Nous n'attendions pas La Forêt des Songes uniquement pour la présence du toujours fantastique Matthew McConaughey ou du charismatique Ken Watanabe, tous deux ici impeccables. On était surtout curieux de voir comment Gus Van Sant avait conçu son retour à une compétition cannoise 12 ans après le palmé Elephant alors même que sa filmographie ne cesse de tirailler entre la rêche recherche artistique et la noblesse du divertissement.
Durant les premières minutes, on pense assister à la rencontre heureuse entre ces deux rives chères au cinéaste lorsque le protagoniste part en une forêt japonaise mettre fin à ses jours en silence. On tique déjà sur la simpliste dichotomie entre l'occidental cartésien et son cousin japonais spirituel au passé nébuleux. Et nos espoirs s'effritent lorsqu'un flash-back révélateur signe le début d'une dramaturgie calculée et taillée pour faire efficacement pleurer son audience.
Peine perdue puisqu'à moins de s'intéresser très fort à ce couple aux malheurs quelque peu tirés par les cheveux, on s'ennuie vite devant une Forêt des Songes qui n'a rien d'autre à dérouler qu'une morne histoire de rédemption. On aurait préféré que Gus Van Sant plonge plus en avant dans son décor si mystérieux et puissant d'une forêt tristement réelle nommée Aokigahara.
La Forêt des Songes sort le 9 septembre 2015 au cinéma et fait partie de la sélection officielle cannoise.