"- Je sais que je ne suis pas plus intelligent que vous.
- Alors comment avez vous fait pour m'attraper ?
- Vous étiez désavantagé.
- Quels désavantages ?
- Vous êtes fou."
Lorsque j'ai commencé mon cycle Michael Mann, "Le Sixième Sens" était sans doute l'un des films du réalisateur que je n'avais pas encore vu et qu'il me tardait de découvrir. En effet, aimant beaucoup l'univers d'Hannibal Lecter, j'étais assez curieux de voir la vision que pouvait en avoir ce cinéaste bien avant qu'Anthony Hopkins prenne possession du personnage et c'est ainsi que je me suis mis à le découvrir en dvd.
Et je n'ai pas été déçu. J'ai bien aimé ce scénario écrit par Michael Mann d'après l’œuvre de Thomas Harris. Je comprends même assez facilement pourquoi ce long métrage possède une si grande aura dans la mythologie du célèbre serial Killer. De mon côté, je dois reconnaitre que je l'ai sans doute découvert trop tard. Après avoir vu les trois films avec Anthony Hopkins ainsi que celui avec Gaspard Ulliel tout en ayant suivi un peu la série avec Mads Mikkelsen, j'ai l'impression de venir après la guerre.
L'histoire est toujours passionnante et son traitement m'a beaucoup plu surtout qu’Hannibal est loin d'être le personnage central du film mais je n'ai pas vraiment eu la grande surprise que j’espérais. C'est assez frustrant de se dire que le fait de l'avoir vu en dernier joue sans doute beaucoup sur mon ressenti inconsciemment mais après, je reconnais aussi que c'est un très grand film dont le récit réussit néanmoins à me prendre avec lui de bout en bout malgré des longueurs et des lenteurs comme on peut en trouver dans le cinéma de Michael Mann. Très psychologique, j'ai toujours un faible pour ce genre d'histoire qui nous plonge dans les pensées d'un tueur en série, ça doit être mon côté psychopathe qui ressort.
Heureusement, le casting fait le boulot. William Petersen est ainsi excellent en Will Graham. Sa façon d'incarner son personnage fait un peu daté, on sent les années 80 mais l'acteur n'en demeure pas moins charismatique est réussi brillamment à porter ce film sur ses épaules. Je pensais que Brian Cox en Docteur Hannibal Lecktor serait un peu plus présent, j'attendais pas mal de leur confrontation mais force est de constater que celui-ci est très en retrait dans cette intrigue. Cela n'empêche pas son personnage d'être toujours aussi captivant, d'avoir son importance et de constater que Brian Cox l'incarne très bien même si encore une fois, mon ordre de visionnage joue sans doute et j'ai toujours un faible pour Anthony Hopkins qui a su donner ses lettres de noblesses à ce rôle.
Si Hannibal Lecktor est un peu plus en retrait, c'est parce que Tom Noonan est plus mis en avant dans la peau de Francis Dolarhyde. Ce dernier arrive réellement un peu tardivement dans l'histoire mais il fait un adversaire redoutable pour Will Graham. J'ai trouvé que le comédien jouait très bien la folie de son personnage. Il est assez intéressant de le voir évoluer surtout que l'acteur sait se montrer angoissant et terrifiant lorsque cela est nécessaire tout en montrant certaine fêlures dans sa psychologie comme lors de son duo avec Reba McClane, très bien joué par Joan Allen.
Dans le reste de la distribution, chaque acteur reste à sa place et m'a convaincu. Personne ne fait véritablement de fausses notes à mon sens. C'est ainsi que j'ai bien aimé retrouver Dennis Farina en Jack Crawford. Là encore, ce n'est pas le Jack Crawford que je préfère mais le comédien est quand même bien en place. Si Stephen Lang en Freddy Lounds est un peu agaçant avec son personnage de façon volontaire (et un brin caricatural sur la vision de la presse), je regrette en revanche que Kim Greist en Molly Graham soit un peu transparente. Je n’ai pas toujours trouvé son personnage utile, bien au contraire, je trouve qu'elle ralentit considérablement l'intrigue au même titre que David Seaman en Kevin Graham. Je comprends l'utilité de la famille pour le drame de cette histoire mais c'est traité de façon un peu trop lourde à mon avis.
Sinon, je vais faire dans l'originalité mais Michael Mann m'a une nouvelle fois offert une sublime réalisation. Très ancré dans son époque, j'ai beaucoup aimé les différents cadres du cinéaste ainsi que son utilisation des travellings optiques et des zooms. La réalisation de ce film possède un lyrisme qui est assez envoutant avec une exploitation de la lumière ainsi que des jeux d'ombres qui rendent l'ensemble encore plus fort dans son style visuel. Après, le montage qui prends son temps fait que l'ensemble peut paraître ennuyeux mais pour moi qui est quand même réussit à adhérer, j'ai beaucoup aimé.
J'ai bien aimé également les différents décors. Tout comme le visuel, ils font très années 80 mais leurs utilisations dans cette mise en scène m'a permis de bien me plonger dans ce polar noir dont l'ambiance joue beaucoup avec la psychologie des personnages. J'aurais aimé qu'on joue un peu plus sur le lien qui unit Will Graham avec les tueurs qu'ils pourchassent mais c'est assez bien mis en avant à l'écran quand même. Quant à la bande originale composée par Michel Rubini, j'ai bien aimé aussi. Certains thèmes n'aident pas à donner du rythme au film mais ils jouent bien avec l'ambiance malgré tout tandis que d'autres, très années 80 eux aussi, m'ont plu à l'écoute comme le titre de fin "Heartbeat" interprété par Red 7 que j'avoue avoir réécouter ensuite plusieurs fois après mon visionnage ne serait-ce que pour me replonger dans cet univers.
Pour résumer, j'avais peut-être mis la barre un peu haute dans mes attentes concernant "Le Sixième Sens" qui m'a frustré sur certains points, la faute principalement au fait que j'avais déjà pu voir de nombreuses choses sur ce sujet que ce soit au cinéma ou à la télévision. Néanmoins, je comprends aisément l'aura que ce long métrage possède car il n'en reste pas moins excellent et je suis sûr que je le savourerais même davantage lors de mes prochains visionnages maintenant que je sais à quoi m'attendre. Le sujet me botte toujours en tout cas tout comme la mise en scène de Michael Mann et c'est un film que je ne regrette pas d'avoir enfin vu surtout qu'il me redonne envie de me refaire un micro cycle Hannibal Lecter. Un film à voir.
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