Slumdog millionaire

Publié le 17 mai 2015 par Cinephileamateur

"L’argent et les femmes : les deux raisons pour lesquelles ont fait le plus d’erreurs dans la vie."
Cet avis à été écrit lors de la sortie en salles du film. Je le reposte aujourd'hui car j'ai revu le film récemment et mon avis à son sujet n'a pas changé.
J'ai beau être en général assez admiratif du travail de Danny Boyle, je dois reconnaître que ce "Slumdog millionnaire" ne m'attirait pas tant que ça au départ et ce n'est pas qu'une question de rapidité. Le projet avait l'air sympa mais bon, je n’étais pas emballé. Puis au final, à force d'en entendre de bons échos, c'est fraîchement récompensé de quatre Golden Globes que j'ai fait appel à mon meilleur ami Vincent et que j'ai finalement été le voir. Je m'attendais à un film pas très captivant mais divertissant tout de même.
Premier palier, le scénario. Une vraie claque. Alors que je pensais m’ennuyer, j'ai vraiment été tenu en haleine de bout en bout par ce scénario écrit par Simon Beaufoy d'après l’œuvre de Vikas Swarup qui est à la fois drôle et très émouvant. Utilisant comme prétexte (très efficace), les questions du jeu "Qui veut gagner des millions ?", le film retrace la vie d'un jeune indien qui n’a pas été gâté par la vie. Bien au contraire, on peut affirmer qu'il a vécu les pires atrocités et même du côté de son frère qui est rapidement devenu sa seule famille, il n'as pas souvent trouvé le soutien que cette bonne bouille pouvait espérer avoir.
C'est d'ailleurs ça qui est super dur à encaisser. Le fait que ce jeune garçon ne possède pas la moindre once de méchanceté et de voir, impuissant, comment on profite de sa gentillesse et comment à chaque fois il pardonne. On sympathise rapidement avec lui d'ailleurs et on ne peut qu'être ébahi par le courage qu'il possède pour son âge face à des situations où bien d'autres aurait déjà baissé les bras. Suivant le fil des questions du jeu, on peut trouver que le scénario se base sur quelques facilités mais on les lui pardonnera assez facilement tellement l'histoire nous passionne et nous offre une leçon de vie.
Une leçon de vie mais aussi une très belle leçon d'amour car un autre fil rouge traverse le film autre que le fameux jeu en lui-même, celle de l'amour du jeune Jamal prêt à tout pour la belle Latika qu'il aime avec tendresse mais aussi un respect énorme qui se ressens tout le long du film. Cette romance, loin d'être bateau, permettra aussi de pouvoir en apprendre un peu plus sur le personnage principal qui va se voir trouver une force psychologique assez impressionnante quand sa dulcinée est en danger (il s'impose plus pour elle quand elle est en danger que pour lui-même).
Le scénario dresse aussi un tableau sur une Inde pauvre extérieurement, mais très riche intérieurement. Tout en mettant en avant la culture indienne et la vie qu'il peut régner dans ce pays, le film dénonce aussi une certaine hypocrisie du monde extérieure surtout lors de la scène au Taj Mahal ou celle de la construction du centre d'affaires, où on peut voir que les autres pays ne voit de l'Inde que ce qu'ils ont envie de voir tout en gardant un ton moralisateur comme si ils cherchaient à se dédouanait ("Tiens, je vais te montrer moi ce que c'est que l'Amérique" :O ). Avec un très bon dosage scénaristique, c'est du 50-50 et chaque élément s'avère être important et traité de manière très juste.
Deuxième palier, le casting. Ne connaissant que de noms la série "Skins", je ne savais pas du tout à quoi m'attendre avec ce casting composé principalement pour moi que de parfaits inconnus. Mais le film est fait et impossible de prendre le switch pour changer la distribution. Et bien ce n’est pas plus mal finalement car le fait pour ma part de ne pas connaitre ses acteurs m'as permis de pouvoir me sentir proche d'eux. Chaque acteurs est au service du film, chacun donnant le meilleur de soit même pour cette histoire passionnante mais aussi pour faire évoluer les personnages de la meilleure des façons qui soit.
Du côté de notre héros Jamal Malik, les jeunes Ayush Mahesh Khedekar et Tanay Hemant Chheda sont touchant. Bien que j'ai du mal à prononcer leurs prénoms, j'espère que je pourrais les revoir un de ces jours dans un autre film car je les ai vraiment trouvé convaincant. Quant à Dev Patel, j'étais un peu sceptique avec lui au début mais il a su faire évoluer son rôle de la meilleure façon qu'il soit. D'abord fragile, il se montre de plus en plus touchant et sûr de lui au fil des minutes qui s'écoulent. Parfait dans son rôle, j'ai vraiment bien aimé sa prestation et la naïveté qu'il dégage lorsqu'il est sur le plateau de télévision.
Azharuddin Mohammed Ismail et Ashutosh Lobo Gajiwala sont eux aussi très bons dans les rôles du méchant frère orgueilleux, profiteur et ambitieux. Les traits de la personnalité de Salim seront à leurs paroxysmes avec le jeu de Madhur Mittal qui apporte une finalité prévisible à son personnage même lors de sa dernière scène. Pour la belle Latika qui fait chavirer le cœur de Jamal, je n’ai pas trop été surpris par la prestation de Rubiana Ali et Tanvi Ganesh Lonkar même si leurs jeux reste correct mais c'est surtout encore une fois quand son personnage à l'âge de 18 ans que son personnage devient captivant. A cet âge, c'est la sublime Freida Pinto qui ébloui l'écran par sa beauté mais aussi par son jeu loin d'être anodin. Plus qu'une simple belle femme, l'actrice y joue une femme qui elle aussi n'as pas été gâté par la vie avec force et justesse.
Pour le reste de la distribution, les seconds rôles sont tous aussi bons les uns que les autres même si pour moi deux sortent un peu du lot. Irfan Khan dans son rôle d'inspecteur de police que j'ai bien aimé. C'est le seule acteur de cette distribution que j'avais déjà vu avant dans quelques films américains. J'aime beaucoup le charisme qu'il dégage mais aussi avec quel sobriété il va jouer son rôle. Avec son interprétation, c'est aussi le personnage dont je me sens le plus proche car tout comme lui, au fur et à mesure j'ai découvert l'histoire de Jamal et tout comme nous Irfan Khan est surtout un spectateur qui va d'abord douté avant d'être au final touché par cette histoire. La palme revient tout de même à Anil Kapoor dans le rôle du présentateur vedette. L'acteur dégage un petit quelque chose qui captive malgré son côté prétentieux et irrespectueux mais plus que tout, sa façon de jouer est si bonne qu'on a vraiment l'impression qu'il est le vrai présentateur de "Qui veut gagner des millions ?" version indienne.
Troisième palier, la réalisation. Bien que mis en avant comme étant un film de Danny Boyle (on y retrouve d'ailleurs sa patte ;-) ), le film a également été coréalisé par Loveleen Tandan. A eux deux, ils ont en tout cas réussi à faire un film d'une véritable richesse visuelle. Fourmillant de plans tous aussi bien filmé les uns que les autres, on se retrouve plongé au cœur d'une Inde vivante qui ne cesse de se construire mais aussi de se détruire. Les décors sont magnifiquement bien exploités en alternant plan de cartes postales et plans d'une tristesse incroyable.
Toujours bien positionné, la caméra nous offre un point de vue intéressant qui nous plonge vraiment dans le vif du sujet comme si on avait grandi nous aussi avec Jamal et son frère. L'atmosphère y est très bonne et derrière une légèreté apparente, on sent que chaque scène a été travaillé avec beaucoup de sérieux sans jamais étouffé le film. Cerise sur le gâteau, la bande originale du film composée par A.R. Rahman est tout simplement sublime et colle à merveille avec le sujet pour finir en bonus en apothéose avec une scène dansante finale qui sans être forcément nécessaire à au moins le mérite de finir le film d'une autre façon que de manière classique à la limite du cliché.
Le très bon rythme du film associé à une mise en scène plus qu'efficace permet de ne jamais avoir de temps morts et de ne pas voir les minutes passé. Cela permet aussi d'apporter une certaine bouffé d'oxygène à ce film qui est très triste. Sans cette façon de filmer et cette très belle musique, le film aurait pu être plus dur à encaisser car malgré un happy end prévisible quand on voit l'affiche du film, dans l'ensemble c'est loin d'être rose.
Pour résumer, ça vaut peut-être pas des millions de roupies mais ce "Slumdog millionnaire" est tout simplement l'un de mes plus grands coup de cœur pour ce début d'année 2009 que je recommande très fortement. Je sais pas si l'avis du public vis à vis de ce film sera bon ou pas (même si apparemment d'après ce que j'ai lu pour le moment c'est bien parti ;-) ) mais on est vraiment en présence d'un vrai bon film de cinéma qui nous touche au plus profond de nous. Malgré sa légèreté une nouvelle fois, j'ai trouvé que c'était un film assez dur mais dont le final positif nous met du baume au cœur et nous donne envie de croire que la roue finie toujours par tournée du bon côté à un moment donné et qu'il n'est jamais trop tard pour savourer ces moments de bonheur. J'ai vraiment trouvé peu de défauts à ce film qui m'as vraiment surpris et que j'ai adoré de bout en bout au point de penser à déjà l'acheter en dvd et d'essayer de me procurer la bande originale du film (je me tâte encore pour la BO ^^ ). Ne vous fiez pas à l'affiche en tout cas et allez voir ce film qui mérite le déplacement en salles. Pour avoir vu la bande annonce du film en français je ne peux que recommander fortement la version originale (surtout pour la voix du présentateur) mais quoiqu'il en soit, "Slumdog millionnaire" est excellent. A, B, C ou D, vous vous êtes sans doute fait une petite idée sur le film en voyant l'affiche qui même si elle n'est pas très belle vous permet de rentrer un peu dans le film en vous faisant votre opinion mais si vous hésitez encore, sans prendre un joker je vous le recommande et c'est mon dernier mot :-) .