Bruno Questel s'oppose aujourd'hui à Marc-Antoine Jamet. (photo d'archives)
Le journal « Le Monde » sort un article sur la désaffection et les déceptions des militants et des adhérents du Parti socialiste. Une enquête à la louche a été conduite dans quelques fédérations au sein desquelles des voix s’élèvent contre la politique du gouvernement, d’une part, et contre le fonctionnement clanique de certaines fédérations ou sections d’autre part. La direction du PS s’attend, indique le journaliste du quotidien, à ce que 80 000 membres (seulement) du PS participent au vote des motions en vue du congrès de Poitiers c’est-à-dire une participation faible eu égard aux 180 000 adhérents de 2012 dont nombre d’entre eux ont déserté en silence ou claqué la porte plus bruyamment.Ce n’est ni dramatique ni nouveau avec un parti au pouvoir suscitant forcément le mécontentement. C’est la logique de l’histoire. Le PS n’est jamais aussi fort que quand il est dans l’opposition. C’est tellement vrai qu’il ne s’est jamais si bien porté avec un Sarkozy dirigeant la politique française avec ses excès, ses échecs, ses erreurs. Les défaites successives par la gauche socialiste des municipales, des européennes, des départementales (quid des régionales ?) a laissé sur le carreau des centaines d’élus et des milliers de collaborateurs du PS. C’est avant tout cette défaite répétée qui porte tort au président de la République même s’il n’est évidemment pas le seul responsable. Être au gouvernement (surtout quand on fait le contraire de ce qu’on a promis) c’est dur, difficile, délicat. C’est bien pourquoi les reproches adressés aux responsables fédéraux en général et en particulier dans l’Eure sont injustes. Il s’agit de prétextes à règlements de comptes personnels n’ayant rien à voir avec l’action véritablement conduite dans un contexte global régressif pour la gauche. La preuve ? Les mauvais résultats du PS en Seine-Maritime pourtant réputé département forteresse des socialistes.
Faire le contraire de ce qu’on a dit est un phénomène courant en politique. Prenez M. Farage, en Grande-Bretagne, il avait promis de démissionner de ses responsabilités au sein de l’UKIP s’il perdait la législative. Il a perdu mais a repris sa parole au grand dam des militants. Il est vrai qu’en Grande-Bretagne, le scrutin majoritaire à un tour et par circonscription, ne favorise pas l’expression des courants ou des idées. On peut être élu avec 25 % des suffrages, il suffit d’être en tête. Netanyahou a fait la même chose en Israël : « jamais de traité de paix avec les Palestiniens » déclare-t-il la veille du vote pour attirer les suffrages ! Une fois élu, il corrige son propos et assure qu’on l’a mal compris.
Revenons au PS. Pourquoi adhère-t-on à un parti de gauche ? Pour soutenir un combat d’idées, accompagner une politique gouvernementale ou manifester une opposition à des politiques conduites par la droite ou à des projets dangereux pour la cohésion de la société comme ceux du FN. Mais quand les hommes et les femmes que vous avez contribué à faire élire ne vous satisfont pas, que reste-t-il ? Une lassitude et un découragement pour certains, les plus nombreux, la volonté de sortir de la morosité, pour d’autres. En dehors des politiciens qui vivent de la politique, il faut en effet bien du courage et bien de la vertu pour continuer à militer, à s’engager, à défendre des valeurs chaque jour un peu plus mises à mal. Ernest Martin affirmait qu’il est très difficile d’être de gauche parce qu’il s’agit de lutter contre les pentes naturelles : l’abandon, la jalousie, la lâcheté, le rejet. Il s’agit d’une construction intellectuelle, d'une éducation fondée sur la raison. Il y faut du temps et pas seulement un taux de croissance ou un PIB. Mais cela peut donner un sens à la vie.