Un simple comprimé de vitamine pour réduire le risque de cancers de la peau non-mélanomique, c’est l’une des grandes avancées révélées lors de Réunion annuelle de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) 2015. Des données précieuses pour tous les patients à risque élevé, en particulier les personnes immunodéprimées.
« Avec cette étude, c’est la révélation d’un moyen simple et peu coûteux d’éviter les diagnostics à répétition des cancers de la peau les plus courants : juste un comprimé quotidien de vitamine en plus des mesures de protection habituelles contre les UV permet de réduire le risque de cancer de la peau chez les personnes à risque élevé « , résume le Président de l’ASCO, le Dr Peter Paul Yu. Des résultats primordiaux pour la santé publique, alors que malgré les campagnes de prévention à l’exposition solaire, l’incidence du cancer de la peau continue d’augmenter dans le monde entier. En Australie, terrain de l’étude, une personne sur deux recevra un diagnostic de cancer de la peau non-mélanomique au cours de sa vie.
Il s’agit d’une cohorte australienne, ONTRAC, constituée de 386 patients, âgés en moyenne de 66 ans, qui avaient eu au moins 2 diagnostics de cancers de la peau au cours des 5 années précédentes, donc considérés comme à risque élevé, assignés soit à une supplémentation par nicotinamide prise quotidiennement, 2 fois par jour, soit à un placebo pendant 12 mois. L’analyse montre que la nicotinamide permet de réduire significativement l’incidence du cancer de la peau chez ces participants à risque élevé :
· Les taux de nouveaux diagnostics de cancer de la peau (carcinome basocellulaire et carcinome spinocellulaire) sont de 23% plus faibles dans le groupe nicotinamide vs placebo.
· Les nombres de kératoses actiniques –pouvant donner lieu à un cancer sont réduits de 11% à 3 mois et de 20% à 9 mois dans le groupe » nicotinamide « .
La vitamine est disponible, sécuritaire et abordable. Contrairement à l’acide nicotinique, une autre forme de vitamine B3, connue pour entraîner des effets secondaires, dont des maux de tête, des bouffées vasomotrices et une pression artérielle basse, la nicotinamide n’a pas été associé à des effets secondaires graves dans l’étude. L’auteur principal, le Dr Diona Damian, professeur de dermatologie à l’Université de Sydney espère que les données de son étude se traduiront rapidement en pratique clinique mais souligne que les patients à risque élevé de cancer de la peau auront toujours besoin de contrôles réguliers.
Explication : Alors que le rayonnement UV provoque le cancer de la peau par deux voies principales, la lésion de l’ADN et l’immunosuppression de la peau, la nicotinamide contribue à la réparation de l’ADN dans les cellules de la peau endommagées par le soleil et protège le système immunitaire de la peau contre les rayons UV. Les chercheurs suggèrent que la nicotinamide aide à reconstituer l’énergie cellulaire après l’exposition au soleil, apportant aux cellules le regain d’énergie dont elles ont besoin pour réparer les dommages à l’ADN et pour prévenir l’immunosuppression.
D’autres études sont prévues pour déterminer si la nicotinamide peut aider à réduire les cancers de la peau chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli, comme les receveurs de greffes d’organes qui doivent prendre des médicaments immunosuppresseurs à vie. Ces patients ont en effet un risque multiplié jusqu’à 50 de cancer de la peau. Enfin, ces nouvelles données illustrent les progrès encore possibles avec des traitements classiques.
Sources: ASCO
New Cancer Treatment and Prevention Studies Signal Major Advances for Children and Adults