Le grand rouge – Wouzit

Par Belzaran


Titre : Le grand rouge
Scénariste : Wouzit
Dessinateur : Wouzit
Parution : Mars 2011


Créé en 2009, le site web Manolosanctis avait donné plein d’espoirs aux dessinateurs de BD amateurs, heureux de trouver une plateforme de publication en ligne d’une rare efficacité. Mais surtout, Manolosanctis s’est mué l’espace de quelques temps en éditeur, ce qui causa sa perte. L’éditeur ferma, le site web avec. Si tous les livres de l’éditeur ne sont pas mémorables, force est de constater que quelques auteurs atypiques avaient été révélés par l’éphémère maison d’édition, que ce soit par des albums personnels ou collectifs. Parmi eux, Wouzit, qui publia « Le grand mort » chez Manolosanctis, un one-shot de 120 pages.

Tout commence alors qu’Ivan échoue sur une île qui se révèle des plus étranges. Il va alors tenter de survivre dans cet environnement peu hospitalier, tel un Robinson. Le livre nous dévoile alors comme ce petit malfrat s’est retrouvé dans cette situation, capturé et condamné pour avec son compagnon William.

Construite sous forme de chapitres comme autant de flashbacks, la narration saute donc d’un univers à l’autre. D’un côté, Ivan est perdu seul sur une île et on essaie de comprendre ce qu’est cette île. De l’autre, Ivan fuit et on se demande s’il va s’en sortir, présageant que cette histoire passée expliquera l’histoire future. Cette narration montre sa pertinence en ménageant le suspense. Car Wouzit prend son temps et les révélations qu’attend le lecteur seront bien tardives.

Une narration et un rythme parfaitement maîtrisés.

Sans être forcément des plus impressionnants, le scénario est donc parfaitement servi par un procédé de flashbacks bien mené. Le rythme fait ici toute la différence. Surtout que les parties sur l’île sont souvent muettes, contrairement aux parties en ville. C’est d’ailleurs une des forces de l’ouvrage : Wouzit parvient à raconter les choses en muet. Il n’use quasiment jamais des onomatopées, si bien que les scènes d’action sont très silencieuses !

Au niveau du dessin, le style de Wouzit est particulier et assez simple. On oscille entre un dessin qui se veut moderne et une ligne claire plus classique. Malgré tout, les cases sont fouillées et sa construction de l’île force le respect par sa créativité. Cette île nous paraît terriblement étrange alors qu’elle n’est pas finalement si éloignée de nos codes. L’utilisation des couleurs en aplats simples renforce l’aspect ligne claire, même si le travail est vraiment abouti. La colorisation, simple au premier abord, est très réussie, donnant des ambiances avec beaucoup de subtilité, que ce soit pour les scènes sur l’île ou les scènes de nuit.

C’est un livre des plus sympathiques qui nous est donc proposé. Sans être transcendant au niveau du dessin ou du scénario, toute la réalisation permet à l’ouvrage de passer un cap. La narration et le rythme sont bien menés, le style de dessin et les choix de couleurs sont pertinents. Du beau travail.

Note : 14/20