Guy Gouëzel, Potosi, les brûlures de l'argent, 2012.Un livre avec un titre pareil ne pouvait pas manquer de finir entre mes mains, ne serait-ce que par curiosité, pour savoir ce qu'il renferme, quel est l'angle d'attaque du sujet et quelle vision de la réalité historique nous offre l'auteur. J'ai interrompu mes recherches sur les mines boliviennes, mais elles continuent de me hanter, de me poursuivre. Si bien que quand un ami me raconte qu'il a mis les pieds à Llallagua et Siglo XX, je ne peux m'empêcher d'y retourner en pensée. Alors, Potosi, même entre les pages d'un livre, c'est un voyage que je ne peux que faire. Je me suis donc embarquée dans cette histoire, celle d'un artiste dessinateur napolitain un peu sauvage, surtout surdoué et à la marge du reste de ses congénères. Inquiété par l'Inquisition, il part rejoindre son demi-frère à Séville. Celui-ci est en train de se lancer dans le commerce maritime à travers la création d'une compagnie qui lui permette de transporter l'horrible mercure destiné à fabriquer l'amalgame pour extraire l'argent des mines américaines. Les deux frères se retrouvent donc au Nouveau Monde et finissent par atterrir à Potosi, au pied du Cerro Rico, la montagne dévoreuse d'hommes. Un roman fleuve sur fond d'art italien et d'obscurantisme religieux, dans lequel ne manque pas de se mêler une histoire d'amour entre l'artiste et sa servante indienne. Le coup classique dans un livre de ce genre. Je me suis dit, non, il ne va pas faire ça, ce n'est pas essentiel ! Eh bien si, il l'a fait. Admettons. L'auteur traite de beaucoup de sujets, de lieux traversés par son héros, sans jamais vraiment approfondir l'un d'entre eux. On le regrette parfois. On frise aussi à plusieurs reprises la manipulation dangereuse et réductrice de clichés. Un mot en quechua et le tour est joué, ça fera couleur locale : c'est un peu l'impression que l'auteur nous donne parfois. En tout cas, cela m'a donné envie de me replonger dans mes recherches et d'aller un peu fouiller dans les relations entre les pratiques religieuses indigènes dans les mines coloniales en Bolivie et la présence du Saint Office dans la région. Un sujet de thèse, me direz-vous...