S'il est un monument, à Lille, qui crée la stupéfaction, c'est bien le parc "ethnique", pour ne pas dire "zoologique", que l'on trouve au boulevard Jean-Baptiste Lebas.
Et l'on se perd en conjectures sur les raisons qui ont poussé Martine Aubry à autoriser la construction de cette redoutable forteresse d'acier en plein cœur de la cité nordique.
Le fait que cette œuvre monumentale ait été conçue par les artistes néerlandais du West 8 n'enlève rien à l'abnégation qu'il faut - aux Lillois comme à tous les visiteurs - pour supporter sans broncher un tel monstre, dans la vie de tous les jours, au milieu de la cité culturelle.
D'aucuns se rappelleront qu'une autre cité, Drancy, n'avait pas eu vocation à servir les basses oeuvres de la Geheime Stat Polizei durant la guerre de 1939-45, mais son pourtour en fer et barbelés fut pourtant bel et bien construit plus tard par les envahisseurs allemands.
Car s'il est une chose à craindre, aujourd'hui comme à toute époque, c'est la coercition brutale imposée à une population, juste après un changement de régime ou une invasion.
En ce sens, le parc du West Eight représente un terrible danger stratégique pour une population et son armée qu'un ennemi souhaiterait immobiliser rapidement...
Et que dire de la hauteur de ses grilles, des curieuses "mangeoires" qui ressortent en arrondi de ses grilles aux couleurs de sang ? Que dire de ses gigantesques portes, plus hautes que tout le reste, pour laisser passer des géants ?...
Sans compter sur le fait que cet enclos a été construit sur une place qui essentiellement servait de parking à des dizaines de milliers de Lillois et de touristes, chaque mois. A la fin de l'été, ce lieu servait même de fleuron pour l'historique Grande Braderie.
Entre histoire commerciale paisible et gâchis de l'espace public, au cœur de l'Europe, le choix a été rapidement fait.
Lisez ce document internet: Voici un article paru en l'an 2003. Disponible ici
Ce sont les renommés urbanistes hollandais de West 8 (concepteurs, notamment, de l’extension nord d’Amsterdam, Bornéo) associés à l’équipe roubaisienne Laloux-Lebecq, qui ont remporté le concours, sur références, pour le futur parc JB Lebas à Lille. Sur les 4 ha du site actuellement encombrés par 1 500 places de parking et 11 voies de circulation, Adriaan Geuze et son équipe ont dessiné un projet à la fois simple, sobre et futuriste dont la réalisation, imminente, va être le premier grand acte de la revégétalisation de la ville, objectif majeur de Martine Aubry. Entièrement clôturé par une grille haute de 4 m, le parc sera traversé, aux heures d’ouverture, par un bus en site propre, autre grande première opération du plan de déplacements urbains.
Le monument antiguerre Bittermark Mahnmal à Dortmund rappelle à quoi peut servir un "enclos"
Schouwburgplein
West 8 Urban Design & Landscape Architecture / projects / Schouwburgplein
http://www.west8.nl/projects/all/schouwburgplein/
Le West 8 fait pourtant des créations magnifiques partout sur la planète.