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[critique] la Tête haute : ouverture à Cannes

Par Vance @Great_Wenceslas
[critique] la Tête haute : ouverture à Cannes

Le nouveau film d'Emmanuelle Bercot La Tête Haute est un drame social émouvant et interprété par un casting très juste, mais qui pourra crisper par quelques maladresses, dont l'utilisation de nombreuses facilités scénaristiques et un manque évident de subtilité.

Cette année, le film choisit pour ouvrir le 68ème Festival de Cannes n'est pas un divertissement populaire d'envergure internationale avec ses stars inondant le fameux premier tapis rouge pour la traditionnelle montée des marches, mais un " petit " drame social français réalisée par la très en vogue Emmanuelle Bercot. Une idée de mise en avant fort appréciable, surtout après la déconvenue de Grace De Monaco l'année passée. Au moins pour cette nouvelle édition, le festival démarre par un long-métrage " coup de poing " qui ne laissera pas indifférent. Vous pouvez d'ailleurs d'ores et déjà vous faire votre propre avis étant donné que le film est à l'affiche depuis mercredi.

[critique] la Tête haute : ouverture à Cannes

Emmanuelle Bercot n'en est pas à son coup d'essai, s'étant principalement faite remarquée en 2011 avec Polisse dont elle avait signé le scénario et qui partage évidemment de nombreux points communs avec son nouveau long-métrage La Tête Haute. Film difficilement maîtrisé, comme si la rage et le manque de discipline de son héros adolescent déteignaient par instants sur la réalisatrice elle-même, La Tête Haute est une chronique sociale douloureuse confrontant une justice de plus en plus impuissante mais toujours persévérante face à une jeunesse perdue, désespérée et de fait incontrôlable et irraisonnée. On y suit le parcours éducatif - de six à dix-huit ans - du jeune et déboussolé Malony, trimballé de foyer d'accueil en prison pour délinquants, épaulé par son éducateur et la juge qui suit son dossier depuis son enfance.

Si le propos est suffisamment fort et le récit de Malony extrêmement poignant, l'on pourra en revanche remettre en question les nombreuses facilités scénaristiques qui ont tendance à agacer. En effet, certains " rebondissements " semblent complètement factices, au point de parfois agacer. La fin, à ce propos, est à la fois logique et ratée dans sa représentation. Le film s'avère néanmoins très émouvant, notamment parce que la réalisatrice parvient à nous faire comprendre pendant deux heures paraissant -volontairement - interminables et grâce à une mise en scène quelques fois inspirée (comme par exemple la répétitivité des scènes se déroulant chez la juge) ce que Malony endure. Dès lors, et malgré l'envie de secouer tout ce petit monde, l'on admet volontiers qu'Emmanuelle Bercot réussit à provoquer chez les spectateurs un minimum d'empathie pour cet adolescent ne parvenant pas à trouver sa place. On aurait envie de reprocher à Emmanuelle Bercot de ne pas avoir développé d'avantage l'entourage de Malony (tout ce qui concerne le passé de l'éducateur ou bien encore le rapport avec la mère, le petit frère ou ses " compagnons " de foyers), mais cela se serait fait au détriment du parcours " intérieur " de l'adolescent. Et l'on se dit que la réalisatrice a pris la bonne décision. Cela se remarque surtout avec le personnage de la juge, interprétée par une Catherine Deneuve constamment filmée assise derrière son bureau. Elle fait " partie des meubles " pour Malony, qui l'a toujours vue depuis ces 6 ans à ce poste. La fin n'en sera que plus importante et touchante.

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Evidemment, le principal attrait du film vient de son casting. Rod Paradot, ancien étudiant de CAP et déniché lors d'un casting sauvage, est une révélation. Bluffant. Benoît Magimel est parfait, cela faisait longtemps que l'on ne l'avait pas vu aussi bon. Sara Forestier a peut-être un peu tendance à surjouer, mais il faut avouer qu'elle n'est pas spécialement aidée par un rôle à la limite de la caricature.

[critique] la Tête haute : ouverture à Cannes

Parfois crispant mais surtout souvent poignant, La Tête Haute est donc un film très recommandable malgré un manque évident de subtilité.

[critique] la Tête haute : ouverture à Cannes

La Tête Haute

35 mm / 120 minutes

Le parcours éducatif de Malony, de six à dix-huit ans, qu'une juge des enfants et un éducateur tentent inlassablement de sauver.


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