Ingrid Bergman a hissé son sourire angélique en haut des marches, Sophie Marceau, Sienna Miller, et Rossy de Palma ont fait froufrouter leur robe, bref le festival 2015 a ouvert ses portes. On s’est faufilées dans le Palais des Festivals pour voir ce qui se projetait sur le grand écran? De forts caractères, de grandes femmes dans ce film actuel, féroce et juste de Tarzan & Arab Nasser.
L’histoire de Dégradé, c’est une histoire à se tirer les cheveux. Dans un salon de coiffure, treize femmes attendent leur instant de chouchoutage esthétique. Mais un lion, un homme et des tirs vont interrompre ce moment privilégié .
Faut-il y aller? Dégradé, un petit mot pour un grand film. Pourtant, à quoi s’attendre devant ces femmes en instance de cocooning? Voilà… le salon de coiffure est à Gaza et les héroïnes ne sont pas des princesses! Les fortes têtes s’échauffent sous les séchoirs et les tirs ne sont pas loin. Si proches que dans les bruits sourds, le spectateur se demande si le cinéma ne devient pas information, tellement l’info ressemble au ciné.
Les réalisateurs flirtent encore plus avec cette bipolarité car le film a été enregistré pendant la guerre de Gaza. Et avec cette référence en tête, les yeux se plissent, les bouches béent comme pour réagir au toupet des frères Nassar.
Les 13 femmes n’ont pas la langue dans leur poche, les 13 osent tout et refont le monde encore plus facilement dans ce huit-clos, et sous les bombes. Une espèce de géopolitique de salon de coiffure, à la fois ancestrale et courageuse. Alors forcément la référence à Timbuktu, vient parfois à l’esprit mais à découvrir la mère asthmatique, la femme enceinte, la vieille cougar aigrie, la jeune mariée, la femme pieuse, ou l’hystérique, c’est tout le bestiaire de … femmes qui est redessiné.
Tout ce que l’humanité peut imaginer. Courage, force, ennui, chaleur, bombardements, et le tout sur fond d’histoire d’amour. Une façon de se dire que Dégradé, c’est tout sauf un film dégradant.
Semaine de la Critique
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