Pari audacieux mais risqué pour Philip Jordan qui reprend l'unique opéra d'Ernest Chausson, oeuvre singulière, difficile et longue(pour ne pas dire copieuse) . A la tête d'un orchestre important, il jongle avec les chromatismes délicats du compositeur, ses duos au bord du gouffre (comme celui en la bémol du premier acte) où s'illustrent Roberto Alagna (Lancelot vintage) et Sophie Koch (Genièvre à la voix enrobante mais fort mal habillée). Les costumes pourraient être de Rogert Hart . Ils sont épouvantables. Les décors dignes d'Ikea (le canapé heureusement égaré sur le champ de bataille brûle ).. Le pari est risqué (forcément) mais musicalement c'est réussi. Les choeurs sont puissants, wagnériens (Chausson peine à se remettre de l'influence du maître qu'il découvre à l'époque). Avec quelques différences : des retours qui ne sont pas leimotiv et des atmosphères à la Debussy. Les seconds rôles sont riches bien interprétés (Le Lyonnel de Stanislas de Barbeyrac- pur produit du club- ou le Allan de François Lis). Mais le pompon, c'est le duo entre le wagnérien Peter Sidhom (Merlin) et l'immense (dans tous les sens du terme Thomas Hampson(Arthus) où l'effet d'effacement et de distance , requis par la partition atteint des sommets de beauté et de délicatesse. On notera aussi le chant du laboureur (Cyrille Dubois) ample et lointain. On aimera aussi les choeurs puissants de l'oeuvre.
Roberto AlAgnA mériterait un quatrième A. Oeuvre peu jouée , le Roi Athus vaut le détour surtout pour la splendeur de ses accents encore romantiques mais le livret (Chausson l'a écrit lui même)comme la mise en scène cheap de Grahm Vick ( ce metteur en scène qui nous avait jadis gratifié d'un Peter Grimes exceptionnel) peinent à tenir en haleine le spectateur écrasé sous le poids des armures absentes.
Le Roi Arthus d'Ernest Chausson
Opéra Bastille, 2015
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble