Théâtre Tristan Bernard64, rue du Rocher75008 ParisTel : 01 45 22 08 40Métro : Villiers / Saint-Lazare
Une comédie de Henry Lewis, Jonathan Sayer et Henry ShieldsTitre original : The play that goes wrongAdaptation de Gwen Aduh et Miren PradierMise en scène de Gwen AduhDécor de Michel MugnierCostumes d’Aurélie de CazanoveLumières de Claude CouffinMusique de Gabriel LevasseurAvec Aurélie de Cazanove (l’accessoiriste), Jean-Marie Lecoq (L’inspecteur Carter), Miren Pradier (Florence Colleymore), Nikko Dogz (Perkins, le majordome), Yann de Monterno (Thomas Colleymore), Michel Scotto di Carlo ou Henri Costa (Elmer Haversham), Gwen Aduh (Charles Haversham)
Présentation : Imaginez sept amateurs de roman noir anglais qui décident de créer un spectacle alors qu’ils ne sont jamais montés sur scène ! Ils ont choisi une pièce inédite, un véritable chef d’œuvre écrit par Conan Doyle lui-même, enfin c’est ce qu’ils prétendent !... L’action se situe à la fin du 19èmesiècle, dans un superbe manoir, lors d’une soirée de fiançailles, en plein cœur de l’Angleterre. Les festivités vont enfin commencer quand un meurtre est commis. Chacun des invités présents dans le château devient alors un dangereux suspect.
Mon avis : « Faux British », peut-être, mais beaux fortiches et vrais barjots ! En effet, les sept comédiens qui participent à cette pièce démontée réalisent sous nos yeux effarés un authentique tour de force.Personnellement, et c’est là ma seule réserve, je trouve que le titre français est trop évasif. Il eût sans doute été préférable et plus explicite de s’inspirer au plus près du titre original, « The play that goes wrong » (« La pièce qui barre en sucette »)… Mais c’est là l’unique point légèrement négatif que je soulève. Car pour ce qui est du reste, c'est-à-dire de ce qui nous est donné à voir, je ne puis que me montrer dithyrambique et enthousiaste. Et à tout point de vue.
Imaginez une troupe de théâtre composée d’amateurs (dans le sens péjoratif du terme) qui se lance le défi de créer devant nous un thriller qu’on croirait sorti tout droit d’un roman d’Agatha Christie. Ils se lancent dans leur mission avec un sérieux inaltérable, un aplomb déconcertant, et une volonté inébranlable. Leur envie et leur désir de bien faire sont absolument respectables, à part qu’ils sont tous de vrais bras cassés. Peu à peu la machine brinquebalante qu’ils ont réussie à monter à peu près, va se dérégler puis s’emballer, jusqu’à échapper inexorablement à tout contrôle.Pourtant, au départ, ils peuvent s’appuyer sur quelques atouts : un joli décor de manoir anglais, des beaux costumes et une enquête mystérieuse et complexe à souhait. Hélas, leur manque de rigueur et leur maladresse vont faire que tout va se retourner contre eux, y compris les objets ! Les effets spéciaux et les trucages qui se voulaient ambitieux foirent lamentablement, les situations qui en découlent sont affligeantes, les « cascades » sont ridicules… Et plus ça se dégrade, plus c’est nul, plus on rit.
Sincèrement, pour réussir à incarner d’aussi piètres comédiens, il faut un sacré talent. Et pour parvenir à donner l’impression de ne plus rien maîtriser alors que tout est réglé comme du papier à musique, là aussi ça tient de la performance. On imagine la somme de travail et les heures de répétitions qu’il a fallu pour atteindre un tel degré de perfection dans un tel numéro de funambulisme. Branquignols mâtinés de Monty Python, ce septuor nous emmène au septième ciel de la drôlerie la plus farfelue. Et ce, avec une efficacité rare.
Dire de cette pièce que c’est une catastrophe est un doux euphémisme. C’est un séisme héroï-comique doublé d’un tsunami de folie. On en sort groggy, soûlé de fous rires, les Faux British ont gagné par chaos.
Gilbert « Critikator » Jouin