Le joli mois de mai fait couler sur les pentes du mont Cavalier des couleurs douces que le soleil du matin fait vibrer. Couler, couleurs, on aimerait que ces mots soient parents pour cette circonstance car les couleurs coulent, oui, depuis l’écrin que font les fleurs, les plantes et les arbres autour de la tour Magne jusqu’à la source encore somnolente, les eaux calmes du nymphée et le canal qui s’en va entre deux files de voitures serpenter sous la ville.
Les coronilles ou les trifoliums, les pensées, les flammes vertes des iris, les grappes roses de valériane qu’on nomme ici Lilas d’Espagne, les arbres fardés de frondaisons superbes, jusqu’aux carpes alanguies sous les eaux du nymphée ou près du pont de Vierne, tout parle de douceur, de calme, de sagesse.
La ville bruit tout près, tout autour, derrière les grilles ouvragées, de l’autre côté des quais. Elle se prépare à la fête annuelle, la Feria turbulente où ce qui coulera aura d’autres couleurs, d’autres odeurs aussi, la menthe ou l’anis des mojitos ou des pastis, noyées dans d’autres senteurs beaucoup moins poétiques…