Une grande vague de privatisations attend l'Ukraine, au moment où le
parlement ukrainien doit nommer le directeur du Fonds de la propriété
publique d'Ukraine, ainsi que les chefs de la Chambre des comptes, du
Comité antimonopole et des membres du Conseil de justice suprême, écrit
lundi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Les cinq fractions de la coalition, jusqu'au dernier moment, avaient
une vision différente des candidatures optimales. En parallèle, la
question de la restructuration des dettes, toujours en suspens, pourrait
indirectement dépendre de la privatisation.
En mars, quand la question de la restructuration commençait à être
évoquée, la presse ukrainienne avait relayé un article de l'agence
Bloomberg affirmant que la majeure partie de la dette du pays avait été
rachetée par le fonds d'investissement américain Franklin Templton pour
la famille Rothschild. Karl Volokh, membre du comité ukrainien de
lustration, avait supposé que les Rothschild, dans ce cas, avaient pu
être un simple instrument. Ils contrôlent les titres de valeur pour de
nombreux clients et préparent également la vente de la compagnie Roshen
de Piotr Porochenko. Et les USA pourraient être derrière l'ensemble du
processus de rachat des dettes de l'Ukraine. "Si je comprends bien, cela
a été fait pour empêcher Vladimir Poutine d'obtenir une voix décisive
dans le conseil des créanciers et de rendre l'Ukraine complètement
dépendante économiquement. Il s'avère aujourd'hui que nos craintes
n'étaient pas excessives", écrit Karl Volokh sur les réseaux sociaux.
Comme l'avaient annoncé les hauts fonctionnaires ukrainiens, Kiev a
l'intention de mettre en vente au moins la moitié des 3 000 entreprises
publiques du pays. La semaine dernière, le parlement a approuvé la liste
des privatisations pour cette année, qui contient environ 300 sites.
Les experts constatent que les plus intéressants sont les
entreprises stratégiques, qu'une loi spéciale interdit de vendre.
Autrement dit, le parlement devra organiser un vote à part pour porter
des amendements à cette loi et autoriser la privatisation.
Les débats les plus enflammés pourraient éclater autour de la
privatisation des entreprises uniques comme l'Usine portuaire d'Odessa
(OPZ) et Soumykhimprom. On entend déjà des déclarations indignées selon
lesquelles le gouvernement compte tirer moins d'un milliard de dollars
de la vente de toute la liste de 2015 — soit la somme que les
investisseurs étaient prêts à payer il y a cinq ans uniquement pour
l'OPZ. Alors qu'aujourd'hui on met en vente les actions des compagnies
énergétiques des régions de Dniepropetrovsk, de Zaporojie, de Kharkov,
de Nikolaev, de Khmelnitski et de Ternopol, ainsi que les paquets de
contrôle de plusieurs sociétés énergétiques, dont Kievenergo, dont une
partie des actions a été achetée plus tôt par l'oligarque Rinat
Akhmetov.
Dans le secteur minier, une trentaine de mines seront mises en vente
dans les régions de Volhynie, de Lvov et de Donetsk. Mais les plus
longues listes de sites privatisés concernent l'agriculture, la
construction mécanique et d'équipements.
Le leader du parti Plateforme civique Anatoli Gritsenko critique les
plans de privatisation du gouvernement. Il écrit sur son blog que les
prix des centaines d'entreprises stratégiques seront plusieurs fois
inférieurs par rapport à leur valeur réelle. Alors qu'elles pourront
être achetées par "ces mêmes quelques familles d'oligarques et quelques
hauts responsables qui contrôlent la Banque nationale et ses moyens
transparents de refinancement des banques commerciales. Il s'agira
toujours des mêmes… De quelle concurrence peut-on parler? D'aucune. Où
est la désoligrachisation promise? L'oligarchisation se poursuit, au
contraire. C'est un crime contre l'Ukraine".
Source: SputnikNews