Mad Max : Fury Road nous en a mis, hier à Cannes, plein les yeux. Notre avis.
Il est sur toutes les langues depuis plusieurs semaines. Le quatrième volet de la saga créée il y a plus de 30 ans par George Miller a été présenté hier, hors-compétition, au 68ème Festival de Cannes. On doit l’avouer, nous étions un peu sceptique au sujet de cet énième film post-apocalyptique. Mais voilà que la lumière tombe dans le Grand Auditorium du palais des Festivals. Il est 8h30, précisément, et les premières images sont projetées sur le gigantesque écran de la salle. La première scène se joue, monte en intensité, se coupe pour annoncer le titre, et soudain, les près de 2000 spectateurs de l’auditorium lancent une salve d’applaudissements, accompagnée par quelques cris d’exaltation. Le ton est donné, et le spectacle continue : les tons ocres et orangés imprègnent la salle, alors secouée par une bande-originale fracassante. L’atmosphère est lourde, pesante, angoissante. Tout est extrêmement laid dans cette nouvelle vision apocalyptique du réalisateur, et pourtant, cela nous fascine. Les cascades s’enchaînent. Les voitures, affreusement stylisées, s’entrechoquent. Ça sent la poussière, l’essence et la sueur.
C’est alors que nos craintes se dissipent. Car, que l’on apprécie le monde chaotique imaginé et parfaitement pensé par Miller ou qu’on le déteste, on se laisse finalement très facilement emporter par la puissance de l’image. Les textures, les couleurs, la matière visuelle nous émerveille. Mais c’est probablement le sens du rythme insufflé par George Miller qui participe le plus au succès de ce blockbuster qui n’ennuie jamais, et duquel on ne ressort pas assommé par les (pourtant très nombreuses) cascades et explosions. Ce rythme dynamique et furieux doit énormément au montage nerveux de Margaret Sixel, qui est aussi l’épouse du cinéaste, et qui travaillait pourtant pour la première fois sur un film d’action de cet ampleur.
Miller donne donc un nouveau souffle aux aventures de son héros, jadis campé par Mel Gibson, et cette fois endossé par l’étonnant et non moins doué Tom Hardy. A ses côtés, une escorte féminine, où l’on retrouve notamment la ravissante Charlize Theron, en guerrière hargneuse, chauve et survoltée. Plus surprenant pour un film « à testostérone », elle mène, aux côtés d’Hardy, une petite troupe de femmes à la révolte, vers le chemin de la liberté. S’il y a bien un qualificatif que l’on ne pensait ne jamais associer à ce nouvel opus de Mad Max, c’est « féministe ». Et pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, Mad Max est, cette fois, un film d’action qui donne sa place aux femmes et combat de leur côté. Une jolie réponse, qui plus est hollywoodienne, à tous ceux qui ont toujours accusé le cinéma, et en particulier dernièrement le Festival de Cannes, de bouder le sexe féminin.
Avec de gros a priori au départ, cette œuvre à adrénaline nous a finalement laissé stupéfaits, époustouflés. Le cœur à cent à l’heure, le front suintant et les mains greffées aux accoudoirs, on a frôlé à plusieurs reprises la crise d’hypoglycémie, hier matin, à Cannes. Adepte ou non de l’univers crasseux et glauque de George Miller, il faut reconnaître que l’on s’en prend tout de même plein les mirettes, que l’on adore ça et qu’on en redemanderais bien. Les blockbusters de cet acabit, autant réussis sur le papier qu’à l’écran, ne courent plus les salles depuis longtemps. Pourquoi continuer à hésiter ? Foncez donc.