Une des dernières parmi les grandes banques françaises à se lancer dans l'aventure du hackathon (enfin, presque), BNP Paribas choisit de faire les choses en grand, entre son partenariat avec l'Open Bank Project, sa couverture mondiale et ses ambitions, dépassant le seul développement d'applications habituel de ce genre de manifestation…
Le site web dédié à l'opération annonce fièrement qu'il ne s'agit pas là d'un hackathon comme les autres. Et, en effet, force est de reconnaître qu'il est exceptionnel par plusieurs aspects. Tout d'abord, il se déroulera simultanément dans 5 villes différentes, représentant autant de pays où le groupe bancaire a une présence significative : Paris (pour les racines), Bruxelles (pour BNP Paribas Fortis), Rome (pour BNL), Istanbul (pour TEB) et San Francisco (pour Bank of the West).
Deuxième originalité, l'événement ne s'adresse pas tant à des développeurs – même si la création de logiciel est au menu – qu'à des entrepreneurs, dont les solutions existantes pourraient être adaptées aux secteurs de la banque de détail, du crédit à la consommation ou encore de l'assurance, en vue d'en transformer l'expérience client. Plus précisément, les thèmes envisagés en priorité concernent la sécurité, la personnalisation, l'éducation financière et l'« omnicanalité » (ou le « click and mortar »).
Afin de rendre l'expérience plus productive pendant les deux jours du hackathon, BNP Paribas mettra à la disposition des participants un ensemble de ressources spécifiques – comprenant notamment des informations inédites sur les clients et une API de test (fournie par Open Bank Project, selon toute vraisemblance) – ainsi qu'un accompagnement rapproché, assuré par divers représentants de la banque, depuis des responsables marketing jusqu'à des architectes informatiques.
De plus, pour BNP Paribas, le hackathon n'est pas une fin en soi mais plutôt un commencement. À l'issue du week-end de développement (entre le 12 et le 14 juin), 10 équipes seront sélectionnées et se verront proposer de rejoindre une sorte de camp d'été, destiné à leur permettre de continuer à raffiner leur concept, jusqu'à en faire un produit viable. Les heureux élus bénéficieront d'un soutien financier (à hauteur de 2 500 euros par mois), de locaux d'accueil et d'un accès à un réseau étendu d'experts internes.
Enfin, à l'automne, les entrepreneurs retenus seront invités à Paris pour une journée de démonstration, face à, entre autres, un panel de dirigeants de BNP Paribas venus des 4 coins du monde pour les rencontrer. Au-delà, vers la fin de l'année, une nouvelle phase pourra alors commencer pour ceux qui auront convaincu leurs interlocuteurs, dans une logique plus classique d'incubation, toujours en collaboration avec la banque, peut-être par l'intermédiaire de ses « WAI » fraîchement inaugurés.
À travers cette présentation, il est parfaitement clair que BNP Paribas souhaite d'emblée faire plus avec son initiative qu'un simple événement sans lendemain et cette volonté est tout à fait louable. Il reste néanmoins quelques zones d'ombre dans son dispositif, susceptibles de modérer les ardeurs des candidats à l'aventure. Par exemple, rien n'est dit de la position de la banque vis-à-vis des APIs déployées pour le hackathon : les projets les exploitant finiront dans l'impasse sans engagement ferme sur leur pérennisation…