tout de même assez intelligente.
Note : 8.5/10. En bref, une belle fin pour une première saison.