Chronique « L’essai »
Scénario, dessin et couleur de Nicolas Debon,
Public conseillé : Adultes / Adolescents
Style : Thriller / Anticipation / Histoire
Paru aux éditions Dargaud, le 7 mai 2015, 88 pages couleurs, 16.45 euros
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L’Histoire
L’essai raconte la courte vie, six ans, d’une communauté anarchiste au début du XXe siècle.
Il n’y a pas ni crime ni violence dans cette histoire. Presque pas de mouvement non plus.
Il n’y a pas non plus d’ostracisme envers tel ou tel,:
Non, seulement un gars décidé, suivi d’autres gens, encouragés par des paysans intéressés par l’expérience.
L’essai, c’est aussi le nom de cette communauté.
Ce que j’en pense
Un scénario simple : un homme débarque du train Paris et s’installe dans les Ardennes en un lieu que les paysans locaux dédaignent. Il crée un îlot, une parenthèse, où les principes anarchistes seront mis en pratique. Cela fait penser au fonctionnement des kibboutz.
Peu de sentiments, pas d’anecdotes truculentes. Non, Nicolas Debon décrit avec gentillesse le développement humain de « l’essai » ainsi que la transformation du lieu.
Les ouvriers des villes voisines et les paysans des alentours sont solidaires.
Ici pas d’envie même de l’extérieur même quand ta production agricole est meilleure qu’ailleurs.
Les compagnons de route, intellectuels et militants, viennent en visite et rien sauf une scène de jalousie amoureuse rapidement maîtrisée, ne vient troubler ce paradis.
Pourtant, malgré ce parti pris peu crédible, idéaliste, on se sent bien tout au long de la lecture.
Même la fin n’est pas dramatique. Elle est comme une parenthèse qui se referme.
Je comparerai l’essai à certaines œuvres de Taniguchi, comme « L’orme du Caucase » ou « Le marcheur solitaire », véritables odes à la lenteur de la nature, au respect de l’humanité, non pas le groupe humain, mais le meilleur de nous-mêmes.
En fait le seul reproche que l’on aurait pu faire à l’essai, c’est l’approche rêvée de la chose.
Mais c’est aussi le thème de cette expérience humaine : faire vivre une utopie.
Alors, si on ne rêve pas, quel idéal nous reste-t-il pour ne pas désespérer ?
Et puis pourquoi ne pas être idéaliste dans le traitement de cette histoire ?
C’est le choix subjectif fait par Nicolas Debon et j’adhère.
Nicolas Debon avait brillamment réalisé « L’invention du vide ». On retrouve sa douceur, ce dessin si particulier. Dans cet album l’auteur nous présentait le monde de l’escalade sous un jour idéalisé. C’est tellement efficace que moi qui est le vertige, j’avais eu des velléités de me mettre à l’escalade. La réalité de ma phobie m’a ramené sur terre.
Le dessin
Le dessin de Nicolas Debon, par sa douceur et sa naïveté, renforce la forme particulière du scénario.
Les couleurs sont grises au début, en préface, puis brunes, jaunes, beiges comme les terres, comme les récoltes. Les cases sont très régulières et s’aventurent sur quelques panoramiques bien orchestrés tout comme les planches entières. C’est vraiment joli et calme.
Même la fin est tranquille.
Le dessin de Nicolas Debon est minimaliste : pas d’effets de manche ici.
Pour résumer
On a affaire à une très jolie BD, cohérente de dessins et de texte, basée sur une histoire vraie qui fait rêver les idéalistes de mon acabit. Grouillez-vous de l’acheter vous serez détendu et meilleur après.