Mais ce qui me fait dire que cette chef irlandaise a du sang nippon qui coule dans les veines (ou a suivi de très bons cours) c’est que sa cuisine est une véritable ouverture sur la culture japonaise. Au menu… des mets préparés en fonction des saisons, des produits frais du marché, en fonction de la pêche aussi et surtout dans le respect de la tradition tout en y ajoutant une touche personnelle. Réservation indispensable, une douzaine de couverts pour ce petit restaurant où l’on est pas forcément bien assis et où l’on ressort tout parfumé de l’odeur de cuisson, mais à la dégustation on comprend tout de suite pourquoi le Sushi Street Café est dans tous les guides. Nous avons même été initiés au saké comme on participerait à une dégustation de vin. Mais finalement, pour mon mari comme pour moi, le ventre gargouille et les papilles frétillent à l’idée de retourner là-bas pour déguster d’autres plats, pourtant ce n’est pas ce que nous retiendrons de l’endroit. Ce qui nous a marqués c’est cette rencontre magique et cette impression, le temps d’un repas, d’être ailleurs, comme dans une bulle. Nous sommes arrivés les premiers ce samedi là et tout naturellement la discussion a commencé par une question qui a du lui être posée à chaque fois : comment se fait-il qu’une irlandaise cuisine japonais à Marseille ?Au final nous sommes repartis 3h plus tard sans avoir la réponse, parce que Tao a cette pudeur toute nippone qui fait qu’il est malaisé de parler de soi. Elle a enchaîné en nous demandant ce que nous faisions dans la vie et tout en préparant notre repas elle nous a fait entrer dans sa vie. Il ne m’est arrivé que très rarement dans ma courte vie de croiser des individus et de me dire « tiens celui-ci ferait un excellent personnage de roman ou de film ». Tao est de cette trempe : du charisme, de la bonté, une culture générale aussi ronde que variée, l’intérêt pour l’autre, l’envie de connaître les gens et surtout cette délicieuse façon de raconter de belles histoires. Nous avons parlé d’économie d’énergie, de la Grèce et de sa cuisine, de la chute de Smyrne, de livres, de l’histoire de la noix de muscade. De tout sauf du Japon et au moment de partir, après avoir terminé un excellent et copieux repas, nous avons eu ce petit pincement au cœur, cette sensation que nous venions de partager un moment de grâce et qu’il nous serait difficile de retrouver ailleurs, un jour… Sushi Street Café, 24 boulevard Notre-Dame, Marseille
04 91 54 17 90
Crédit Photo : Telerama Sortir