Il y a toujours un peu d'appréhension logistique à la veille d'un rassemblement en nombre : a-t-on prévu assez de vivres pour tenir sur ces jours fériés ? qui préparera tous les repas pour ces 40 ventres affamés ? Mais à peine les courses déposées, je ne résiste pas à l'appel de la piscine. Plouf !
Sortir la tête de l'eau et y croiser des spimestres, habituellement derrière leurs écrans, avait quelque chose de surréaliste. Cela donnait soudain corps à ces purs esprits que l'on croise habituellement sur IRC ou scotchés à leur écran IRL - ce qui souvent me manque, le traditionnel manque d'incarnation du geek me faisant souffrir. Plouf donc, délicieux sentiment de vacances, qui plus est en bonne compagnie, sous les parasols reflétant les mouvements de l'eau... bonheur !
De retour de la baignade, je découvre qu'un atelier d'épluchage de légumes, en grande quantité, est lancé. Les participant·e·s continuent d'arriver. L'apéro commence. Ça papote. Des tartes aux pommes se fabriquent à la chaîne. Quelques ordis sont sortis, isolément. Plus loin, le barbecue démarre. En me retournant, je découvre les tables dressées dans l'herbe... Ravie, je m'éloigne pour apprécier l'activité de cette ruche enchantée. Chacun met la main à la pâte et les choses se font spontanément, tranquillement...
Il y a quelque chose d'admirable dans ce groupe qui s'auto-gère, sans consigne ni chef, et qui renouvelle mon attachement, profond, à la communauté SPIP. Repas à la belle étoile, entourée d'amis tendres. Je lâche prise. Complètement.
Au réveil, perché dans l'if, un polatouche veille sur nous, qui déjeunons sous la tonnelle. Un œuf au plat me tombe dans l'assiette. Piscine. La magie continue avec des salades gersoises - garnies d'un succulent magret de canard fumé - dressées à l'assiette, servies en salle, suivie de grands plateaux de fromages, avec des fûts de bière venus d'Allemagne... Ils sont fous, ces spimestres ! Les câbles d'alimentation se démultiplient et un second wifi arrose la grande salle, les ordis sortent des sacs et c'est parti ! La journée s'achève par un cassoulet géant, en compagnie de toulousain·e·s qui nous rejoignent.
Nous sommes sous le charme du lieu : le gîte bien proportionné, très bien équipé, permet de se répartir entre les différentes activités, de profiter du plaisir des retrouvailles, du bon temps partagé ensemble, du soleil, chacun·e à son rythme, avec le sentiment pas dégueu d'être en vacances. Je me régale de voir des développeurs quitter l'ordi pour une partie de ping-pong, revenir de la piscine ou d'un footing et reprendre le bout de code en cours...
Au bout d'un moment, je suis quand même frustrée de ne pas partager davantage de ce qui nous réunit ici : SPIP. Des groupes spontanés se sont formés, qui échangent à deux ou trois autour d'ordinateurs, tandis que les autres, plus novices, restent sur le côté, sans en profiter. Quid des idées et envies exprimées préalablement à cette rencontre ? Il semble même qu'une sortie de version se prépare, aussi imminente que sibylline, mais qui le sait ?
Il y a toujours ce problème de communication et d'accueil dans la communauté - consécutif à cette réticence farouche à établir ni suivre un programme dans SPIP et à ce manque de communication des coredev les plus impliqués, en refus d'assumer quelque responsabilité que ce soit malgré leur position, certes sympathiquement rebelles, mais... - qui manque d'inclusivité : les nouveaux venu·e·s peinent à trouver leur place, faute de connaître les chantiers en cours et les sujets de prédilection de chacun et chacune - certain·e·s ne savent même pas où télécharger la dernière version de SPIP ! - et à défaut farnientent, au mieux, ou s'affairent à des tâches subalternes, se rendant utiles en cuisine, au risque pour certains de virer groupies serviles, servant des bières aux susmentionnés en chantant leurs louanges... Ça ne me plaît pas du tout. D'une part cela prive la communauté de talents, de sang neuf et d'autre part cela hiérarchise désagréablement les rapports.
Moi-même, bien qu'ancienne et que l'envie de coworker me démange, après avoir publié un petit plugin, je ne sais vers qui ou quoi me tourner et commence à m'emmerder... Ce serait vraiment dommage d'avoir fait le déplacement et de repartir sans en savoir plus ! J'initie donc des présentations, courtes (15 min max) afin de laisser à chacun·e une chance de s'exprimer. Marcimat nous présente alors les apports de la prochaine version SPIP 3.1, RealET le formulaire d'upload en HTML5, Rasta son socle d'intégration SPIP, le bien nommé Intégraal, et moi le patch Médoc, dont j'ai excessive fierté.
Pendant ce temps a lieu un atelier de réflexion ergonomique sur l'espace privé de SPIP 3 découvert par un " utilisateur naïf ", dont Gilles, Touti et surtout Jacotte nous rendent compte en fin de journée. En tant qu'ergonome, je reste en retrait, m'assurant seulement que les échanges restent courtois et constructifs, sans écraser la parole de l'utilisateurice, et c'est l'occasion d'une prise de conscience collective des difficultés de compréhension et donc de maniement de l'interface, qui forme bientôt de grands espoirs de refonte...
Le lendemain, les groupes se constituent de façon plus hétérogène et des newbies apprennent à commiter, occasionnant d'autres présentations opportunes... Tout va bien. J'organise l'atelier cartes postales pour les absent·e·s et m'occupe enfin de la laborieuse migration de mes sites avec l'aide salvatrice de Marcimat. Mais c'est déjà l'heure des départs...
Je ne sais pas si on a progressé dans l'organisation de la documentation, trop foisonnante et donc complexe à appréhender, ni où on en est du " choc de simplification " espéré de la gestion des médias dans SPIP et aurais aimé profiter de ces retrouvailles pour avancer collectivement la réflexion sur ce sujet... Je ne sais pas si une nouvelle version de SPIP est sortie durant le weekend, mais le blog est enfin responsive, ni si le nouveau logo officiel a été choisi, mais chacun·e repart avec un joli sticker brodé.
Quoiqu'il en soit, ça faisait longtemps que je n'avais pas fait autant de câlins, renouant avec l'adage spipien qui me tient à cœur, " du logiciel libre et de la tendresse " !