Les New Yorkais qui résident sur l’île de Manhattan ne mènent pas tout à fait la même vie que ceux des autres boroughs (ne comptons pas Staten Island, c’est une autre espèce, finalement plus proche des habitants du New Jersey). Malgré le processus de gentrification que connaît notamment Brooklyn, le mode de vie et la mentalité divergent.
A New York, il y a ceux qui habitent à Manhattan et les autres…. (et ceux qui habitent à Staten Island)
Le Bronx, Queens et Brooklyn produisent des New Yorkais d’un autre genre :
1) Hors Manhattan, on a un emploi du temps plus organisé
Etant donné le temps passé dans le métro, parfois compressé aux heures de pointe, il est inenvisageable de ne pas organiser sa journée à l’avance et prévoir en conséquence. Etre spontané devient un luxe. Pas de petit passage éclair à la maison à la pause de midi ou après le boulot avant de ressortir dîner ou boire un cocktail. Tout a été un minimum calculé à l’avance et le sac a été bien préparé.
On évite aussi de partir à la dernière minute, les retards dans les métros new yorkais n’étant pas si rares que ça.
2) Hors Manhattan, on est plus proches de ses voisins et de la communauté locale
A Brooklyn, dans le Bronx ou Queens, on retrouve une ambiance de village. Les gens se connaissent, ils ont leur habitude dans les commerces du coin, saluent leurs voisins. On devient plus local. Déjà parce que les lignes express de métro relient rapidement Manhattan mais les quartiers voisins ne sont pas toujours aussi bien reliés. On fait donc à pied, en bus ou à vélo. Ensuite parce qu’il y a moins d’endroits stylés qui ouvrent toutes les semaines. Du coup, on se retrouve vite à squatter le même QG. Enfin, certaines communautés religieuses ou ethniques forment des mini-bulles dans la ville parce que concentrées en une zone géographique, ce qui entraîne un fort sentiment d’appartenance.
3) Hors Manhattan, on a plus d’espace.
Le New Yorkais qui habite les autres boroughs ne vit pas forcément dans un placard. Il a un placard dans lequel il peut mettre ses habits et sa chambre est une réelle pièce.
Attention, cette remarque n’est plus vrai pour les quartiers ultra gentrifiés de Brooklyn où les prix de l’immobilier ont fini par dépasser ceux de Manhattan !
4) Hors Manhattan, on a un plus grand pouvoir d’achat
Le loyer est moins cher mais c’est aussi le cas de tous les commerces. La café est bien moins cher, le magasin d’alimentation presqu’abordable. On peut se régaler dans un bon resto, sans pleurer en payant.
Attention, cette remarque n’est plus vrai pour les quartiers ultra gentrifiés de Brooklyn avec des prix désormais équivalant à ceux de Manhattan !
5) Hors Manhattan, les distances ne font pas si peur
Ceux qui n’habitent pas Manhattan ne redoutent pas de passer une heure pour un trajet dans le métro new yorkais. C’est leur quotidien. Certains doivent même prendre un bus qui les amène au métro. Du coup, ils détestent quand les « Manhattanites » se plaignent que Williamsburg (Brooklyn) est loin, ou Long Island City (Queens). Purement psychologique puisque les quartiers proches de Manhattan ne sont moins loin de Midtown que le nord de l’Upper East Side. Mais rien à faire : s’il y a un fleuve à traverser, c’est l’autre bout du monde.
6) Hors Manhattan, on est plus ouvert sur le monde
Manhattan est unique en son genre et autocentré. C’est un microcosme avec un géant nombril qui se plaît à faire croire que le reste du monde est loin et insignifiant. Le monde vient à Manhattan plus que Manhattan s’ouvre au monde. Hors Manhattan, la diversité ethnique, culturelle et religieuse frappent. La plupart des immigrés vivent dans les autres boroughs, Queens étant le meilleur exemple.
Quand on est loin de Manhattan, on rentre aussi souvent plus tôt chez soi car on ne ressort pas boire un verre dans l’East Village. Du coup, on prend la peine d’appeler (ou Skyper ou Facetimer…) ses amis qui habitent dans une autre ville américaine ou un autre pays. On est finalement plus en contact avec ses amis non New Yorkais.
Manhattan a la particularité d’être organisé en Avenues et Streets numérotés (sauf en dessous de Houston Street), ce qui rend l’orientation extrêmement simple. Mais dès que l’on s’éloigne, misère… moins de stations de métro, des noms de rue que l’on ne retient pas, des avenues en diagonale. Bref, on se perd hyper facilement. Inutile de compter aussi sur les taxis qui ne connaissent rien (même si c’est leur métier). Une seule solution : avoir un smartphone et évoluer en permanence dans le ville avec Google Maps ! Et c’est le jour où Google Maps fait une erreur et vous envoie dans la mauvaise direction que vous prenez conscience de votre dépendance à l’outil.
Autre grand ami, le site internet de la MTA avec les alertes et les informations sur les changements de service et perturbations. Pour ne pas avoir de mauvaises surprises !
8) Hors Manhattan, la « FOMO » est une vraie épidémie
A New York, beaucoup souffrent de cette étrange maladie : F.O.M.O (Fear Of Missing Out), c’est-à-dire la peur de manquer quelque chose. La ville qui ne dort jamais a tellement à offrir qu’il est, à l’heure d’internet et des réseaux sociaux, difficile de ne pas se rendre compte de tout ce que l’on manque. Particulière connectés et au courant des dernières tendances, le New Yorkais a peine à ralentir son rythme. Il veut tout avoir, tout faire, il veut le beurre et l’argent du beurre. Ceux qui n’habitent pas à Manhattan passent plus de temps dans les transports et moins à Manhattan. Ils manquent forcément plus de choses que les autres et ont parfois la sensation de ne pas être au cœur de ce qui se passe.
Attention, cette remarque n’est plus vrai pour les quartiers ultra gentrifiés de Brooklyn qui comptent autant d’animation que Manhattan !
9) Hors Manhattan, on ne sort pas avec les mêmes amis
Celui qui déménage et quitte l’île de Manhattan le remarquera assez vite : les amis de Manhattan ont tendance à disparaître. En s’éloignant géographiquement d’eux, on s’éloigne d’eux tout court. Ils seront moins enclins à sortir hors Manhattan. Ils ne prévoient rien à l’avance, ce qui est devenu difficile quand on loge dans un autre borough.
On aura quand même intérêt à rester super ami avec quelqu’un à Manhattan qui nous prêtera son canapé lors de sorties très arrosées qui finissent au bout de la nuit. Le New York est utilitariste, dans ses relations amoureuses et amicales.
10) Hors Manhattan, on est finalement cool
C’est un peu la revanche de ceux qui ne peuvent pas se payer Manhattan : être dans un autre borough est finalement devenu cool. Certains quartiers coupe-gorge et excentrés ne font bien sûr pas envie. Mais en 2015 ne vaut-il pas mieux habiter SoBro, LIC ou BoCoCa ? Manhattan a perdu de sa superbe et ses prix exorbitants ainsi que le nombre de touristes n’y sont pas pour rien. Le phénomène des hipsters a entraîné une gentrification de quartiers anciennement ghetto en petits paradis cool. Loin du stress, du bruit et de la prétention de Manhattan, n’est-on pas mieux ?